Cyril
avait eu la lumineuse
idée
de nous
proposer de débuter
ce titre
comme
s'il s'agissait d'un final
furibard.
Pendant
que Guillaume martyrisait consciencieusement
fûts
et
cymbales, tel le rejeton halluciné d'un
Keith Moon placé
sur
orbite,
la
horde sauvage poussa le
volume
des
amplis
dans le rouge foncé
et
appuya
violemment
sur toutes
les pédales à
porté de pieds.
En quelques secondes, nous construisîmes une merveilleuse cathédrale
de
boucan avec son
lot de gargouilles écarlates déversant sa lave
de larsens brûlants. Quand
les guitares se turent et que les spectateurs pensèrent pouvoir
sauver une oreille, la trompette hurla aux étoiles jusqu'à ce que
la lune s'évanouisse dans un cri d'éternité !
Il
était temps
que
le couplet arrive avant que le public ne se noie dans un bain de
cérumen
! La
chanson s'intitulait : Coma,
résultante de mon séjour dans les abysses de
la déchéance amoureuse...
Richard pris sa plus belle voix de crooner gothique et lança sur les
cendres : « Et nous en sommes encore... et nous en sommes encore à
nous ouvrir la
peau
pour
mêler nos rouges. Les tables ont tournées, les masques parlent,
écoute, écoute ce qui coule des murs... » (Ici,
on pouvait l'excuser de ne pas comprendre tout ce qu'il chantait.)
Polina
mit toutes ses anciennes craintes dans son archet et les lourds
accents graves du violoncelle
déchirèrent
alors les chemises, éclatèrent
les
agrafes de soutiens gorge, et les âmes sensibles purent pleurer tout
leur saoul.
De
la salle, on aurait pu croire que je giflais
méchamment
mon tambourin. En fait, c'était tout le contraire : je le caressais
en songeant aux doux
visages d'un nain et d'un géant muets,
les
compagnons
de coma que je vous ai présentés, il y a quelques chapitres...
La
jeunesse
(même
celle
qui
s'éternise)
attend
ça
du rock
et
du roll,
qu'ils l'expédient en
une
poignée
de
mesures
vers
des
vertiges,
qu'ils
n'hésitent
pas,
de
temps
à
autre
et même
un
peu
plus
souvent,
à en
faire un
peu,
beaucoup,
passionnément trop.
Les
décharges
électriques
accélèrent
les
battements
cardiaques
comme
le
rythme
du
temps.
En
cela,
le
guitariste
est
le
prince
des
magiciens
; il
peut
déchirer
l'ennui
comme
le
sabre
découpe
une
épaisse couche
de brouillard.
Un
soir
où
il
était
passablement
alcoolisé
(au cognac
Rémy
Martin
(Faces'
drink
!)),
Christophe
me
demanda
si
je
ne pensais
pas
que
les
guitaristes
étaient
des
samouraïs
de
l'ère
moderne
!
Ne
croyez
pas
que
j'essaye
de
vous
perdre
au
milieu
des
digressions,
nous
sommes
encore
tous
ensemble
sur
le
plancher
tanguant
du
Gibus,
et
je
tente
seulement
de
vous
faire
partager
l'état
d'esprit
et
les
émotions
qui pouvaient
parcourir
le
groupe
au
moment
où
il lançait
ses
plus
vifs
éclairs.
Le
provocateur
qui
avait
jeté
: « Rock'n'roll
! » au
titre
précédent
se
trouvait,
désormais,
agenouillé
au
pied
de
la
scène
et,
les
yeux
plus
mouillants
que
mouillés,
il
en
réclamait
toujours
davantage.
Il
voulait
se
faire
expédier
en
enfer, qu'on
lui
en
donne
encore
de
la
musique
du
diable
qui
carbonisent
les
oreilles
mais
réconforte
le
cœur
en l'entraînant dans des contrées insoupçonnées !
«
Coma ! Coma ! Coma ! » hurlait innocemment Richard, pourchassé par
la meute en délire. La
chanson s'arrêta net et une voix venue de nulle part lui répondit
de n'être point trop impatient...
16 commentaires:
Wouahhhh, je devrais revenir commenter. Pour l'instant j'ai juste envie de dire que je vous propose Druillet pour les dessins....
J'aime bien cette image de guitariste-samouraï !
Par contre, se pinter au cognac c'est pas très wock and woll !!!
