118.
THE
PRETTIEST STAR [DAVID
BOWIE]
Nous
habitions
tous
à moins
de
cinq
stations
de métro les
uns des
autres.
Nous
aurions
pu nous
croiser
dans un
couloir de correspondance
comme
n'importe
où
dans le
quartier,
mais
le
hasard
décida de ne
pas
s'en
mêler
–
et
je
peux
le
comprendre,
à
la
différence
du
lecteur
qui,
peut-être,
refusera
de
croire
qu'un
si grand
amour
et
une
aussi
forte
amitié
puissent
périr
étouffer
dans
le
silence.
En
vérité,
c'est
le contraire
qui
aurait
été
incompréhensible.
Les
plus
belles
choses
sont
souvent,
aussi,
les
plus
fragiles.
Par
quel
miracle
le
lit d'Olympia
ou
notre
salle
de
répétition
se
seraient
ouverts
sans
que
l'ombre
des ailes
gigantesques
du « Monstre
» n'ai
tout
obscurci
de
son
plumage
noir
? Quand
on barbouille
de fiente
le pur
visage
de l'innocence,
un gant de
toilette
n'y
suffit pas
: l'odeur
nauséabonde
s'incruste
par
tous
les
pores.
La femme
violentée
du
chapitre
précédent
pourra
toujours changer
sa
culotte
déchirée,
le traumatisme
ne s’effacera pas
sous
de
nouvelles
dentelles.
«
Allô
mon
tendre
amour,
allô
mes
chers
amis,
on
efface
tout
et
on recommence
joyeusement
! On va
s'aimer
dans
des bains parfumés à la violette comme
si
rien
ne s'était
passé
;
on
va
parler,
jouer,
s'amuser,
vivre,
comme
si
un
salaud
de
la
pire espèce
ne
nous
avait
pas
déféqué
dans
la bouche,
comme
si
un salaud
de
la pire
espèce
n'avait
pas
lâché une
bombe
atomique
sur
nos
plus
jolis rêves
! Allez,
on
va
faire
une
partie
de
flipper,
jeter
une
pièce
dans
le
juke-box
et
raccorder
les
guitares
! Allez,
hauts
les
cœurs, hardis
petits,
et que
personne
ne me
dise qu'il
a envie
de
pleurer
et
de
vomir chaque
minute
de
cette saloperie
d'existence
depuis
que
notre
vieux
pote
Richard,
le
roi
du
Hit
Parade,
nous
empala
violemment
l'un
après
l'autre
dans
les
toilettes
insanes
de
l'enfer
en poussant
des
cris
de bête
assoiffée
de
stupre
! »
Y
aurait-il
dans
l'assistance
quelqu'un
qui
croit
à
ce
bon
vieux
Père
Noël
ou
qui
espère
encore
que
les
Rolling
Stones
sont
en
état
de
nous
offrir
un
nouvel
Aftermath
?
Les
jours auraient pu défiler ainsi, jusqu'à ce qu'une mignonne
pleurésie m'emporte dans ma vingt cinquième année (dans
ma petite enfance, je
croyais que la pleurésie était le nom de la maladie des gens qui
ont trop pleuré). Il paraît qu'il existe
des
individus
qui se remettent de tout, de la guerre comme du
divorce,
et même d'avoir égaré leur Banana
album
(dédicacé
par tous les membres du Velvet Underground)
dans un énième
déménagement.
On permettra à d'autres d'être un tantinet plus sensibles.
Je
me couchais
chaque soir, mon blouson fétiche
roulé en oreiller et un foulard d'Olympia en guise de doudou pour grand enfant malade, tout
en
attendant la fin... C'était sans compter sur mon bon génie, Oscar
Le Magnifique, l'homme qui alluma la musique dans ma vie, l'homme qui
allait me sauver des affres
de
la déprime.
Je
le revois pousser nonchalamment la porte de la boutique et me
demander, l'air de ne pas y toucher, si j'accepterais de
l'accompagner au spectacle de danse qu'offrait la fille d'un de ses
clients. Etrangement, je répondis oui. Je suppose qu'il existe une
sorte de force mystérieuse qui vous fait comprendre que votre
dernière chance se
propose et qu'il serait assez mal venu
de l'esquiver d'un geste dédaigneux.
Pour
la première fois depuis des lustres, je pris la peine de m'habiller
avec soin.
Dans
le ciel, une étoile, une seule, brillait avec une intensité rare.
19 commentaires:
Cet épisode m'a collé une putain de pleurésie ! Mais peut-être sommes-nous au début d'une nouvelle aventure… auquel cas, je serais mort de rire !!!
Hello Keith,
Sait-on jamais... volupté des contrastes?!
L'humain se remet de beaucoup de choses, c'est juste qu'il y a des degrés dans l'auto-protection.
Le pal, puisque tu le cites ici, s'en remet-on ?
Je ne sais pas, d'après Cocteau c'est un supplice qui commence bien mais qui finit mal ...
Hi Everett,
Merci pour ce joli trait d'humour. Au début, j'avais utilisé le verbe "sodomiser", mais "empaler", c'est à la fois plus doux et plus violent!
Le fait que tu expliques ici davantage le pourquoi du comment (même si dans le faits tu ne dis pas grand chose), le fait est qu'on te crois. Je crois que c'est ce qui manquait. Comme quoi l'équilibre d'un texte est subtile.
