72.
STEPHANIE SAYS [The
Velvet Underground]
Tous
les garçons n'étaient pas des apprentis machos prêts à s'abattre
violemment sur la première petite innocente venue... Nous voulions
seulement passer de l'Autre Côté – on nous l'avait vanté mille
fois en des termes forts élogieux, et nous l'imaginions bien plus
mirifique encore...
Quelque
chose m'emmenait au porte de la déraison : c'est lorsque je voyais
Audrey et Everett s'éclipser discrètement lors de la deuxième
série de slows pour aller s'aimer à l'abri des magnifiques falaises
de Cliftonville. Ils nous laissaient minablement patauger au milieu
des I've been loving you too long et autre I'd
rather go blind, pendant qu'ils miaulaient des symphonies
inédites au nez écarlate de la lune. Il fallait les voir revenir
avec des millions d'étoiles minuscules au fond de leurs yeux
fiévreux. Un milliard de slows plus tard, j'en tremble encore un peu
! J'étais certain qu'Isidore avait déjà traversé le miroir mais,
à observer son regard envieux devant notre couple de débauchés, je
devinais trop facilement qu'il n'avait encore oser faire marcher
Emilie sur les bris de verre magiques...
Des
prénoms me reviennent comme des titres de chansons ou des boomerangs
sentimentaux.
Par
deux fois, je m'approchai de la psyché sacrée...
Carol
me gourmandait chaque fois que je m'entortillais les doigts autour
des délicates agrafes de son soutien gorge, mais finissait toujours
par m'aider à le retirer ! Las, elle ne me laissa goûter qu'au
nectar succulent de ses tous petits seins gonflés d'un désir encore
trop timide. J'aperçus l'Autre Côté au bout du tunnel, mais il
demeura inaccessible.
Avec
Stéphanie, l'affaire s'avéra plus complexe, musicale et rêveuse.
Elle pouvait dire n'importe quoi (et la bavarde ne s'en privait
guère), sa voix m'expédiait jouir au milieu des nuages (on aurait
dit la petite sœur de la sublime Catherine Mouchet – même si son
organe de sirène et sa grâce surnaturelle n'avaient pas encore
transpercé l'écran). Le jour où elle m'expliqua qu'elle me
quittait pour ce géant germanique, dont je n'ai jamais compris le
prénom, je ne pus m'empêcher de continuer à sourire benoîtement,
les oreilles en sang comme après ma première écoute de Sister
Ray, les yeux rivés à la fenêtre de l'Autre Côté et le cœur
baignant dans le reflet de la face cachée de la lune...
Nous
sommes bien d'accord, ce ne fut pas exactement le grand huit avec la
tête qui heurte le plafond du septième ciel ni la brouette
thaïlandaise sous le grand déluge passionnel, mais j'entendis le
bruit magique de la trotteuse qui commençait à s'accélérer.
Au
loin, le futur dessinait les plans d'une chambre d'amour. Ma belle
souriait dans son sommeil. Son souffle m'aspirait doucement à
travers les couloirs du temps. Les nues se retenait de pleurer. Un
parfum hurlait en se compliquant au jus des astres...
Je
ne savais pas que je la connaissais déjà.
Je
ne savais pas que je l'aimais depuis toujours.
Ce
ne fut pas exactement le grand huit ni la brouette thaïlandaise...
mais comment aurais-je pu deviner que l'avenir me destinait à une
mission d'une tout autre envergure ?
14 commentaires:
J'aime beaucoup ce chapitre. On est dans le registre "sentimental" (dans le sens littéral), avec effectivement tous ces prénoms de chansons (tu aurais d'ailleurs pu rallonger la sauce), mais je trouve que tu réussis à créer un moment très doux, avec des images et un style très réssi.
Et puis, en plus, tu termines sur une incroyable note de suspense. Voilà vraiment un bon chapitre.
Tu as vu que je m'étais servi de ton "macho" pour ouvrir ce nouveau chapitre: rien ne se perd!
Au début, j'avais placé davantage de prénoms, mais ça me semblait un peu trop gros (je vais y revenir via une compile). Pour le suspense, ceux qui se souviennent de l'entrée en sixième trouveront sans doute le nom de l'intéressée...
Merci pour tes compliments, ça motive!
Cet incurable romantique de Jimmy (mais quoi de meilleur ?) !
C'est "Inside Jimmy", j'aime l'idée que le moment espéré et attendu ne se vive pas dans la douleur mais dans un doux espoir de moments merveilleux.
Joli
Hello Arewenotmen?,
Tu as tout dis!
Hi Devant,
Indice pour le futur: Jimmy Koule va vivre sa pire et sa plus belle journée dans les mêmes 24 heures...
Je crois qu'on a tous été des gros ballots, la première fois !!!!!
Tu es très en avance, la première fois n'est prévue que dans plusieurs chapitres...
Donc le prochain titre, c'est 24 Hours de Joy Division?
ou 24 hours party people des Happy Mondays?
… ou "Love Like a Reptile" de Motörhead !!!!!
:-)
Je voulais, en 86, appeler mon premier enfant Stephanie. Heureusement ce fut un garçon, heureusement parce que des Stephanie y en a eu un paquet qui ont suivi, et pas que des glorieuses et j'aurais eu du mal à convaincre mon monde de l'origine du prénom... Oh Jim, how could you treat me this way? C'est ça qu'elle te susurrait dans l'oreille ?
Audrey, je n'ai pas écris que ce serait pour le prochain chapitre...
Hello Everett,
Non, parce que "VU" n'avait pas encore paru et qu'elle ne connaissait pas les bootlegs!
Etrange que personne ne parle de Catherine Mouchet...
En retard, mais avec un commentaire :-)
Comme Audrey, j'apprécie ce chapitre avec ses images et son suspense de choc, bravo Jimmy!
Même si la suite de ce passage n'est pas programmée très bientôt, on va doublement lire les prochains épisodes ;-)
J'ai hâte du retour vers Paris car j'ai un gros stock de surprises en magasin!
Enregistrer un commentaire