On pourra dire que, depuis la rentrée, notre Jimmy nous bichonne dans ses choix musicaux. Et si tout ça était fini et qu’on vous proposait un truc qui n’aurait rien pour vous plaire? Parce que, franchement, qui peut prendre au sérieux ce groupe qui chante la fin du monde depuis des lustres ? Surtout qu’en cette année 1994, le groupe prend un virage au cours duquel il se débarrasse de toutes velléités esthétiques pour livrer une musique pas vraiment calibrée pour les estomacs sensibles et qui assume son mauvais goût. Et le mystère est là : comment se fait-il que ce disque ne cesse de revenir sur ma platine alors qu’il contient quasiment tout ce que je devrais normalement détester ? Et regardez tous ces titres, ne donnent-ils pas envie d’en rire ? Il faut dire qu’avec un personnage comme Jaz Coleman, un homme qui a dû vivre plusieurs vies, érudit en sciences occultes, en musique moyen-orientale et psychotropes de tout genre, lui-même compositeur reconnu de musique contemporaine, grand amateur de gros cigares et de whisky, tout est toujours plus compliqué qu’il n’y parait. Par exemple, derrière ce mur du son lourd et gras, voire indus, vous trouverez également des arrangements traditionnels orientaux, des influences d’une techno la plus abrasive et surtout un chant fascinant d’une rare puissance, tantôt hurlant, éructant ou plaintif. Pour ajouter à ce mystère, la rumeur dit que certains morceaux auraient été enregistrés au cœur même de la de la Chambre mortuaire du roi dans la Grande Pyramide de Gizeh. Mais, au-delà de cette dimension mystique, il contient une autre grande vertu cardinale du rock qui me permet de vous inviter à tester avec moi une petite expérience : faites un instant découvrir à votre entourage les mathématiques façon Killing Joke, celles du chaos, en ouvrant grands les fenêtres tout en montant le volume à fond. Et là, bon ou mauvais goût, cette musique retrouve ce pouvoir simple, intact et jouissif, de pouvoir enfin faire chier ses voisins, et de nous redonner surtout ce plaisir de passer pour un(e) fou (folle) auprès de tous ceux, famille inclue, qui soudainement ne nous comprennent plus... Et c’est si bon de pouvoir compter sur ce groupe qui se donne sans compter, sans jamais avoir eu peur du ridicule et du bien-pensant, surtout que le ridicule n’a jamais tué quand on l’assume, et encore moins quand il n’est pas là où on l’attend... Donc on peut effectivement facilement se moquer, en 2016, d’un groupe qui a osé chanter en 1994, avec tant de conviction, la fin du monde dans la foulée du nouveau millénaire, sauf que nous sommes face à une blague qui tue… Car, voyez-vous, la fin du monde a bien eu lieu, et peu l’on encore vu ou compris, mais, avec l’aube de ce millénaire, a bien émergé d’un peu partout un autre monde qui détrône à grande vitesse l’ancien, fait d’internet, de smartphone et autres réalités virtuelles et interconnectées, à la fois plus fou, plus excitant et plus effrayant, et générant également peur, obscurantisme et terrorisme. C’est pourquoi ce groupe grogne, hurle et se bat, tout simplement parce qu’il croit encore au pouvoir de l’homme de rendre ce monde meilleur malgré tout.
Audrey SONGEVAL (Merci d'avance pour vos commentaires !)
01 - Pandemonium
02 - Exorcism
03 - Millenium
04 - Communion
05 - Black Moon
06 - Labyrinth
07 - Jana
08 - Whiteout
09 - Pleasures Of The Flesh
10 - Mathematics Of Chaos
MP3 (320 kbps) + artwork
24 commentaires:
Une si belle présentation plus la possibilité de faire chier mes voisins... je prends !
Phil
Si certains ne connaissent pas ce groupe, je les invite vivement à découvrir leur premier méfait entre dub et postpunk que le site du Zornophage à proposer dans une splendide version remasterisée il y a quelques semaines.
