Olympia
et
Isidore
effectuèrent
un
travail
magnifique.
Pendant
des
mois,
chaque
week-end
s'ouvrait
sur
un nouveau
club
parisien,
un
théâtre
de
banlieue
ou
une
salle de
province.
Nous donnèrent
même
quelques
concerts
en Suisse,
au Luxembourg
et
en
Belgique.
Le nom de Mizanu
commença
à apparaître
régulièrement
dans
la
rubrique
Le
Rock
d'ici
de
Best
ou
dans
les
Télégrammes
de
Rock
&
Folk
et
plusieurs
fanzines
nous consacrèrent des entrefilets
ou
des
articles.
Un ami de
Guillaume
l’appela
un
soir
pour
lui annoncer
que
Philippe
Pascal
(Marquis de
Sade,
Marc
Seberg),
pourtant
peu
connu pour distribuer
des compliments,
venait
de vanter
notre
originalité à
la
radio,
suite
à
notre
passage
à
Rennes.
Ce
ne
fut
pourtant
pas
toujours
facile
avec les
locaux
qui se
mettaient
souvent
à
nous
détester
dès
que
nous
leur
annoncions
que
nous
venions
de
Paris,
si
bien
qu'Olympia
décida
de
nous
présenter
comme
un
groupe
débarquant
d'un
patelin
au nom
imaginaire,
perdu
au
fin
fond
de
la
Normandie
!
Pour
des
raisons
qui
m'ont
toujours
échappées,
la
plupart
s'inventaient
des
compétitions,
comme
si le
public
n'avait
pas
les
oreilles
et
le
cœur
suffisamment
grands
pour
accueillir plusieurs
offrandes.
Le
pire
venait
des
groupes
qui
avaient
déjà
enregistré
un
ou
deux
quarante-cinq
tours
et se prenaient
prématurément
pour
des
stars
(parmi
ceux-là,
je
n'en
connus
jamais
qui
poussèrent
jusqu'à
l'album).
En
vérité, cela
représentait
bien
peu
de
désagrément
comparé
au
plaisir
de
se
retrouver
ensemble
sur
la route,
puis
sur
scène.
Evidemment,
à
l'occasion,
Richard
ne
put s'empêcher
de jouer
les
rabats
joie
(il
trouvait
que
nous
étions
toujours
trop
mal
payés, mal
logés,
mal
tout
ce
que
vous
voudrez),
mais,
même
lui,
semblait
s'épanouir
de
concert
en
concert,
au
point
que
je crus
– naïf
que
j'étais
–
que
le
pipi
de
chat
(voir
chapitre
précédent)
pouvait
vraiment
se
transformer
en
élixir.
Un
triste
soir
où
le
flipper
et
le
percolateur
d'Un
Joli
Nom
avaient
décidé
de
se
mettre
en
panne
dans
un
même
geste
d'humeur
(c'est
incroyable
les
petits
souvenirs
que
l'on
peut
conserver),
la grand-mère
de
Polina
sonna
la
fin
des
festivités.
D'après
elle,
les
résultats
scolaires
de
notre
violoncelliste
pâtissaient
de
nos
virées
électriques,
et
il
était
absolument
hors
de
question
que
nous
lui
fassions
rater
son
bac.
Toujours
la
même
vieille
histoire
qui
ne
parvient
pas
à
se
démoder.
Nous
fermâmes
donc
notre
boutique
à fantasmes
jusqu'à
l'obtention
du
précieux
papelard.
Je
n'ai
jamais
aussi
peu
révisé
de ma
vie,
encore
moins
que
lorsque
nous
courions
de scène en scène,
parce
que la frustration
m'empêchait
de me concentrer,
parce
que
le
parfum
délicieux des planches
piquait ma gorge en
manque,
parce
que j'avais
l'impression
que
nous avions trahis...
Tous
les
prétextes
étaient
bons pour
filer
à la bibliothèque
où
j'empruntais tout et n'importe quoi avant de rejoindre
la
chambre
d'Olympia
pour
m'enivrer de
musique,
de souvenirs
et
de parfums
intimes...
12 commentaires:
Hé hé, des compliments de Ph. Pascal ! Tu m'étonnes que ça fait plaisir. La scène rennaise n'a qu'à bien se tenir, attention Mizanu débarque ! Un beau chapitre encore qui donne dans la réalité. Ou la métamorphose d'une petite bande de jeunes musiciens en un groupe de rock dont la presse parle. Et puis le désespoir de se pointer devant un flipper en panne ... Aaaarrgghhhhh !!
