Pour la beauté du geste (feuilleton électrique) par Jimmy Jimi # 78

78. SONG TO THE SIREN [TIM BUCKLEY]

nez à nénés dans le décolleté sublime de la divine Olympia !

   « Vous êtes complètement cinglé ! Ah, c'est toi, Jimmy, qu'est-ce qu'il t'arrive, t'es devenu dingue ou quoi ? »

   Les dieux, les diables et les papillons devaient se sentir bien penauds pour tenter, ainsi, de sauver le plus beau jour de ma vie...

   « Tu es la dernière personne sur laquelle j'aurais envie de déverser mon averse, ma tempête et mon déluge...

   – Tu crois qu'il faut me préserver parce que je suis « Miss lycée à vie » comme m'a surnommée l'autre pervers de dirlo ? Oh, surtout ne jamais risquer qu'une larme ne vienne gonfler le regard d'Olympia, des fois que ça la défigurait ! Tu penses que ma vie est un rêve parce que tous les types que je croise se noient ensuite dans leur bave ? Tu crois que j'habite au Paradis parce que je suis entourée d'une cour qui répond à des caprices que je n'ai même pas eu le temps d'imaginer ? La belle Olympia ceci, la magnifique Olympia cela, mais vous me trouvez tous tellement inaccessible que j'ai fini par m'ennuyer à mourir sur votre foutu piédestal pourri ! Et qui pour s'intéresser à autre chose qu'à mes nichons ou mon petit cul spirituel ? Je suis navré pour les moches, les boutonneuses ou les grassouillettes, mais elles ne devraient pas trop m'envier : absolument personne ne s'est jamais demandé si j'avais un cœur sous le sein gauche ou un cerveau derrière le visage d'ange...

   – Tu te souviens de notre première rencontre ? C'était en haut des marches du métro Pasteur, je rentrais en sixième... Tu m'as dis que si j'avais eu deux ou trois ans de plus, tu m'aurais laissé te draguer ! Je les ai, aujourd'hui ! Olympia (j'adore prononcer ton nom, ça me fait planer !), moi aussi, je t'ai toujours trouvé inaccessible, parce qu'à côté de toi même James Dean (ou qui tu voudras) se trouverait vilain ! Moi aussi, j'adore loucher sur tes seins et ton cul spirituel... Tout me rend fou chez toi, ta façon de marcher comme le petit geste que tu fais pour ramener une mèche de cheveux derrière tes charmantes oreilles ou le son de ta voix : si tu enregistrais le bottin en dix volumes, j'achèterais l'intégral pour l'écouter avant de m'endormir et m'expédier dans le cosmos nirvanesque ! Mais je te trouve pas seulement belle, élégante et sexy, tu es aussi la fille la plus cool de l'univers ! J'ai essayé de m'intéresser à ton cœur et ton cerveau comme j'ai pu : évidemment, tu le sais pas mais, chaque fois qu'à L’Evasion ou au lycée, je t'ai vu avec un disque ou un bouquin, je me suis acheté le même dans la semaine. Tu vois, je classe mes disques par genres, et mes potes se sont toujours demandés à quoi correspondait la dernière pile ; j'ai jamais répondu, mais cette pile ce sont les disques « Olympia »... C'est magnifique d'avoir des amours secrètes, ça enrichit les rêves, mais j'essaye de pas m'y plonger trop souvent, parce que j'ai un peu peur que ça me rende dingo ! Je sais, ma méthode de drague est pas super au point, elle ressemble à une déclaration qui veut pas dire son nom, et j'aurais jamais osé t'avouer tout ça si j'étais pas tellement malheureux...

   – Je la trouve pas si mal, ta méthode, je suis certaine qu'elle pourrait marcher ! »

   Trois secondes plus tard, nous pleurions dans les bras l'un de l'autre... Je ne me souviens plus s'il pleuvait encore : je m'en foutais complètement !

   Quand Olympia me prit la main pour m'emmener chez elle, le plus difficile fut de renoncer à m'évanouir ! Dans ma tête, un imbécile n'arrêtait pas de chanter (faux): « Tu tiens la main d'Olympia ! Tu tiens la main d'Olympia ! »