Pour les curieux, on trouve sa marque aussi bien dans Nirvana que Lcd Soundsystem. L'article de Wikipedia est egalement fort bien conçu.
Hello Audrey
Tu as raison sur le prophétisme éternel de KJ, je me souviens de Jaz Coleman annonçant l'auto-destruction du monde occidental dans les 18 mois...en 1980. J'avais été impressionné par la puissance que dégageait leur musique et par les dissonances, les stridences. Le synthé faisait sauter les plombages des dents, la guitare évoquait une scie circulaire et le chant fuyait la ligne mélodique. J'ai adoré.
Ce qui m'a éloigné d'eux c'est leur virage new wavisant au milieu des 80's. Ca sentait l'envie de ratisser plus large pour vendre plus. Ils ont perdu à mes yeux ce qui m'apparaissait comme de l'intégrité.
Après je n'ai jamais réussi à raccrocher malgré quelques tentatives. Tout était différent, y compris le monde qui n'en finissait pas de finir.
Bonjour, serait-il possible de réactiver le lien de Drama of Exile de Nico ? Merci.
Bon souvenir d'un concert à Lyon en 83 ou 84. On prenait plein la tête c'était parfait.
Ce soir-là Alain Maneval était présent dans la salle [Palais d'Hiver pour ceux à qui ça évoque quelque chose] mais lui avait préféré la prestation de Der Kowalski en première partie.
Je pense qu'entre le Jaz Coleman qui annonçait la fin du monde, la vraie, vers 1985 et celui-ci, ce n'est plus le même homme. Il se situe bien plus sur un plan métaphorique, avec des références franc-maçonniques importantes. Et c'est là où je pense qu'il est beaucoup moins caricaturale que là où l'on se complait à le réduire. C'est bien la fin d'un monde où l'occident règnerait sans partage, où les femmes n'ont pas le droit à de vraies fonctions de pouvoir, etc.
Pour ce qui est de l'évolution de leur musique, je préfère les premiers albums pour ce qui est de leur esprit, mais j'avoue que la puissance de feu qu'ils sont capable de produire à leur âge est quant même impressionnante. Il y a dans leur œuvre post-new wave des titres incroyables (ici Invocation ou Mathematics of Chaos) et d'autres qui créent un univers musical saisissants (Pleasure of flesh). Sur cet album, chaque morceau possède une identité forte.
C'est quand même un disque fait par des types qui devait avoir l'âge de Richards/Jagger à l'époque d'Emotionnal Rescue. Et quand tu écoutes les albums qui vont suivre, même Mötörhead n'allait plus aussi loin qu'eux.
En fait, j'ai parfois du mal à comprendre comment des morceaux qui ne possèdent pas de vraies mélodies ni qualité particulière de songwriting puisse conserver sur moi un tel impact. Certes, il y a cette violence et cette rage, mais j'ai eu d'autres disques comme ça qui, au final, s'émoussait parce qu'ils n'offraient que ça.
Pour ce qui est de leur Carrière, je préfère le précédent Extremities, Dirt and Various Repressed Emotions (avec le tout 1er) mais je l'avais déjà proposé dans l'ancien blog de Jimmy. Il est dans une brutalité plus punk et plus crue.
Ce qui est également bizarre, c'est que je n'ai redécouvert cette seconde moitié de leur œuvre qu'avec internet il y a une dizaine d'années. En toute logique, jamais je n'aurai dû m'y intéresser, et encore moi y revenir après. C'est vraiment un mystère pour moi. Cela reste un groupe très respecté pour son intégrité. Et j'avoue que cela compte aussi beaucoup pour moi, même si je ne les ai plus trop suivis depuis Absent Friends.
