mardi 3 mai 2016

Pour la beauté du geste (feuilleton électrique) par Jimmy Jimi # 112


112. EVENING OF LIGHT [NICO]

   « Bon, d'accord, je suis peut-être pas super objective, mais je crois que vous avez rien à craindre de personne, même si j'ai beaucoup aimé la prestation de la charmante Zoé, annonça Olympia. Ne jouez pas trop vite ou trop fort et essayez d'oublier la présence du jury. Si vous ne vous mettez pas une pression extraordinaire, ça passera tout seul, et vous pourrez continuer l'aventure.
   – On a trop attendu, répondit Cyril, j'ai l'impression de pas être dedans... Je suis pas sur que ce soit fait pour nous, ce genre de machins... »

   Panique à bord, l'un de nos moussaillons était pris du mal de mer, alors que le bateau se trouvait encore à quai !

   « Mizanu, c'est à vous dans dix minutes, brailla je ne sais qui. »

   Un petit verre de cognac, un bisou de sa nouvelle fiancée et un rappel de l'enjeu plus tard, et Cyril grimpa le premier sur scène, remonté comme un coucou électrique !

   Nous sûmes que l'affaire était gagnée, dès la fin du premier titre, quand nous vîmes que les autres groupes se disputaient méchamment entre eux, parce que certains de leurs membres n'avaient pu s'empêcher d'applaudir ou de nous encourager.

   Quand ce fut à mon tour de passer derrière le micro, j'improvisai quelques lignes pour Nico car le Rex Club était le lieu privilégié où elle nous donnait rendez-vous chaque année (et tant pis pour les demeurés qui se déplaçaient uniquement pour entendre les deux ou trois titres du Velvet Underground). J'avoue que jouer sur cette scène qu'elle avait foulée (j'adorais sa démarche solennelle et gracieuse (quoique parfois légèrement chancelante), quand elle quittait la coulisse pour s'approcher de son harmonium) m'impressionnait davantage que les attablés qui devaient juger notre prestation. Je dévorai si bien les ondes de l'immense magicienne que cela prit toute la place dans ma mémoire, mais je ne regrette rien, même si cela m'oblige à vous demander de me suivre immédiatement au prochain paragraphe où nous allons connaître les résultats du jury ! (Je ne voudrais pas vous submerger de parenthèses, mais il faut bien noter quelque part la chance que nous avons eu de pouvoir admirer de si près des légendes trop originales pour toucher le cœur du gros public. Quelques jours seulement après le tremplin, devant trois pelés, deux tondus (même pas skinheads !) et une poignée de kamikazés électriques, Alan Vega, plus habité que jamais, nous offrirait un concert d'anthologie sur la même scène...)

   Comme nous n'étions pas exactement au Théâtre de L’Empire en compagnie de Jacques Martin, tout le monde ne gagna pas une panoplie de clown, un magnétophone en plastique et une poignée de tickets pour aller assister au spectacle de Dorothée (actrice chez François Truffaut, tout de même !) en famille, mais l'organisateur fut suffisamment charitable pour ne pas détailler les notes.

   « Je voudrais tous vous remercier pour votre participation, en mon nom propre et en celui du label. J'espère que vous garderez un bon souvenir de cette expérience... Bon, je crois que vous savez déjà quel est le vainqueur ; en tous cas, le jury a été unanime. Notre champion du jour est... Mizanu ! »

   Les jumeaux poussèrent quelques cris de joie pour la forme, mais le périple serait encore bien long jusqu'à la finale, si nous y parvenions jamais.

   Sur le chemin du retour, Polina me félicita pour les quelques mots sur Nico. « C'est qui, encore, celui-là ? », demanda l’incorrigible Richard !







20 commentaires:

Everett W. Gilles a dit…

Même si j'avais avoué un faible pur Bambi 2000 cette victoire est méritée, je suis fier d'être le premier à vous en féliciter !
On sera là pour la finale et on fera du bruit, fais-nous confiance.

Euh ... c''est quoi un harmonium ?? Un gros harmonica ?

Jimmy Jimi a dit…

Hello Everett,
J'ai peur que ce soit trop compliqué à comprendre pour un fan des Ramones! (Voilà ce qu'on récolte, quand on fait l'imbécile). En plus, l'harmonium de Nico était indien (non, ça ne veut pas dire qu'il avait des plumes!) Par contre, j'ai une jolie histoire: Patti Smith (oui, je sais, tu ne l'aimes pas beaucoup) lui en offrit un nouveau, après qu'un salopiaud lui piqua le sien dans les loges. Belle solidarité entre filles...

Everett W. Gilles a dit…

Ca c'est R'n'R !
Sûr que si Dorothée s'était fait piquer son micro (alleluia !!) c'est pas Chantal Goya qui l'aurait dépannée ...

