84.
DOWN
AT THE DOCTORS [DR.
FEELGOOD]
Les
mères
ne lâchent
pas
si facilement l'affaire. Un
mercredi matin, la
mienne me conduisit jusqu'à l'appartement de
Monsieur
Bouchard (professeur
de chant réputé
dans
les cas difficiles), puis
dans
le cabinet du Docteur Fugain (oui, il
s'agit de la
sœur de Michel, puisque vous voulez tout savoir), célèbre
oto-rhino-laryngologiste.
Les
deux nous offrirent le même diagnostique : mes
oreilles fonctionnaient parfaitement et mes cordes vocales itou
(malgré une certaine fragilité pouvant entraîner des euphonies
(pas terrible, déjà, pour un chanteur)).
Le fait que je ne m'entendais quasiment pas quand je chantais (ce qui
m'empêchais de me corriger), ils l'avaient déjà rencontré chez de
nombreux chanteurs débutants comme chez des musiciens pratiquant des
instruments « à bouche », mais la science ne savait ni
expliquer
ni
corriger.
Avec ça, j'étais bien avancé. La
doc
(pas vraiment feelgood)
cru
bon d'ajouter que la majorité des individus chante faux (surtout les
hommes et on ignore également pourquoi).
Pour
me consoler, ma petite maman me traîna jusqu'à Pigalle (place
connue pour ses filles faciles mais également pour ses magasins de
musique) où
elle m'offrit tout un nouvel attirail
(allant
des chicken shakes au bodhràn en passant par de magnifiques tablas
indiens)
pour
tambouriner à
l'envi.
J'étais
magnifiquement
équipé
pour recevoir mon remplaçant.
«
Alors,
me demanda Olympia comme on attend la recette d'un miracle ? »
Pour
toute réponse, je défis ses rubans pour aller me cacher et pleurer
tout mon saoul au fond de
sa grotte secrète.
«
Je
jouis mieux quand tu es triste.
– Je
suis moins triste quand tu jouis mieux.
»
Nous
rejoignîmes
la
bande
au
Joli
Nom.
Le
téléphone
n'avait
pas
arrêté
de
sonner
chez
les
frangins
comme
chez
Polina,
il
y
avait
foule
pour
me
subtiliser
ma
place.
Le flipper
tilta
plusieurs
fois
et
un
45
tours
rendit
l'âme
dans
le
juke-box...
Je
repris
un
autre
café
serré.
La
nuit tomba sans un bruit, il y avait déjà suffisamment de barouf
dans mon crâne.
14 commentaires:
C'est triste... et c'est beau. Heureusement qu'il y a le sourire du Doc' pour atténuer cette tristesse !
Ici, il y a de l'autobiographique, puisque j'ai consulté le Dr. Fugain pendant des années car j'étais aphone dès que je criais un peu; ça ne m'a pas empêché de chanter, mais heureusement que nous n'avons jamais fait de grosses tournées!
"Je jouis mieux quand tu es triste"... c'est beau (c'est aussi autobiographique ?). Cà me rappelle "Glad to be unhappy", que j'ai ré-écouté hier, sublimement chanté par Lady Day.
"Je jouis mieux quand tu es triste"
Je relève aussi cette jolie phrase et sa réponse imparable. Des répliques de cinéma.
Olympia et Jimmy, un couple résolument romantique.
Et décidément tu nous fais languir, je pensais voir apparaitre dans cet épisode, le remplaçant, l'imposteur, l'usurpateur...
c'est de la littérature de frustration, une sorte de k dick musical en somme :)
une situation difficile, les illusions qui s'étiole et une jolie réplique qui emporte le tout!
Hello Arewenotmen?,
Non, ça, ce n'est pas autobiographique, mais, si on y réfléchit un instant, ça peut être logique...
Hi Till,
Le prochain chapitre présentera des volontaires, mais il va encore falloir patienter pour le grand imposteur...
Hola Yggdralivre,
Important la frustration dans le rock!
Pas le temps de tout lire, jesuis en déplacement et au boulot... mais...
"« Je jouis mieux quand tu es triste.
– Je suis moins triste quand tu jouis mieux. »"
Un paradoxe qui m'a sauté de suite aux yeux. Terrible
A suivre
nous sommes d'accord Jimmy :)
après je me dis que si la phrase sur la jouissance saute aux yeux c'est peut être parce qu'elle sent le vécu (je parle en terme général, le vécu pour le lecteur, la réminiscence d'une émotion que l'on s'avoue finalement peu à soi-même).
Hello Devant,
Décidément, je fais un carton avec ce bref dialogue!
Hi Yggdralivre,
C'est une autre jouissance quand le lecteur s'y retrouve!
Yo !
C'est pas des médecins qu'il faut aller voir, ça se saurait.
Par contre, vendre son âme au diable, il paraît que ça marche.
Tenté ?
ça pourrait donner un chouette chapitre.
Je commence à comprendre l'image du "créateur" celui qui sait où cela doit mener, celui qui est le destin de ses personnages... Mais le sait-il? En tout cas, bravo pour les fausses pistes!!
Je crois savoir où cela va mener, mais je suis beaucoup moins certain concernant les chemins de traverse que je vais emprunter...
C'est bien à Pigalle qu'on trouve des musiciens pratiquant des instruments « à bouche » ?!?
Warf ! Warf !
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