Bref, le fait que Killing Joke continue à exister et à produire des disques encore régulièrement malgré leur âge, leurs excès, a quelque chose de rassurant. Cela fait partie des groupes que j'aimerai voir sur scène aujourd'hui. Peu de groupes sont a priori capable de passer après eux car Coleman se donne sur scène sans faire semblant. On est loin d'Iggy Pop...
Hello Audrey,
En 1981, à la suite d'un reportage télévisuel, je m'étais offert "What this for...". "The Fall of because", le titre d'ouverture est particulièrement impressionnant. Pour autant, le reste de l'album ne m'ayant que peu convaincu, je n'ai jamais poussé beaucoup plus loin (ou alors avec ce que les membres du groupe ont pu réaliser sous d'autres noms). Après lecture de ton joli billet, j'ai replongé. Hélas, je n'ai pas réussi à tenir jusqu'au bout. Ce disque m'a totalement oppressé, me donnant l'impression de me faire violemment insulter avant de devoir assister contre mon gré à une orgie sado-maso !
Yo
Ce groupe m'a toujours fait fuir, loin, très loin. Avec ce truc qui se passe parfois (pas toujours...) c'est à dire le maximum respect et la conviction que ceux qui aiment n'ont pas forcément tort.
Le reste de tes explications Audrey c'est de la littérature, mais au sens le plus noble du terme : je te décerne mon Prix Nobel pour la première quinzaine d'octobre 2016 !
Deux questions que je me pose, toutefois :
- est-il possible pour mes voisins de plus me faire chier qu'écouter à fond, fenêtre ouverte, Céline Dion ou Florent Pagny ? Ou Goldman, merde, j'allais oublier Goldman, c'est pas le moment !
La réponse est non.
- comment se fait-il que j'aie toujours préféré les disques enregistrés dans des granges pourries, des caves insalubres, sous le Pier de San Diego ou même dans une bagnole, à ceux qui l'ont été dans des endroits aussi majestueux qu'un pyramide ?
La réponse est putain j'en sais rien mais j'espère que c'est pas trop grave.
Thanx Miss A
@Jimmy: c'est l'un des albums que je trouve les plus faibles de la première période. En toute honnêteté, tu devrais jeter un oreille sur le premier éponyme. Il est assez court et beaucoup plus puissant que What is for. Et les années ne font que lui rendre justice. Mise à part 2 morceaux plus faibles, c'est pour moi un vrai classique.
Pour Pandemonium, je trouve la face B nettement meilleure que la face A. Pour ta perception SM de la musique, c'est sûr qu'on est loin des Faces, mais il y a aussi une vraie force positive qui, quelque part, est à l'opposée de ta perception. Ce groupe a vraiment une démarche positive sur le fond. Il dénonce, il a des idéaux. Ce n'est pas une violence gratuite ou négative, et c'est sans doute pourquoi j'y reviens. Elle me donne de l'énergie pour avoir moi aussi envie de me battre (et non pour me tirer une balle dans la tête comme tous ces groupes sérieux pour qui le crédo c'est "noir c'est noir").
@Everett: quand j'ai proposé ce disque, j'ai pensé à toi parce que je me suis dis que cette musique était effectivement à l'opposer de ce que tu recherches. Et je comprends tout à fait ton rejet.
Pour ce qui est des conditions d'enregistrement, je pense que le faire à l'intérieur d'une pyramide doit être également assez pourri (pour ma part, je pense d'ailleurs que c'est un blague du groupe qui a été pris pour argent comptant par la presse).
Et fais confiance au groupe pour avoir dans son histoire avoir fréquenté des endroits où peut de groupe aurait eu le cran de fermer un oeil. Je crois d'ailleurs qu'à cette époque, ils n'avaient plus un rond et dormaient pour la plupart dans des squats. Le groupe a d'ailleurs réputation pour avoir un son assez sale et pourri (pas ici, il est vrai, où tout est fait pour un maximum d'efficacité).