Jimmy Jimi a dit…

N'oublions pas que si Dorothée fut actrice chez Truffaut, Chantal Goya le fut chez Godard: pas si mal!

Everett W. Gilles a dit…

C'est vrai, même qu'elles auraient dû le rester !

Jimmy Jimi a dit…

C'est pas faux non plus!

Keith Michards a dit…

Plus qu'une simple histoire, ce texte est une véritable déclaration d'amour à miss Päffgen !

Jimmy Jimi a dit…

Hi keith,
Une de plus, me concernant. Comme j'ai déjà raconté un concert sur plusieurs chapitres, il me fallait trouver une autre issue: la voilà!

Zocalo a dit…

Et voilà. Je m'absente à peine 3 semaines, et je retrouve une avalanche de posts et un nouveau chapitre des aventures de notre percussionniste préféré. Il me faudra un peu de temps pour bien écouter tout cela. Bien que je trouve un peu bizarre de commenter chaque nouveau chapitre dès sa publication, j'apprécie beaucoup ce feuilleton au long cours. Continue Jimmy.

Jimmy Jimi a dit…

Hello Zocalo,
Il faut dire que trois semaines, c'est fort déraisonnable!
C'est moins bizarre que de ne jamais commenté (si tu voyais les statistiques de téléchargement par rapport aux commentaires...) et ça me stimule fortement.
P.S. : je pense au Corazon Rebelde, mais je n'ai pas encore trouvé le temps de plonger dans mes vieux disques durs (désolé pour l'attente).

Audrey a dit…

Le chapitre est sympa... mais. Oui il va y avoir des "mais"... Je ne pense pas que tu aies réussi à vraiment mettre en valeur son enjeu. D'ailleurs, on a le sentiment qu'il ne t'intéressait pas et que l'hommage à Nico était ta principale motivation. Je sais combien tu es sincère à ce moment-là, mais je pense également que tu manque le coche aussi ici, parce que ton lecteur, quelque part, n'a pas été vraiment impliqué. Tu lui a dit le chapitre d'avant: yeah! va y avoir une compet'. Et quand tu dois l'aborder, tu la sabote pour parler de Nico. Euh... So what? comme dirait mon fils... Bref, je pense que tout ceci est un peu maladroit.
Je suis certain que tu aurais pu trouver une autre occasion pour parler de Nico pour mieux mettre en valeur cette scène. De même, tu aurais pu jouer un peu plus avec le suspense.

Au final, je ne vois plus vraiment l'utilité d'avoir créer cette aparté du concours. Surtout qu'on découvre à la fin qu'il va y avoir d'autres étapes (j'ai pas souvenir que tu l'avais annoncé).

Enfin, fais gaffe aussi à tes effets d'annonce. CA fait un bout de temps que tu nous annonces que ça va aller mal. Je te dirais pour ma part qu'à force, je deviens déçue que ça aille toujours dans le meilleur des mondes. Je me fais des petits films en me disant que ça va se forcer et force est de constater que non. Et que cela devient un peu frustrant. Je dirais qu'on aurait plus l'impression qu'il se passe vraiment quelque chose si justement tout ne se passait pas bien (ça parler de la grande cata que tu annonces). Mais au moins que tout ne soit pas si simple... Qu'il y ait plus d'imprévu.

Bon, tu vas trouver ça sévère, mais c'est aussi des pistes pour toi à réfléchir pour la suite. Dis-toi que le lecteur a des motivations et des perceptions qui peuvent très bien différer de l'auteur alors qu'elles sont logiques par rapport à ce qu'il écrit. Le lecteur ne peut pas être dans sa tête. Il est important de souligner quand les écarts grandissent... :)
Mais (positif cette fois-ci), cela ne veut pas dire que tu as manqué ton coup, tu as tapé à côté de ce que tu avais suscité en moi.

Jimmy Jimi a dit…

Hello Audrey,
Merci pour ta franchise qui est très salutaire.
Comme tu auras pu le remarquer, je n'avais pas posté de chapitre depuis un moment; cela signifie que ce chapitre m'a donné du fil à retordre.
Pour ce qui est de la suite de ce tremplin, ça me semblait évident: un label ne va pas offrir l'enregistrement d'un disque après avoir entendu une poignée de groupes seulement.
Je n'ai pas voulu jouer sur le suspens que je préfère garder pour plus tard.
J'aime bien l'effet montagnes russes, c'est pourquoi j'ai annoncé le drame bien à l'avance mais, ne t'inquiète pas, il va arriver à la fin du tremplin.
Plutôt que de jouer sur ce que tu appelles de l'imprévu, j'ai préféré plonger mon narrateur dans ces souvenirs de Nico; ça me semble plus fin.
Merci encore de prendre le temps de développer ton ressenti.

