Le
mois de juillet
fut
éclatant
dès
les
toutes
premières
lueurs
du jour.
Les
rayons doux
d'un
haut
soleil
me réveillèrent et les révisions, le bac, les cauchemars, tout
s'était
volatilisé dans
les
méandres de
la
nuit.
Il
y a des matins si délicieux qu'un disque n'est même plus
nécessaire
pour
aider
à se
mettre tranquillement
en
marche. Bon,
après
vingt secondes de réflexion, je me dis, qu'après
tout, un
Dusty
in Memphis
ne risquait guère de briser l'harmonie !
Heureusement
que l'on garde toujours une infime
part
d'innocence, sinon on étoufferait sous les
cris d'orfraie de la paranoïa... Bientôt, le calendrier
ne
saurait plus à quel saint se vouer,
et
un
hiver
de
glace
s’installerait
pour
les
siècles
à venir.
Les
bains à la violette se seraient-ils laissés respirer avec plus de
bonheur, si j'avais su que la délicate fleur était en voie
d'extinction ? Au mieux, j'aurais essayé de gonfler davantage mes
poumons et de forcer ma mémoire, mais quelques larmes suffisant à
faire déborder un
réceptacle d'amour et à convoquer les averses,
cela n'aurait que précipité la fin...
Quelque
part à l'ouest hideux
de
nulle
part,
au fond d'une grotte secrète, « le Monstre » touillait lentement
une vieille marmite
dégueulasse,
pendant que le Malin
se masturbait
dans l'ombre.
L'odeur
putride et les
psaumes
inversés
auraient
du dégouliner jusqu'à nous, seulement, il faisait trop bon en
ce début d'été.
Le
mois
d'août
fut
pluvieux
dès
notre
arrivée
à
Margate,
mais
ça
n'avait
aucune
importance
puisque
c'était
de
la
belle
et
bonne
pluie
anglaise,
de
celle
qui
fit
pousser
nos
idoles
et
les
aida
à
se conserver
au
mieux.
(Il
y aurait
un lourd
volume
à écrire
sur
les
rockers
anglais
partis
se
faire
cramer
le
cerveau
et
dissoudre
le
talent
sous
le
soleil
californien.)
Notre
première
sortie
nous
emmena
vers
les
falaises
de
Cliftonville.
Cette
magnifique
hauteur
plantée
au
sud
du
pays
nous
donnait
l'impression
d'admirer
toute
l'étendue
de
notre
Angleterre
chérie.
«
Si
notre
chanteur
avait
daigné
nous
accompagner,
dit
Polina,
nous
aurions pu
faire une
tournée
des pubs de la région.
–
Je
crois que Richard a son petit monde à lui, répondit Cyril, et que
nous devons le respecter. »
«
Richard et respecter », voilà un sujet et un verbe dont nous
n'avions pas fini d'entendre siffler les dissonances. En
attendant, dans son là-bas immonde, « le Monstre » ajoutait des
yeux d'enfants fous et de l'urine de singe au fond de son peu
ragoutant ragoût de sorcière.
Les
falaises n'étaient pas suffisamment hautes, seul, peut-être, notre
spectateur médium
du
Gibus put le voir dans sa boule de cristal ou dans les
cartes de son
jeu de Tarot.
Quand
je ferme les yeux en pensant à notre dernier été, je revois
Olympia dansant au bord de la falaise. A tout moment, on dirait
qu'elle va s'envoler...
Il
vaut mieux ne jamais dire adieu aux gens comme aux paysages, ça
laisse toujours un espoir – aussi ténu soit il.
14 commentaires:
Et voilà que s'exhale à nouveau l'enivrant parfum d'Albion...
Pour la "presque" dernière fois...
... ce parfum tout à la fois doux et capiteux se révélera t'il être un poison ?
Je sens qu'il va se passer quelque chose de grave
Une séquence comme hors du temps après la longue ivresse de ce premier concert.
En tout cas, le style est très différent des autres chapitres, plus littéraires et soignés, avec également une vraie note nostalgique, presque amère, comme si le rêve était fini. Un texte où on sent comme un funambule qui ne sait où il va, avec cette émotion indicible et pleine de retenue comme seul fil pour le guider.
Par contre, j'avoue ne pas avoir compris cette métaphore du Monstre... C'est le chanteur? Une allusion à un chapitre passé? Une hyperbole?
Hi Arewenotmen?,
Le poison se fait touiller dans la marmite...
Hola keith,
ça se pourrait, mais il reste encore quelques chapitres pour respirer...
Hello Audrey,
C'est presque ça, le rêve n'est pas tout à fait terminé, mais on s'en approche.
Oui, j'ai déjà évoqué "le Monstre", nom qui est en rapport avec ce qu'il va devenir. Je ne me souviens pas d'avoir clairement écris qu'il s'agissait du chanteur, mais tout le monde le sait depuis plusieurs chapitres.
Bon moi j'ai rien compris ... à part l'allusion à Rod Stewart parti se cramer le cerveau et les cheveux, c'est bien ça ?
un peu de soleil, d'embrun... une carte postale en guide d'ellipse... et l'ombre de la mélancolie qui guette.
bref... un peu épisode qui fait craindre.atteindre le pire (après le meilleur.concert)
Hello Everett,
Je comprends que tu n'aies gardé que le meilleur, hélas, la liste est longue...
Hi Yggdralivre,
Tu y es presque, mais pas tout à fait...
J'ai l'impression de lire un mélange de Macbeth et de "à nous les petites anglaises". J'ai trop de respect pour le "malin" pour l'imaginer se masturber... Je le verrai bien s'occuper de ton "monstre" ça oui...
Voilà bien un mélange de genre où le gagnant, le dominant reste ce "mal" qui observe le bonheur des "enfants" Car après tout, les revoilà enfants...
Attention, le "monstre", ne déçoit pas le lecteur assoiffée d'horreur... ha ha ha ...
Je n'ai pas tout compris non plus des images du monstre et du malin mais je me suis gentiment laissé porter par cet épisode onirique et presque vivaldesque, alors chapeau JJ, et merci. Et puis je n'ai pas pu m'empêcher de fredonner (grâce à ton titre) cette chanson : Dis-nous Dylan (5 gentlemen) !
Je n'ai pas tout compris non plus des images du monstre et du malin mais je me suis gentiment laissé porter par cet épisode onirique et presque vivaldesque, alors chapeau JJ, et merci. Et puis je n'ai pas pu m'empêcher de fredonner (grâce à ton titre) cette chanson : Dis-nous Dylan (5 gentlemen) !
Hello Devant,
Tu ne te trompes pas beaucoup pour "A nous les petites anglaises", tourné à Ramsgate, soit la ville voisine.
Pour le reste, le "malin" se masturbe de plaisir de voir ses projets si bien préparés.
Hi Nestor,
Il y a plusieurs chapitres où j'évoque ce "Monstre" qui prépare lentement son crime. J'espère que tu comprendras mieux en lisant la suite.
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