A cette époque, plus personne ne voulait du groupe, il était considéré comme un looser. Je trouve que leur réponse est plutôt classe, dans le genre qu'il en avait rien à foutre. Et ce disque les a fait renaitre.
Bref, ce groupe et ce choix ne sont pas vraiment politiquement corrects, j'en ai conscience, sans pour autant dire que lui et moi avons raison contre vous... J'aurais voulu être plus consensuelle et vraiment faire aimer ce groupe, j'aurai proposé leur premier album (encore une fois, il vaut le détour et n'a que peu à voir avec celui-ci). Mais j'avais besoin qu'on me botte les fesses pour revenir vous proposer quelque chose, je savais que Killing Joke ferait très bien le boulot pour ça. :)
@Audrey et Jimmy : j'ai toujours considéré "What's this for ?" comme un ratage. Passé "The fall of because" le reste du disque est limite ennuyeux. Comme dit Audrey, le premier est un grand moment, "War dance", "Requiem", "The Wait" j'ai écouté ça plus souvent qu'à mon tour.
Mais je lui ai toujours préféré "Revelations" le 3ème album que je trouve plus complet, plus homogène et lui aussi contient des morceaux d'anthologie. Et je pense que c'est sur ce disque que le son KJ atteint son apogée.
Entre les deux était sorti un mini album live [6 titres sur un format de vinyle assez étrange] qui est un beau témoignage de l'énergie du groupe et où certains titres sont transcendés par la scène.
@EWG : j'ai un disque enregistré dans les caves de la pyramide de Gizeh, le compromis parfait.
C'est un duo Dion / Pagny / Goldman. Ça t'intéresse ?
@Audrey : that's Rock'n'Roll, et c'est bien ça qui nous (ou en tout cas m') intéresse !
@Till : Dion/Pagny/Goldman en duo ? C'est lequel des 3 qui ferme sa grande gueule ?
j'étais là... presque à pouvoir tutoyer les anges en sirotant un thé népalais au goût aussi suave qu'une râpe à fromage et à la rugosité douteuse, en écoutant un Monk des plus louvoyant (c'est un vicieux le thelonious, c'est le serpent de mer du jazz, toujours le même air, toujours cité, toujours repris, toujours iconique et pourtant jamais là où cette foutu célébrité dit l'avoir posé... tient ! c'est à lui qu'on aurait dû refiler le nobel de littérature, les ghost notes à ce niveau c'est l'équivalent des phrases sans ponctuations de Simon, ça arrache l'écorce de l'être et ça vous laisse pantelant à réclamer votre âme au premier venu).
J'en étais donc à réclamer mon âme... sans me douter que le premier venu serait un post d'Audrey sur ce groupe cryptiques (au sens : qui sort tout droit des contes de la crypte et je dis ça uniquement parce que j'ai découvert les deux à la même période, y'a des associations étrange, du genre ketchup dans la danette caramel, qui marquent durablement leur homme).
franchement, je ne sais pas quoi penser du grand écart en mode saut à deux élastiques (un à chaque cheville, sinon c'est pour les néophytes, on tente une vraie figure ou on reste chez soit à contempler ses pantoufles lapins).
à la sortie, j'ai l'impression de m'être fait machouillé par un tigre à qui on aurait foutu un cactus dans le fondement, d'avoir été recraché aussi sec avant d'être piétiné par un troupeau d'opossums(c'est rare j'en conviens) avant de me réincarné dans l'encens d'un prophète de la banlieue de détroit.
j'me sens ruiné...
à devoir m'endetter au prêt de la responsable de ce rappel acoustique de bon aloi !
jéjà un pseudo comme "Jaz Coleman" En fait j'y suis un peu revenu avec Till qui m'avait sorti un album pour la "compilation des traîtres" (que j'avais complètement oublié celle-là) "Night Time" 985 je pense que c'est ce tournant là dont parle Till.