Anonyme a dit…

ha bah moi Nico m'a plu (logique) mais je suis comme Audrey (d'ailleurs je mets des mais...non mais) je trouve la compétition un peu avortée, je m'attendais à quelque chose de plus frontal, de plus descriptif, la dernière fois j'étais dans l'imagination, je les voyais tous les groupinous tout chouchou à vouloir défoncer la barque, du coup je m'attendais à une sorte de florilège (courts) sur les prestations... alors certes, ça coupe l'attente mais bon un peu trop z'à mon goût

et puis, en fait, j'ai eu du mal à rentrer dans ce chapitre car j'ai dû relire "Un petit verre de cognac, un bisou de sa nouvelle fiancée et un rappel de l'enjeu plus tard, et Cyril grimpa le premier sur scène, remonté comme un coucou électrique ! "

pour deux raisons, la première si le mec a la trouille, lui rappeler l'enjeu me semble lui mettre la pression, et chez moi l'effet coaching bourrin (je l'imagine comme ça, je ne dis pas que c'est que tu dis ^^) ne marche pas (je n'y crois pas, du coup ça me fausse l'effet).

la deuxième, c'est que je ne monte jamais sur scène remonté comme un coucou électrique ^^

Audrey a dit…

En fait, on sent un peu que tu t'es fait piéger tout seul et qu'au lieu d' affronter, tu as esquivé.
Pour Nico je penses que tu tenais l'idée qu'il te fallait mais que tu la sous-exploites. Par exemple, il ne parle pas de Nico mais ne réalise tout qu'une fois sur scène. Et là, il sent en lui sa présence comme un fantôme. Imagine une séquence onirique (fais-toi plaisir question fantasmagorie, et je te fais confiance ). Sauf qu'il est rattrappé par la réalité et qu'il loupe des choeurs ou des interventions. Agacement des membres du groupe. Angoisse d'avoir loupé leur chance. Obligé de mettre les bouchés doubles etc. Je ne dis pas que c'est génial mais le chapitre retrouve son enjeu le lecteur sent un peu plus de tension, projete éventuellement ses propres fantasmes sur cette rencontre avec Nico (ou de son artiste fétiche). Je ne sais pas si sens le truc et ça te parle mais je trouve que tu serais plus avec ton lecteur. Ici, je pense que tu l'as oublié en route par rapport aux difficultés que tu as renvontrés. Tu t'en sors en tant qu'auteur, mais le lecteur n'est pas censé le savoir. C'est toi qui l'as amené ici, tu étais censé assuré
...car tel est ton job "-" (mais je ne dis pas qu'il est facile et que j'aurais fait mieux que toi hein!)

projectobject a dit…
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Jimmy Jimi a dit…

Hello Projectobject,
"Joke certes, mais pas tant..." Justement, moi je trouve même que c'est beaucoup trop. J'accepte tous les commentaires, chacun étant libre dans sa pensée comme de ses délires, mais j'éprouve toujours des difficultés avec la bêtise et la méchanceté gratuite. Quel plaisir peux-tu bien trouver à salir une artiste qui m'est si chère? Quant au problème de pieds qui puent, je pense que tu devrais te replonger dans Gotlib et admirer le portrait de Zappa (puisque tu y fais justement allusion)...

Jimmy Jimi a dit…

Hi Yggdralivre,
Le florilège sur les prestations figuraient déjà au chapitre précédent. Pour le reste, je crois, en effet, que j'ai fais trop vite l'impasse sur celle du groupe.

Hola Audrey,
J'ai cru pouvoir m'en sortir avec une phrase en forme d'ellipse un peu comique, mais je vais revoir ma copie, il y a trop de trucs qui déconnent.

DevantF a dit…

J'arrive après la bataille. Je n'ajouterai rien de majeur. Pour une futur réécriture et surtout si du relie le tout, un chapitre NICO pourquoi pas, mais en véritable aparté alors. Nous sommes habitués à ce que ton personnage s'adresse aux lecteur, alors l'évocation d'une artiste inspirée par les lieux. Ensuite une reprise de l'action. Comme les "opéras" d'une part le lyrisme où l'on y met tout son art d'autre part l'action qui avance, ensuite il y a eu la bonne idée de mixer les deux.
Le commentaire de project? Je suis moins attaché que toi à défendre une artiste, mais la tirade de Project ressemblait à quelqu'un qui souhaite faire descendre de son piédestal une icone ... c'est ce que l'on fait quand on est trop impressionné...

Jimmy Jimi a dit…

Hello Devant,
La nouvelle version est déjà disponible. Je commets des erreurs, mais je me soigne!

projectobject a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.