93. FRIDAY ON MY MIND [THE EASYBEATS]
Le père de Richard lui était tombé dessus, pendant les vacances, en lui assénant le trop fa(u)meux : « Passe ton bac d'abord. » Mais notre dadais avait réagi fort vaillamment en répliquant : « Et pourquoi pas : passe ta licence d'abord, passe ta maîtrise d'abord ou, mieux encore, attend d'être à la retraite d'abord ?! » Il fut surpris de sa propre témérité et nous conta l'événement avec la fierté d'un jeune coq qui vient de détrousser plusieurs poulettes du voisinage dans le même élan d'exubérance ! Mais ne nous gaussons pas, il connaissait enfin les paroles des chansons, et se sentait apte à pénétrer dans l'arène. Nous allions, enfin, pouvoir nous offrir à des oreilles extérieures.
Polina profita des ondes positives pour nous expliquer ses premiers plans : un code vestimentaire élégant et strict : tout le monde en noir et blanc (gris toléré) et mon adorable Olympia promue au rang de manager : « Elle nous connaît parfaitement et sa beauté légendaire devrait pouvoir faire le reste ! Ça m'étonnerait pas qu'elle nous dégote la première partie des Stones d'ici une quinzaine ! »
En attendant de croiser les « Glimmer twins » ou mon cher Ronnie en coulisse, nous décidâmes de jouer tout notre répertoire sans interruption – en mode concert. On aurait dit que nous nous étions quittés la veille. C'est peut-être un peu prétentieux de l'avouer, mais, dès le premier tour, la fusée décolla à merveille ; j'entendis même une tension particulière que nous ne possédions pas aussi nettement auparavant, le supplément d'âme qui peut expédier un refrain au-delà des nuages.
Désormais, pendant que nous répétions, Polina et Isidore (son bientôt fidèle assistant)téléphonaient aux responsables de tout ce qui pouvait ressembler à une salle de concert pour multiplier les rendez-vous. Le bac pouvait attendre, la gloire moins !
Ce ne fut la première partie ni des Rolling Stones ni de votre groupe préféré. Nous commençâmes à la dure, sur la minuscule scène où la majorité des groupes parisiens faisaient leurs débuts : au Gibus Club. Néanmoins, « la beauté légendaire » de mon amoureuse opéra sans doute car Jiri Smetana, l'illustre programmateur des lieux, lui proposa une place en fin de semaine, ce qu'il n'accordait que très rarement pour un premier passage.
Il ne nous restait, quasiment jour pour jour, qu'un mois pour répéter encore, choisir une tenue, empêcher Richard de s'acheter un polo blanc ou noir frappé d'un crocodile, répéter encore, concevoir une affiche, coller ladite sur chaque mur de la capitale, envoyer des invitations à tous les gens que nous connaissions depuis la naissance, répéter encore, rêver tout debout et répéter encore.
C'était il y a mille ans. Depuis, j'ai vécu plusieurs vies et, inévitablement, croisé quelques fois un truc hideux qui ressemblait à s'y méprendre à la mort, mais, alors que j'en finissais avec ce chapitre, des fragrances de presque hier me sont montées aux narines, et ce fut loin d'être désagréable. Oui, en ce début des années quatre-vingt, il y avait des matins qui sentaient délicieusement bons (en vérité (j'écris cela principalement pour la nouvelle génération), personne n'était réellement obligé d'écouter Madonna, Duran Duran, Kajagoogoo ou la cochonnerie de votre choix !)... Oui (toujours, oui), depuis qu'Olympia était revenue de la rue du Faubourg du Temple, nos blousons pas encore râpés s'étaient parfumés des effluves magiques de la scène...
15 commentaires:
Je me trompe ou ça sent le fin de l'histoire ?
Sinon, vous l'avez faite cette putain de première partie des Stones ?!?
Tu te trompes, je vous réserve encore quelques revirements.
Nous avons préférés laisser la main à Telephone qui avait davantage besoin de ce coup de pouce pour se faire connaître!
Hors sujet à détruire après lecture: J'ai perdu nos échanges sur mon blog en décochant l'intégration du module GOOGLE+, et je n'ai pas accès à ma boite perso pour t'indiquer cette disparition ... Pour le feuilleton, forcément, je reviendrai.....
Houlà, voilà effectivement que nous touchons au but. Je cherchais un rapport avec les Easybeats, mais ça y est, capté!
PS: la présentation du texte est bizarre sur la fin, comme si les fantômes de Madonna et autres Duran Duran se vengeaient de ton arrogance à leur égard.