Manque de bol (pourquoi?) j'ai bien aimé cet album. Maintenant je m'était procuré les beaucoup plus tôt et plus tard "Hosannas from the Basements of Hell" et sa superbe pochette et son attaque musicale plus ... hum ... ramassé. Allez je me fais une petite révision avant de me faire ton "Pandemium", c'est pas trop de faire chier les voisins - des amis à moi - que l'envie de voir si j'encaisse. la réaction de Jimmy y est pour beaucoup. La question est, au delà de l'expérience de force, y trouvons nous un peu de plaisir (maso?)
PS: la carrière du bonhomme en musique contemporaine, Opéra, concerto, Cinéma est plus que étonnante, unique?
Moi qui aime le grandiloquent... J'étais au moins servi ici
https://www.youtube.com/watch?v=bqXvlt5099A
je suis surpris en fait c'est assez proche de ce que je vous ai mis dans le message précédent.
C'est très vitaminé mais finalement pas si dérangeant. Et même abordable, je pensais (craignais?) du grinçant, de l'industriel inspiré par exemple du démontage des usines de DETROIT, plein de fureur et de sang métal cuivrés... Certes ça joue fort (Bon j'en suis au deuxième titre... ha voilà le troisième) Metallica teinté de "Kashmiriade" ... Bon, pour l'apéro ça va pas le faire mais j'aime bien ce parti pris "bruyant"... résultat, je me penche sur l'autre versant de la carrière de Coleman qui semble curieuse. "Songs from the Victorious City"
J'adore quand les moments se croisent dans le temps. Fin 2012, lors des jeu des Blogueurs, Jeepeedee nous avait gratifié de cet album. Superbe et pas tant éloigné de PANDEMONIUM
Et miracle de la copie, j'ai gardé la chronique du sieur Jeepeedee
http://jeepeedee.blogspot.fr/2012/09/gcdbmdd-7-anne-dudley-jaz-coleman-songs.html
Et un youtube pour faire baver sur un lien peut-être mort
https://www.youtube.com/watch?v=TSvmAHdbnGE
Bon, allez pour les trop jeune, je vous ai refait le lien
Songs From The Victorious City.rar
http://www56.zippyshare.com/v/uizkNUwV/file.html
@yggdralivre : Houlà, ne me dis pas que tu as été pris par surprise?
@Devant: Si tu connais Hosannas from the Basements of Hell, l'univers devrait pas te dépayer, il y ajuste la rythmique technoide de la fin d'album qui te surprendra peut-être.
En fait, j'écoute surtout ce groupe au casque parce que dès que je l'écoute sur une chaîne, j'ai vraiment l'impression de ne plus vivre dans le même monde.
Tu as également la carrière de Youth en tant que producteur qui est surprenante et qui a également collaboré avec Macca dans son projet Fireman.
L'histoire de Killing Joke est pleine de surprise également.
J'ai eu le tort de lire tous les commentaires avant d'écouter l'album, et je m'attendais à une musique expérimentale complètement hermétique. Eh bien pas du tout. J'y retrouve au contraire des influences qu'a pu avoir Killing Joke sur des groupes que j'aime : Nirvana pour les excès vocaux et Rammstein pour l'implacabilité (ça se dit ?) de la rythmique.
Et puis un album présenté et magnifiquement défendu par Audrey mérite une attention toute particulière.
J'adore le 1er, formidable électro-rock très intègre comme tu l'as bien dit, mais j'avoue ne pas avoir encore eu le temps de tenter la suite de la discographie. Celui-là, j'ai lu pas mal de choses dessus, il m'intrigue, je vais tenter ma chance !
Merci pour ce joli papier !
Pour bien faire chier vos voisins, la discographie de KJ ici:
http://revolutionrock012.blogspot.fr/search/label/Killing%20Joke
Merci pour le lien, mon lien pour ce site était mort. Content qu'ils aient pu réussir à repartir.
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