mardi 3 novembre 2015

TERRY CALLIER ~ The New Folk Sound Of Terry Callier [1965]


Parfois, il n’y a rien à dire. Juste à augmenter un peu le son (c’est important même si c'est guère plus que ce qu’il faut pour couvrir ce qui vous entoure) et à laisser les premières notes vous envoûter. Et là, vous saurez tout de suite que vous n’avez jamais entendu un truc pareil. Sur la pochette, il est écrit The New folk sound. Un machin complètement crétin sauf que, cinquante années plus tard, c’est toujours vrai. Oui, cinquante ans plus tard, c’est toujours une forme complètement nouvelle de folk et un son toujours aussi surprenant et puissant. Cette musique aurait pu sortir hier ou demain sans avoir besoin d’une quelconque remasterisation alors que je vous parle seulement d’un gars qui joue de la guitare acoustique avec deux contrebasses et guère plus. Sauf qu’en quelques secondes (si vous avez mis le son assez fort), vous entendrez à peine ces instruments, car cette musique aspire tout autour d’elle. C’est un trou noir, une faille temporelle qui vous emporte sur son tapis volant. Et encore, tout ça, ce n’est rien tant que vous n’aurez pas entendu cette voix sans âge, si envoûtante qu’elle vous caresse l’âme comme le ferait un sortilège. Cela fait plus de vingt ans que je l’écoute et, à chaque fois, ce sublime voyage immobile recommence, avec ces mêmes sensations, intactes, avec la même certitude que, où que puisse cette musique m’emporter, j’irai avec elle, et aussi loin qu’elle le désire, je le ferai les yeux fermés. Sauf que pendant ces quelques secondes à peine, elle aura déjà dessiné en nous toute l’éternité.
Audrey SONGEVAL (Merci d'avance pour vos commentaires !)



01 - 900 Miles
02 - Oh Dear, What Can The Matter Be
03 - Johnny Be Gay If You Can Be
04 - Cotton Eyed Joe
05 - It's About Time
06 - Promenade In Green
07 - Spin Spin Spin
08 - I'm A Drifter
09 - Be My Woman [Bonus Track]
10 - Jack O' Diamonds [Bonus Track]
11 - The Golden Apples Of The Sun [Bonus Track]
MP3 (320 kbps) + artwork
Promenade in green with BM185


24 commentaires:

Anonyme a dit…

Né et mort à Chicago, une des villes les plus importantes dans l'histoire de la musique noire américaine, Terry Callier a eu toutes les peines du monde à seulement vivre de sa musique. Dans les années 80, il cessera même de jouer. C'est à peine croyable quand on entend la richesse et la subtilité de son jeu et de son chant. Mais le monde de la musique est cruel, il faut se souvenir que la même chose est arrivée à Sixto Rodriguez et Chet Baker, pour ne citer qu'eux.

Pourtant, dans ton disque Audrey, on peut toucher du doigt l'enracinement de Terry Callier dans le blues rural, dans la musique des preachers, il est vrai plus caractéristique du sud des USA que de Chicago. On entend également l'influence qu'il a eu sur George Benson, influence sans doute mutuelle, l'un influençant l'autre et réciproquement.

On va trouver cette réflexion bizarre, mais beaucoup de musiciens américains sont venus trouver le succès en Europe, Sidney Bechet, Willy Deville, Quincy Jones (mais oui, mais oui !), Dee Dee Bridgewater. C'est peut-être ce qui a manqué à Terry Callier.

Zocalo

Audrey a dit…

L'histoire de Terry Callier aurait effectivement pu être développé ici à la place de la présentation de sa musique. Ce type est une sorte de Phoenix musciale. Carrière morte née avec cet album qui a afilli ne pas voir le jour. Renaissance avec de magnifique album soul servant d'écrin à sa voix. Puis effectivement disparition totale pour devenir informaticien.
Puis nouvelle renaissance fin des années 90 sous l'appel de DJ electro jazz avec une soul davantage matinée de jazz. Et à chaque fois sa musique est magnifique, terriblement humaniste. Elle nous rend davantage vivant: elle nous donne la foi en l'amour sans pour autant chanter des trucs hippies.

Parmi ses influences sur ce disque, j'ai lu qu'il y avait en premier lieu Coltrane, notamment dans l'emploi d'une double contrebasse. Ce disque ne ressemble à aucun de ceux que je connais de lui (et à aucun autre non plus). Mais j'adore également sa période soul et ces derniers disques sont également très réussis, d'une grande majesté. Et cette voix... Toujours cette voix qui, pour ma part, pourrait fort me rendre amoureuse d'un homme... Les hommes craquent sur celle de Hope Sandoval, moi ce serait celle de Terry CALLIER ou Steve KILBEY (dans un tout autre genre), et non celle de Leonard COHEN que les journalistes aiment dire qu'elle est celle d'un séducteur (lui quand je l'écoute, j'ai toujours l'impression d'entendre un grand-père qui veut me mettre la langue en même temps qu'il me dit bonjour)...