Le bac ou la musique ? Un choix à faire, mais après ? La fac ou la musique ? Le taf ou la musique ? Trop de questions ! Le Rock'n'Roll ça n'aime pas les compromis, faites gaffe.
J'ai eu la chance de croiser Philippe Pascal dans la vraie vie; en fait, il est beaucoup plus timide qu'arrogant. Ici, j'ai un peu grossi le trait, mais surtout pour le bac car je n'ai jamais mis les pieds au lycée!
Ah, de l’élixir au parfum intime... tout un monde de fragrances suggestives !
trop court, celui-ci plus que les autres, j'aurais aimé une plus longue évocation capiteuse, c'est une bonne idée ça permet d'apporter une touche sympathique et parlante (le parfum qui pique la gorge).
Je crois en avoir déjà pas mal fait sur le sujet et je pense qu'il vaut mieux qu'il y en ai pas assez que trop. Idem pour la route car j'y retournerai d'ici peu.
Pass'ton bac d'abord ! La phrase terrifiante qui a dû enterrer un bon paquet d'hypothétiques carrières.
Sinon, toujours pas de groupies dans ton histoire ?!?!? :~( Vivement la bio de Lemmy !!!!!
Merde, le frein à main brusque. C'est que nous étions lancé - un peu comme VINYLE la série de Jagger/Scorcese le propose - vers une aventure musicale pleine de fureur et de S&D&R. J'aime cette idée quantique, nous aurions pu aller vers l'histoire d'un groupe de trop jeunes dans les mains de requins pour les entraîner retc...
Mais voici, soudain, le retour de la vignette locale: le Flipper, le café du coin, les copains de classe, le BAC ... Et je n'étais pas prêt. Mais dans la valeur "savoir rebondir" (valeur de ma boite) qui doit savoir rebondir? L'auteur ou le lecteur? À suivre!! Of course
Le Mizanu World Tour interrompu pour cause de y a école... Ah ben merde alors !
Et si vous remplaciez le violoncelle par une guitare sursaturée ?
Et voilà, j'en parlais, EWG l'a fait, il prend le rôle du "requin": virez moi la violoncelliste et moi je vais faire de vous des stars.. les mômes, plus besoin de diplômes. Pour la remplacer j'ai mon idée.... dans un univers parallèle EWG est un personnage du roman de Jimmimy
Hello Keith,
Et après le bac, il y avait le service militaire, encore plus assassin de groupes.
Non, toujours pas de groupies, je suis sans doute trop romantique!
Hi Everett,
Mais on peut sursaturer un violoncelle, c'est encore plus dingue!
Hola Devant,
J'aime l'esprit "montagnes russes" tant que ça ne provoque pas de haut-le-cœur. Tu demandes: "l'auteur ou le lecteur"? Mais le but du jeu est d'essayer que les deux se rejoignent... Tu retrouveras tes deux gros préférés dans le prochain chapitre.
C'est l'avantage du Net, le lecteur peut tenter, comme Everett, d’influencer le narrateur.
Un chapitre en rupture des précédents. Nous avons ici une brutale accélération narrative. Je crois que tu as ici une vraie matière romanesque que tu sous-exploite. En fait, j'ai presque plus envie de vivre cette grisante ascension que cette longue (mais tout à fait justifié) épopée du premier concert.
J'apprécie d'ailleurs beaucoup la façon avec laquelle tu joues avec la boîte à fantasmes sur le fait de vivre l'aventure d'un groupe de rock. Je pense que certains aurait mérité tout un chapitre au même titre que ces moments que tu as disséqués dans le concert: le premier article de presse, la rencontre d'un grand frère musicale, les rivalités entre groupes (la jalousie, l'émulsion, les coups bas, la solidarité), la routine des rituels, le changement de regard sur sa musique, l'écriture de chansons pendant la "tournée", les frustrations de chacun etc. Ce sont des moments que, pour ma part, j'ai souvent fantasmé. Le top étant certainement le premier interview de son magazine favori!
Hello Audrey,
Tu sais que j'aime laisser place à l'imagination de chacun et, de plus, je veux éviter les redites. Je pense pouvoir t'offrir ce que tu attends, mais je ne peux pas tout donner tout de suite, ça viendra en son temps, par petites touches.
L'effet d'intrusion d'un personnage réel (Philippe Pascal, au fait que devient-il ?) s'avère bien intéressant... Tu me diras certainement Jimmy que tu l'as déjà utilisé ici, mais je suis tellement ignare...
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