Heu... c'est quoi ce titre de Nirvana? C'est la contaction de Come as you are?
L'abondance de points d'exclamation et d'hyperboles font lorgner très fort du côté de Céline question style, je trouve. A plusieurs reprisess, j'ai été surprise par ces "!" un peu trop systématique. Mais du coup, cela traduit plutôt bien l'emphase et l'enthousiasme qui semble animer la salle.
J'ai un petit peu tendance à trouver que tu exagères un peu la réaction de la salle. J'ai du mal à imaginer un tel enthousiasme pour un groupe inconnu.On a ici l'impression que tout se passe comme dans un rêve. C'est peut-être moi qui suis pas normale mais tout est si parfait que le concert en devient comme irréel.
Par contre, la contrepartie de tout ça, c'est qu'on sent que le groupe "plane" littéralement, comme s'il était porté par ce public et la jubilation de sentir qu'on avait finalement raison seul contre tous.
C'est marrant parce que j'ai revu hier soir "Control" qui retrace les 3 dernières années de Ian Curtis (vraiment un superbe film). Je me demande l'effet que ça faisait de recevoir une telle musique sans jamais l'avoir jamais écouté. Et je me demande aussi comment 4 types aussi quelconque et aussi banals (on va dire 3 types, parce que Ian Curtis n'était quand mêmes pas comme tout le monde) ont pu créer un telle musique. A aucun moment, ils ne donnent ce sentiment de se savoir si au-dessus de tous... Ils jouent parce qu'ils n'ont que ça dans leur vie... Mais là, je fais un peu du hors-sujet.
Donc juste pour te dire que du coup, quand j'ai lu ton texte, je ne cessais de me sentir à la fois sur la scène et dans la salle, parce que tu joues avec ça, mais aussi parce que ton texte tape pile là où j'en étais hier soir.. Et que je me disais soudain que tu avais dû monter un très grand groupe pour obtenir de telles réactions spontanées. Et je me demandais si c'était vraiment ce que tu avais vraiment en tête...
Hello Devant,
C'est vrai qu'un beau dessin de Druillet en aurait davantage jeté que ma guitare un peu trop passe partout (mais c'est pour ne pas écraser mon petit texte!). A plus tard...
Hi Keith,
Les Faces étaient un des plus grands groupes de wock and woll du monde et le cognac fut leur potion préféré (so chic!).
Hola Audrey,
Désolé pour le titre, je me suis emmêlé les pinceaux (la correction est faite).
J'utilise souvent beaucoup les point d'exclamation et je ne trouve pas qu'il y en ai plus que d'habitude. Si ça peut t'aider à continuer à me comparer à Céline (mon romancier préféré), j'en mettrais encore davantage à l'avenir!
Dans ce chapitre, la salle réagit fort peu (à l'acception du provocateur), elle est plutôt submergée. Cependant, c'est vrai qu'il y a une notion de rêve comme d'irréalité car c'est exactement ce qu'on ressent lorsqu'on est sur scène.
J'ai beaucoup aimé "Control" et Joy Division fut un des groupes les plus importants durant mon adolescence.
Personnellement, j'ai peu goûté aux réactions enthousiastes de la part du public, mais, ici, je peux magnifier l'affaire à ma guise (en plus, c'est important pour la suite).
Merci pour tes longs commentaires qui me sont toujours très précieux.
Relis, tu verras qu'il a des phrases très fortes sur le public:
" Il était temps que le couplet arrive avant que le public ne se noie dans un bain de cérumen !"
"Polina mit toutes ses anciennes craintes dans son archet et les lourds accents graves du violoncelle déchirèrent alors les chemises, éclatèrent les agrafes de soutiens gorge, et les âmes sensibles purent pleurer tout leur saoul."
"En cela, le guitariste est le prince des magiciens ; il peut déchirer l'ennui comme le sabre découpe une épaisse couche de brouillard."
" Le provocateur qui avait jeté : « Rock'n'roll ! » au titre précédent se trouvait, désormais, agenouillé au pied de la scène et, les yeux plus mouillants que mouillés, il en réclamait toujours davantage. Il voulait se faire expédier en enfer, qu'on lui en donne encore de la musique du diable qui carbonisent les oreilles mais réconforte le cœur en l'entraînant dans des contrées insoupçonnées !"