Merci de ton commentaire.

DevantF a dit…

Il me faudrait davantage de temps. Je suis au bureau. Tu as tenu à écrire un texte envoûtant, bien vu. Je le connais bien le monsieur, il y a bien longtemps un copain amoureux de SOUL dans un sens très large, m'avait parlé d'artistes qui mériteraient davantage d'auditeurs: Jon Lucien et Terry Callier avaient été associés à son discours. Sauf que j'ai commencé par une compilation, classique, puis l "What color is love" pour cette pochette disons... Je vous laisse dire. Et ensuite j'ai pratiquement tout enchaîné comme ton album et les plus récents.
J'ai juste tiqué pour le "monter le son" pour Terry Callier. Sur le principe d'écouter fort, je n'ai rien contre. Il y a des artistes pour qui c'est indispensables. Mais pas lui je pense. Bravo pour le tapis volant.

Keith Michards a dit…

Il a une bonne bouille, ce gars-là… je me laisse tenter

Anonyme a dit…

comme pas mal de gens (je pense) j'ai découvert cet artiste avec la pochette de "what color is love", trouvé chez un obscur disquaire, je l'ai trouvée et la trouve encore, d'une tristesse insondable, à l'aune d'une musique qui fait écho à la carrière du monsieur, c'est beau, peut-être trop beau finalement.
On aimerait que ce genre de musique traverse la foule, fasse ce taire la bêtise à l'instar d'un raga matinal (ou nocturne) d'un coltrane d'une mazurka de chopin et de tant d'autres choses...
au milieu de la soupe soul, des arrangements aussi puissants que chiants, des voix qui hurlent leur chagrin à grand coup de crin crin, des voix lourdingues (j'aime leonard Audrey, mais j'admets que le cliché de la voix soooooooooo sexy, m'a toujours fait gerber et ton image est parfaite!)...
bref, certains touchent à l'intimité (nick drake par exemple) d'autres on aimerait qu'il colle à l'image d'un monde...
mais comme ça ne colle pas, comme personne (ou trop peu) ne prend le temps d'écouter ça, ce colle alors une nostalgie douce-amer... et l'on finit par se demander de quelle couleur est l'amour et si le folk reviendra un jour...

après, je pense (mais je me trompe sans doute) qu'Audrey ne pointait pas l'idée de "si c'est trop fort c'est que t'es trop vieux" lorsqu'elle parlait de monter le son... mais juste de monter le son pour que le bruit du monde ne soit pas un bruit de fond, et pour que la musique soit de la musique et non une tapisserie sonore, mettre le son à la bonne échelle pour se plonger dans l'émotion...

merci en tout cas pour ce partage indispensable.

ça nous changera des éruptions solaires mais encore pubères de ce jeune groupe qui monte : Mizanu... ^^

DevantF a dit…

@yggdralivre
Je ne partage pas ton impression de l'album "What color..." mais je vais tenter d'avoir cet autre regard. J'y mettais de la tendresse et un peu de voyeurisme bienveillant.
Pour le son, je comprenais bien qu'il ne s'agissait pas de faire trembler les murs. Mais je reste dans le fantasme pas toujours vrai, qu'un murmure oblige à l'écoute ... j'oubliais la notion de "musique de fond"

Everett W. Gilles a dit…

Yo !
Beau texte comme d'hab, belle voix, ça c'est pas tous les jours le cas ...
Je connaissais le nom, j'avais découvert il y a quelque temps (me demande si c'était pas dans le CMD...) mais la magie, car magie il y a je veux bien vous croire, n'opère pas vraiment sur moi.

Jimmy Jimi a dit…

[...] (lui quand je l'écoute, j'ai toujours l'impression d'entendre un grand-père qui veut me mettre la langue en même temps qu'il me dit bonjour). Où va-t-on si même Audrey s'y met!
J'avais posté le disque sur le CMD, mais une telle splendeur mérite bien qu'on y revienne et Audrey nous a offert un de ses billets dont elle a le secret!
On pourrait écrire un lourd ouvrage sur ces chefs-d'oeuvre qui ont eu du mal à trouver audience alors que des bouses sont parvenues à envahir le marché, mais le monde fonctionne ainsi, hélas.

Anonyme a dit…

Magnifique et bravo pour vos descriptions toujours aussi agréable *_*

Keith Michards a dit…

Attends, qu'est-ce je pourrais dire ? Je cherche mes mots. Ah ouaih, je sais : WHAOOOOOOOOOOOOOOO !

