mardi 19 janvier 2016

BOB FORREST ~ Survival Songs [2015]


"I sleep with the TV on so I don’t feel so alone…"
C’est décidé, on ne me la fera plus celle-là. Laquelle ? Ben, l’histoire de l’ex-… (là, vous mettez ce que vous voulez : punk, hardcore, grunge, metalleux ou autre). En général, mon truc c’est plutôt punk. Ex-punk, quoi. L’ex, donc, qui tourne roots-rocker solo acoustique et tout le tintouin. En un bref instant de lucidité envers moi-même et la mono-maniaquerie qui m’attire vers ces innombrables tordus, j’ai décidé que, merde alors ça suffit ! Ces moments (de lucidité s’entend) sont rares chez moi, c’est bien pour ça que je vous prends à témoin. Et là, ça tombe bien parce que le Bobby en question coche toutes les cases : la voix atypique, la gueule burinée, le chapeau, les cheveux longs, les lunettes, l’humour féroce et auto-destructeur, les textes tournant autour, au hasard ici, de la coke et l’hero. Concernant la dope, le gars est allé au bout mais a miraculeusement pu en revenir pour nous en parler. Il en a fait son boulot d’ailleurs, d’en parler et d’aider les gens comme lui, mais on s’éloigne là. Enfin, on s’éloignerait si ce disque parlait d’autres choses. "Mes dents sont si pourries que j’peux même plus mâcher mes céréales préférées" : faut lui concéder ça à Bob, on a déjà lu moins parlant et plus moralisateur. S’apitoie pas non plus sur son sort, chacun appréciera. Son passé musical tourne lui autour de loustics qui me font pas monter au plafond, ça va m’aider dans ma rédemption. Il paraît qu’il reprend ici des morceaux de ses précédents groupes, ça nous fait une belle jambe. Bah, ceci-dit c’est pas si mal tiens… Oui, parce qu’en fait, je l’écoute au moment-même où je vous en parle. C’est la deuxième écoute. J’arrive au dernier morceau, c’est pas trop tôt. Merde, attendez un peu, ça m’avait pas frappé la première fois, mais cette voix féminine, nom de dieu de bordel de merde… Stop ! Arrêtez tout, arrêtez tout je vous dis, et surtout ne me faites pas confiance ! Oubliez tout ce que vous venez de lire et écoutez ce disque toutes affaires cessantes. On a tous besoin de trucs pour survivre, Bob Forrest avait sans doute besoin de Survival Songs. Alors non, bien sûr, le mec n’a pas inventé l’eau tiède, mais vous le connaissez, vous, le mec qui a inventé l’eau tiède ? 
Everett W. GILLES (Merci d’avance pour vos commentaires !)
P.S. : Le gars Bob ne fait même pas du neuf avec du vieux - et on s'en fout ! Il fait et c'est plus que beaucoup. En période de crise, les troubadours reviennent toujours au galop : il parait, en ce moment, un disque de folk blues toutes les demies heures, alors pourquoi lui ? Sur le premier titre, tel un pitbull enamouré, il prend à la gorge; ensuite, il prend aux tripes. Je ne suis même pas certain de pouvoir expliquer ni pourquoi ni comment. Je crois qu'il a le truc (le grand truc) et voilà. Ces chansons de survie, il les a composées pour lui, mais, coup de bol, elles peuvent fonctionner pour tout le monde. Je ne vais pas vous implorer, mais vous auriez grand tord de passer à côté. Le type n'a peut-être pas inventé l'eau tiède, comme l'écrit l'ami Everett, mais son disque est plein de larmes chaudes (même s'il demeure toujours digne). Ce n'est rien d'écrire que ça réconforte.
Jimmy

01 - See That My Grave Is Kept Clean
02 - Song Of The Songs
03 - Cereal Song
04 - Sammy Hagar Weekend
05 - Looking To The West
06 - Body & Soul
07 - Off-Street Parking
08 - Lena Horne Still Sings "Stormy Weather"
09 - Not Going To Do It Again
10 - Anymore
11 - You've Gotta Be Kiddin' Me
12 - Elvis, We Are Waiting For You!
13 - Truth, Chaos & Beauty (Peace In The Valley)
MP3 (320 kbps) + front cover
Waiting for you with BM213



13 commentaires:

Fracas64 a dit…

On va donc écouter ça: recommandé si chaudement, cela ne peut qu'être intéressant!

nestor b a dit…

Merci pour la découverte, des chansons de survie ça peut toujours être utile !
Pour info, l'eau tiède a été inventée en 1972 près du lac Léman par une bande de rockeurs dont je vous laisse trouver le nom. Allez quoi, le premier qui trouve ...