J'ignore si le fait que tu termines si tôt ton chapitre par une promesse est une bonne chose. Je dirai que oui, parce que maintenant que je le sais, je n'ai plus envie de rester passif devant notre Jimmy en train de se morfondre mais au contraire, repartir et trouver d'autres rêves même si on se doute que ça ne sera plus jamais pareil.
(trois fois que je retape ce message moi, du coup ça force à l'humilité, la relecture, le zen tout ça tout ça).
ça me fait penser à du yves simon... je ne sais pas pourquoi.
je pensais que la période de décrépitude durerait plus longtemps mais l'image de l'endormissement en blouson et doudou force l'évidence avec brio :)
donc, j'attends la suite (et avec mon bol, ça paraîtra quand je serai loin du net ^^).
Fin (très belle et poétiquement annoncée) ?
Je crois me reconnaître dans ce lecteur incrédule...
Hello Audrey,
L'inconvénient des textes courts, c'est qu'ils ne marquent pas toujours les esprits, même avec des phrases fortes. En revenant sur le sujet, je me fais peut-être davantage comprendre. C'est difficile de appesantir car on est davantage dans la psychologie que dans des faits.
En effet, ce ne sera plus jamais pareil, parce que l'on ne peut se construire de grands rêves tous les quatre matins. C'est compliqué, mais j'avais le désir de plonger dans cette situation où, après avoir frôlé son rêve, le personnage principal doit réapprendre à vivre et le faire avec le poids de la douleur.
Hi Yggdralivre,
J'ai peut-être été vite, mais j'y reviendrais sûrement avec des contre coups, mais je me voyais mal multiplier les chapitres sur la déprime, laquelle n'offre pas énormément d'ouvertures!
Il serait toujours temps de revenir en arrière pour rattraper ta lecture.
Hola Arewenotmen?,
Oui, tu fais parti de ceux qui m'ont poussé à en rajouter un peu sur la rupture, ce n'est pas évident de partager des sentiments aussi difficiles.
Juste un mot également pour saluer la grande pertinence poétique du tire Bowie comme titre de chapitre. Vraiment une très belle idée qui interagit avec ton texte et qui rend ta fin (et du coup ton tout début quand on lit le titre) une note d'espoir en suspension.
Je reste persuadée qu'une vraie confrontation de ton personnage, non pas avec la déprime, mais avec la solitude, avec le réapprentissage de vivre sans son rêve, etc. aurait été un petit plus sans que cela ne lasse le lecteur. Au contraire, je pense que tu nous avais bien préparé à cette confrontation douloureuse.
Disons que cela pouvait être une option. Mais si tu ne la sens pas, la pire chose à faire serait de te forcer sans que toi tu ne sentes le chapitre. Cela nécessiterait sans doute une approche psychologique un peu plus intériorisé (disons plus une option Proustienne que Célinienne ^-^ ).
Mais oui, et après ce petit spectacle de danse, rien de tel qu'une bonne vieille grosse session de flipper, jusqu'à la fermeture du bar, à en faire claquer dans tous les sens cette boule au ventre qui finira bien par imploser.. Vas-y Jimmy, sors de ce scaphandre !!!!!!
Audrey,
Il y aura deux titres à la suite de Bowie, comme il y en a eu deux des Beatles précédemment. Tu as sans doute ou peut-être raison, il y a des milliers de façons d'envisager une histoire, ce n'est pas que je ne le sente pas, c'est que je n'envisage pas de réécrire mes chapitres chaque fois que tu as une autre vision, sinon je n'aurais jamais fini!!! De plus, en faisant plus long, j'ai l'impression que ça m'aurait bloqué ou que c'aurait été trop au cas où mon personnage fasse une petite rechute! Tu parles de confrontation avec la solitude, mais, dans mon esprit, le narrateur n'était pas dans la solitude, il était vraiment dans la déprime la plus profonde, dans la mélancolie (au sens médical et allemand du terme), et je n'ai pas trouvé davantage de mots pour la d'écrire. Comme indiqué plus haut, j'envisage davantage d'y faire allusion par étapes dans les prochains chapitres.
Je vois la dernière partie du texte comme un dernier songe, un dernier délire du héros avant d'être emporté par la maladie et je trouve cela très beau... personnellement, j'en resterais bien là !
Le lecteur est toujours libre de s'arrêter où bon lui semble, certains m'ont abandonné il y a bien plus longtemps.
Ah mais moi ce ne serait pas par lassitude ou déception !
Tant mieux parce que je pense encore avoir besoin de quelques chapitres pour vider le fond de ma pensée.
Hello Nestor,
Hélas, tout, pour moi du moins, ne peut se régler autour d'une partie de flipper!
Suspense... ça sera la "magnificent dance" des Clash ou alors la "danse des poignards" de mam'zelle Nylon ?... Quelque chose me dit que la roue va tourner.
Hello Phil,
En fait, la roue a déjà tourné; désormais, mon but est assez vicieux (je te le livre comme un petit scoop): il consiste à vous détourner de l'atmosphère dramatique jusqu'à retourner au point de départ avant de vous offrir le grand final...
Le point de départ ? Tu veux dire quand Paul a rencontré John à cette kermesse de 57 ?
Sinon merci pour le scoop mais t'as pas peur que tout le monde le lise ?
Enregistrer un commentaire