Notre ami Jimmy est comme toujours assez mordant avec certains (Kajagoogoo en effet... et où sont-ils allés chercher un nom aussi ridicule ?), mais voilà une rentrée pleine de promesses (enfin je l'espère pour nos héros), avec un flou savamment entretenu sur la longueur de leurs aventures...
Est ce en effet le début de la fin ou la fin du début ?
Hello Devant,
Ce n'est pas grave, je t'en écrirai d'autres des beaux commentaires!
Hi Audrey,
Effectivement, pas du tout! On est certes plus prêt de la fin que du début mais, comme indiqué plus haut, je vous réserve encore quelques surprises.
Oui, j'ai eu un problème d'alignement que je n'ai pu régler, ça ne m'étonnerait pas que ce soit la faute de ces tordus!
Hola Arewenotmen?,
Vous n'allez pas vous débarrasser de moi aussi facilement, c'est presque le début de la fin mais pas encore tout à fait...
Haaarrrggghhhh
Heureusement que j'ai lu auparavant les commentaires, le zazard d'une de mes compil attaque le titre de Jimmy (Webb, pas du Webb) "By the Time I Get to Phoenix" Une chanson pleine de mélancolie... et me voilà sur la fin de ton chapitre... ce goût de je quitte l'histoire sur la pointe des pieds, je laisse l’histoire continuer sans nous, sans vous. Tu sais comme nous laisser sur un quai de gare, tandis que ce groupe joyeux part sans que nous sachions vers quoi, vers où... Mais, ouf, tu ne nous fais pas ce coup là, nous restons dans la course.
J'embarque tout le monde... Par contre, j'ai hâte de connaître ta réaction quand tu liras la toute fin que tu m'as presque soufflée sans le savoir...
hé !!!!!!
nan mais ô !
qu'est-ce à dire jeune freluquet à peine sortir des plaisirs de la tétine... loin s'en faut que tu évoques même la fin!
nan mais !
pffff !
même pas vrai d'abord!
sinon, ça m'a manqué ta prose... tu aurais dû penser à faire des bouts estivaux, pour les "en manque".
en fait, j'aime bien trépigner devant tes amours (enfin celles du narrateur) avec la beauté du coin, la musique et le reste.
parce que finalement tu me rends nostalgique d'une époque que je n'ai pas connu
bref... les autres vous faisez ce que vous voulassionnez !
mais personnellement au niveau de mon vécu personnel en ce qui me concerne je vote à l'unanimité pour la continuité de ces épisodes jusqu'à ma mort (au moins, on verra pour les générations futures... en fonction de ma douce...)
sinon, un épisode qu'il est bien, qui redonne de l'élan tout en posant les choses dans la continuité.
et le coup du bac, pourquoi pas la licence etc ... j'adore :)
! encore !
Yo !
Arffff, ils ne sont pas nombreux ceux qui après avoir écouté Kajagoogoo ont eu envie de monter un groupe.
Ou alors, et c'est une bonne nouvelle, en réaction. C'est sûrement d'ailleurs en réaction à la daube préformatée ambiante que quelques loustics ont inventé ce putain de R'n'R !! Non ?
Bon sinon, vraiment sympa votre manager de tolérer le gris, c'est bien la tolérance ... élégant et strict ... je te déchirererais ça avec les dents moi, crocodile ou pas !
Welcome back Jimmy K.
Hello Yggdralivre,
Ne t'inquiète pas, j'ai encore quelques chapitres à écrire.
Est-ce que je t'ai déjà envoyé l'intégrale, ça pourrait compenser l'état de manque dans lequel je t'ai plongé par mégarde?
Merci pour ton soutien.
Hi Everett,
Ce n'est pas le manager qui tolère le gris, mais la violoncelliste: faudrait suivre un peu! Un code couleur, c'est important quand il y a du monde sur scène, ça évite de ressembler à la Compagnie Créole!
salut,
j'ai récupéré pas mal de chapitres (ici et avant déjà)...
mais, tout de même, "quelques chapitres" ça reste finalement peu...
(je suis comme Lewis Caroll, jamais de tasse de thé assez grande, jamais de livre assez épais ^^)
à moins...
à moins... qu'un autre projet soit sous le coude :)
C'est dans la boîte!
Go Jimi, Go !!
Au Gibus ou n'importe où ailleurs, j'irai au premier rang !
The show must go on, et Téléphone n'a qu'à bien se tenir.
Nestor B
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