79.
PALE BLUE EYES [THE VELVET UNDERGROUND]
Sur
les trottoirs détrempés, l'espèce mâle me dévisageait
méchamment, comme si j'étais l'usurpateur public numéro un. Je
m'en contrebalançais royalement, je crois même que j'en jouissais
un tout petit peu ! J'aurais aimé qu'Olympia habita de l'autre côté
de la ville pour sentir plus longtemps l'exquise douceur de ses
doigts de fée et goûter le claquement harmonieux de ses hauts
talons sur le pavé mouillé. Las, elle vivait rue de Vaugirard, à
quelques mètres seulement de notre temple : L'Evasion.
J'ai
encore dans les narines la merveilleuse odeur de cire du vieil
escalier sacré...
En
arrivant dans sa chambre, Olympia posa délicatement le troisième
album du Velvet Underground sur la platine. Benoîtement, je pensai
que le plus beau jour de ma vie se résumerait à écouter Pale
blue eyes en me noyant dans le regard océanique de la belle. Je
n'en aurais pas demandé davantage. Cela me semblait déjà plus que
déraisonnable.
La
première face s'acheva, le bras mécanique retourna se reposer sur
son support... Il y eut un silence absolument pas gênant – tel un
délicieux soupir d'éternité... Olympia portait un fin gilet rose
qui devait comporter quelque chose comme un millier de minuscules
boutons de nacre. Elle aurait pu passer le gilet par-dessus son
adorable tête, mais elle décida de le déboutonner lentement
jusqu'au dernier, pendant que je sentais mon âme s'échapper loin de
mon corps !
Ses
seins sublimes dansaient dans le balconnet de dentelle pourpre. Quand
la divine dégrafa son soutien gorge, j'oubliai totalement que mes
meilleurs potes venaient à peine de me virer de notre groupe...
J'admirais ces magnifiques rondeurs à m'en faire exploser la vue,
quand j'entendis murmurer : « Viens doucement lécher nos yeux, ils
te diront toutes les beautés du monde... » L'odeur sucré du corps
d'Olympia manqua de me faire défaillir de plaisir... Je pris son
aréole gauche à pleine bouche et me mis à l'aspirer, la sucer, la
lécher comme si ma vie en dépendait. Ce fut si merveilleux que
j'aurais fait fondre ces magnificences, si elle ne m'avait poussé à
explorer son mignon nombril. Le goût était plus âcre, l'expérience
moins passionnante, mais loin d'être inintéressante !
L'enchanteresse pris une nouvelle fois mon crâne entre ses griffes
pour m’inciter à glisser plus bas. Les parfums se multiplièrent
quand je me brûlai la langue contre ses lèvres humides. J'espère,
un jour, posséder suffisamment de talent pour décrire cette émotion
qui surpasse tous les bouleversements... La tête me tournait et me
tournait encore. Olympia serra les cuisses comme si elle souhaitait
m'étouffer dans le corridor du Paradis. Dans une fraction de
secondes, mon cœur arracha ma chemise, fila à travers l'espace
intersidéral pour aller remercier les dieux et les diables avant de
retourner à son combat d'amour.
Ensuite,
je ne me souviens plus très bien... Je me revois faire de ridicules
vas et viens sur ce corps parfait et j'entends sa voix de sirène
hurler mon prénom, comme si j'étais son chanteur préféré brûlant
les planches magiques de je ne sais quelle scène mythique... La
grande affaire ne dura certainement qu'une poignée de précieuses
minutes, mais j'eus le temps de me cogner plusieurs fois la tête au
plafond du septième ciel. Je sentais des gouttes de sang me
dégouliner des yeux, pendant que les siens devenaient toujours plus
bleus. Finalement, je lâchai mes modestes confettis au milieu des
nuages roses, tandis que ma partenaire fermait ses lourdes paupières.
Olympia
déposa un baiser au fer rouge dans la paume de ma main.
«
Sometimes I feel so happy, sometimes I feel so sad », disait la
chanson...
20 commentaires:
Bon, là, on n'ose pas trop déranger nos deux tourtereaux avec des commentaires forcément superflus.... je me doute quand même que quelque chose (qui ressemble aux lois de la fiction) va faire que ceci ne durera pas... bientôt l'épisode "Rain and tears" (à moins que çà n'est déjà été faite, m'en souviens plus)? Je ferme la porte doucement...