Audrey a dit…

@tous: Merci pour votre enthousiasme (sauf Everett qui a dû oublier d'ôter son sonotone (ou qui a oublié de baisser le son de ce qu'il était en train d'écouter avant)).

Pour What Colour... Pour ceux qui ne le connaitraient pas, il est diffcile d'imaginer un rapport entre ces deux disques, si ce n'est la voix. Et d'avoir deux splendeurs aussi différentes.

@ Jimmy: Bien entendu, ce n'est pas parce que je n'aime pas forcément la voix du Leonard "vieux" soit disant sexy que je n'aime pas sa musique ni sa langue quaund elle est écrite ni le monsieur indiscutablement classe et la dignité même incarnée... Si mon homme pouvait vieilir comme lui, je signe!

@Antoine: Pour ce qui est du son, je parlais effectivement juste d'être enveloppé comme dans un cocon (et non d'avoir les tympans transpercés). Et le parallèle avec Jon LUCIEN est effectivement pertinent (et d'ailleurs, je le connais fort mal celui-là).

@Keith: Hey, toi, tu n'es pas encore descendu du tapis volant, fais gaffe à la marche quand tu retoucheras le sol!

Everett W. Gilles a dit…

@Audrey : je ne suis pas toujours enthousiaste mais si j'avais gardé mon sonotone je n'aurais pas reconnu un disque déjà posté !!
Du coup je te remercie pas non plus, tiens, pour la peine.
Quand je pense que j'étais juste en train d'écrire un post où je te mentionnais gentiment ... ça risque de changer !

Lt. Fontaine a dit…

Je connais seulement de réputation donc merci Audrey pour le partage. La présentation, l'histoire du bonhomme, tout est alléchant. Je sais que je vais adorer, c'est certain !

Audrey a dit…

@Everett: depuis le temps qu'on se taquine,je ne pensais pas que tu le prendrais mal. Alors, si c'est le cas, je m'excuse, ce n'était pas mon intention. Pour ma part, je préfère qu'on me dise qu'on aime pas comme tu le fais que de dire qu'on aime sans avoir écouté. Cela ne rend que plus sincère quand tu aimes un disque. Donc ne change pas, et ne te prive pas de dire que tu n'aimes pas! Je tacherai d'être plus adroite en voulant plaisanter la prochaine fois pour te répondre.

Everett W. Gilles a dit…

Maaaaiiiis noooon, je sais pas faire les smileys c'est tout ... Rhôôô !
Moi aussi je croyais que t'avais compris, et surtout reste maladroite (put a SMILEY here...)

Stefan Roques a dit…

Il est magique cet album, Audrey. Magnifique partage.

nestor b a dit…

Merci Audrey pour ce disque. Bien longtemps que je n'avais pas écouté, et du coup ravi de redécouvrir comme il se doit cette voix et ce folk généreux, dont tu parles d'ailleurs très bien. Ça me fait penser de loin (de pas si loin) à un disque qui ne quitte pas (et que je me ferai un plaisir de partager ici), Blues run the Game de Jackson C. Frank.

Audrey a dit…

@Lt Fontaine: Des fois, on a de la chance de ne pas connaitre certains disques. Ca permet d'être encore envoutée par eux.

@Zorn: Tu le connaissais pas?

@nestor: Blues run the Game de Jackson C. Frank? Connais pas du tout. Si effectivement il t'inspire un parallèle avec celui-ci, va falloir me le faire découvrir! Quand on se plonge dans une nouveauté, c'est un peu le rêve qu'on a chaque que d'être emporté par lui. Même si on est souvent déçu... mais l'espoir est toujours là!

nestor b a dit…

J'essaierai de faire un petit billet sur lui bientôt.

Jimmy Jimi a dit…

N'hésite pas, Nestor, j'adore ce disque, tu as ma bénédiction (surtout si c'est la version augmentée)!

Stefan Roques a dit…

@ Audrey
Si si, bien-sûr, je confirmais juste...

Unknown a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Unknown a dit…

J'ai découvert Terry Callier y a quelques années aux détours de chemins folky et soul. Ces deux genres musicaux (tout comme le blues) sont ceux qui représentent le mieux ce que l'âme et le coeur peuvent offrir pour se sentir léger et ressentir des choses incomparables.

A l'instar de Jackson C. Frank et son (magnifique) album du même nom sorti en 1965, Townes Van Zandt en 1969, la soul magique de James Carr dans son LP "You Got My Mind Messed Up" ou encore Baby Huey ("The Baby Huey Story: The Living Legend"), Terry Callier a su avec trois bouts de ficelle vous emporter là où des centaines de bidouillages studio ne parviendront jamais à faire.
Sa musique est intemporelle, immuable. Son talent, inversement proportionnel à sa notoriété.
Un magicien.

Guitarradeplastico,scraping oddities a dit…

many thanks, with Jon Lucien is the best soul fusion artist for me