Tu as raison dans le fait que ce n'est pas forcément les réactions du public, mais tu évoques beaucoup ce que la musqiue que le groupe crée et joue est censée provoquée sur lui. Ou sur la magie qui s'opère, si tu veux, dans l'alchimie entre les musiciens. Quand je parlais d'hyperboles , c'est un peu ça. Bref, tu places la barre très haute. Quand je lis ça, j'imagine un groupe effectivement capable de détrôner le Velvet, les Stooges ou Tom Waits.
Pour ma part, si j'avais dû me lancer dans ton histoire, j'aurais fonctionner en deux temps: un premier "logiquement" foiré, avec engueulade à la clés après pour savoir qui est le responsable, puis remobilisation pour s'améliorer et se surpasser en tenant compte de ce qui avait foiré. Et là, naissance d'une nouvelle étoile qui brille dans les cieux du rock ou naissance du papillon sortant de sa chrysalide. Euphorie d'avoir été comme touché par la grâce (c'est-à-dire ce que tu montres ici). En tant que lecteur, je me sentirais plus prête.
Mais, je sais qu'il est très diffcile d'agencer une telle histoire avec ton procédé narratif. Je suis pas sûr que ça aurait fonctionné. Cela aurait été juste peut-être plus "crédible".
En fait tu as fusionné deux instants différents et très disctincts pour moi:
- Le premier concert
- La magie d'une alchimie qui se révèle sur scène
Difficile dans ma tête de les voir fusionner... Je ne sais pas si ça t'aide ...
Yo!
Henry Rollins, la horde sauvage et les soutien-gorges qui se dégrafent, je fais moi aussi l'impasse sur le cognac que nos amis rappeurs ont remis au goût du jour mais à part ça tout va bien. Je me rapproche du premier rang...
Euh c'est moi EWG, je pirate une connexion là...
Hello Everett,
Qu'est-ce que vous avez contre le cognac, excepté l'armagnac, y'a pas mieux?!
Je vous conseille les cognacs russes ou arméniens plus doux et fruités... on les trouve dans les épiceries russes... ou alors, passez à la maison !
... plus doux, çà dépend... Belle Maman m'en a ramené un récemment, originaire de sa région (le Kouban, entre Ukraine et Géorgie) qui avait du muscle ! En plus, ils sont moins chers que les cognacs français. Essayez les vins géorgiens aussi (le saperavi, très bon avec la cuisine méditerranéenne).
Hello Arewenotmen?,
Du cognac russe et pourquoi pas du saké italien pendant qu'on y est! Enfin, pourquoi pas...
Eh bien je t'assure mon Jimmy et c'est même une vieille tradition qui produit de très bonnes choses ! A consommer toutefois en évitant de tomber dans le coma...
... et puis il y a bien de la vodka suisse et française...
Mais parlons un peu littérature mon cher Jimmy ! Je t'ai déjà dit mon admiration pour l'intensité émotionnelle et sensorielle de ce moment clé (de voute ?) de ton feuilleton, mais personnellement, je piaffe d'impatience de découvrir la suite des aventures de notre héros...
Je n'ai rien contre rien, mais je demeure méfiant. C'est vrai qu'aujourd'hui, tout le monde fait tout, parfois avec réussite, mais il existe aussi beaucoup de n'importe quoi.
Moi aussi, j'ai hâte de vous faire découvrir la suite, mais il ne faut pas s'emballer.
Cognac? Armagnac? Comme si on faisait un Dakar en Amérique du sud.
Marrant comme le commentaire de Audrey oriente la lecture. J'ai parlé de Druillet - j'ai pensé au "Electric Lady.." de Hendrix refaite par Druillet - surréaliste, psychédélique, ça déborde de partout. Et pourtant l'attelage est plutôt bien tenu. Comme un fabulateur de talent, tout est probablement faux mais quelle belle fable sur le Rock & Roll. Cela devient irrationnel, fantastique et magique? La vraie difficulté sera soit la descente soit la surenchère. Le retour à du réalisme? Pas pressé.
Hello Devant,
Je crois que la vie elle-même n'est pas très réaliste!
Marc-Edouard Nabe a consacré un roman (pas une bio) à la femme de Céline et, dans la préface, elle a écrit: "Tout est vrai comme dans un roman." Dans tes dernière phrase, tu évoques la descente, la surenchère et le réalisme. Eh bien, figure toi que tu devrais avoir droit au trois et dans cet ordre là.
... Pour le réalisme, pas pressé ai je espéré!!
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