Un récit plein de délicatesse. Mais nul doute que Jimmy va assurément bientôt méditer la maxime de Lemmy "The Chase Is Better Than The Catch".
"Finalement, je lâchai mes modestes confettis au milieu des nuages roses"... toujours ce sens de l'image Jimmy !
Bon, le mal est fait.
On vire les trompettes et on branche les guitares maintenant ou quoi ?
Sans dec', ce passage était obligé mais hyper casse-gueule : le résultat est flamboyant.
Bon, assez rigolé, est-ce que tu as des photos ????? ;-D
Chaud, very chaud… ça fait du bien par les temps qui courent !
Comme je viens d'adhérer à l'Association Internationales des Pinailleurs Qui Cassent les Couilles, je m'interroge sur la syntaxe de "J'aurais aimé qu'Olympia habita…" ! En tout cas, ça sonne lourdingue !
Merci pour ce moment !
Hello Arewenotmen?,
Pas la peine de me prendre par les sentiments, tu ne seras rien de la suite!
Hi l'anonyme,
Etrangement, Lemmy ne me semble pas une référence en matière de romance!
Hola Everett,
Le travail consistait à remplacer le grivois par un peu de poésie.
Hello Keith,
"J'eusse aimé" serait peut-être mieux passé, mais y'a rien de certain!
Ou "j'aurais aimé qu'elle habite" (?!?)
J'ignire purquoi, mais Pale Blue Eyes colle à chaque mot de ton chapitre, même quand tu parles de rose. J'espère pour Jimmy, à voler si haut, que le prochain morceau ne sera pas Cold was the ground... Un chapitre vraiment enchanteur.
Hello Audrey,
Il me fallait le commentaire d'une personne du beau sexe pour savoir si j'avais à peu prêt réussi mon coup.
"Pale blue eyes" colle parce que c'est une chanson aussi belle que mélancolique. "Parfois je me sens heureux, parfois je me sens triste", ici, notre héros se sent les deux à la fois...
Oui, on devine sa peur de vivre un rêve et qu'il s'évanouisse trop vite. Pour moi, tu trouvé un équilibre parfait. Bravo!
Je te remercie encore. J'ai commencé le prochain chapitre et je crains qu'il ne soit pas du même niveau, mais l'histoire réclame des passages moins émouvants, ne serait-ce que pour mieux repartir...
Arewenotmen? a relevé ce que je souhaitai moi aussi souligner. Cherchant un compliment indirect. Comme, pour cela il te sera beaucoup pardonné, même si tu as laissé tombé, un peu, la musique. Dire qu'aujourd'hui rien n'aurait stoppé la musique qui pouvait rouler en continu. Quel chance, ce bras qui revient et ce silence....
Si je m’attendais à pareil résultat en venant musarder nez au vent... Vu l'heure je fonce prendre une douche glacée...sacré épisode. J'ai même vu le bleu des yeux que tu voulais nous monter. Le prochain feuilleton je le lirais plus tôt, par précaution. Merci. Ph
Aah, bien négocié, Jimmy, je suis d'accord avec tous les commentaires précédents, et incidemment je vote comme Keith Michards, pour la fluidité bien nécessaire au contexte ;-)
De plus, le jeune Jimmy va pouvoir en terminer avec la mue et chanter juste en 2 temps 3 mouvements? Et forger dans la foulée un hymne inoubliable et mérité à Olympia ?
Hello Devant,
Ces chapitres sont comme le bras mécanique: un moment de silence avant que la musique ne reparte de plus belle!
Hi Ph,
Il n'y a pas de raison qu'il n'y ai que les Shadoks qui pompent!
Hello DamNed,
Et, après, ça donnerait quoi, la énième aventures d'un petit groupe en vadrouille? J'ai besoin de davantage de drames!
J'avoue que les scènes amoureuses m'agacent fréquemment dans la littérature contemporaine - du moins ce que j'en connais - entre le trop descriptif et le trop elliptique assaisonné à la sauce mièvrerie. Or dans cet épisode ça passe bien. Très bien même. Et pourtant raconter l'émotion de la première fois c'est quand même un sacré challenge. Bravo Jimmy.
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