Arewenotmen? a dit…

le chainon manquant entre Neil Young et Dick Annegarn ?

Jimmy Jimi a dit…

Hello Everett,
En ce qui me concerne, j'adorai écouter une anthologie de vieux punks ayant coupé l'électricité. Ici, j'ai souvent pensé à Chris Bailey (il y également un titre qui fait songer à l'immense Rod Stewart de la grande époque, mais j'ai bien peur que tu ne puisses pas comprendre de quoi je veux parler). En ce qui concerne la chanteuse, vu que tu n'en aimes qu'une seule, ce n'était pas trop difficile à trouver! Merci pour cette découverte, je l'ai écoutée en boucle pendant trois jours.

DevantF a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
DevantF a dit…

Bon, étant au boulot, je ne peux que baver et espérer que ma mémoire de poisson rouge lysergiquement alzheimeïré ne va pas oublier de prendre l'album ce soir.
Pour commencer, le chapeau, je rêve de savoir porter un chapeau dans un monde où tout le monde porte un chapeau (en habit de Superman se serait même top, mais restons modeste)
Le reste de ta présentation couplé à ta personnalité qui donne déjà une bonne indication, même plus besoin de tiquette - et tu sais quelle exigence j'ai sur les tiquettes - a fait le reste...
L'eau tiède? C'est quand même l'histoire d'une personne qui en avait ras le bol des éviers avec deux robinets séparés!!! Ceux là, je les embrasse (pas les robinets, hein!)

Unknown a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Audrey a dit…

Bon, si vous vous y mettez à deux pour qu'on écoute... On va écouter.
Le premier morceau m'a pas trop accroché. Parce qu'en fait j'avais pas envie d'entendre ça, trop "classique". Puis le 2eme et le 3eme, je m'y suis davantage retrouvée. Et le gars chante avec une vraie sincérité, et ça pour moi, c'est tout de suite un plus. Et puis, ce dépouillement m'a emporté.

Mais j'avoue que je serais plus actuellement dans l'esprit d'écouter Peter Case dans un genre un peu voisin, si je devais me ettre un disque (aps encore fini d'en faire le tour de celui-là).
Donc je le mets de côté car, depuis le début d'année, j'ai plus envie d'écouter des musiques plus ancrées dans des sons d’aujourd’hui''hui, limite electro. Bref, des trucs qui ont au moins intégré l'influence de Bowie ^-^ (mais y a aucune raison que je n'y revienne pas parce que, en tant normal, j'accroche assez sur ce genre de disques).

Everett W. Gilles a dit…

Yo !
@Frac' : tu sais que tu peux nous faire confiance ... enfin, surtout à Jimmy !
@NestorB : ah ouais tiens, j'y avais pas pensé à l'eau tiède de Montreux. Ouais, le mode survie peut vide devenir à la mode ...
@Arewe : y a clairement un peu de tout ici, Annegarn, pourquoi pas ?
@JJ : d'abord un grand merci pour ce ps passionné, ensuite oui c'est bien elle. Rod Stewart j'ai écouté de vieux trucs en cachettes et ici un Song Of The Songs limite celtique peut effectivement ... Excellente idée que tu me glisses là en douceur, je vais mettre le temps mais j'accepte le challenge !
@Dev : si tu oublies de le prendre je penserai à te le rappeler, j'ai envie d'avoir ton avis tu m'as l'air en pleine forme littéraire ces temps-ci !
@Audrey : Case et Forrest me font ressentir la même émotion, à peu de choses près. Comme le dit Jimmy ce n'est pas l'offre qui manque dans ce genre de musique mais la grâce ne touche pas tout le monde. Quand tu y reviendras, ça viendra !
Thanxalot Kids

DevantF a dit…

Ce matin, les oreilles toutes fraîches, je me suisé couté l'album, me suis arrêté à "Sammy Hagar Weekend" et pas mal repassé "Truth, Chaos & Beauty (Peace In The Valley)" par ta faute un peu mais pas seulement, je n'ai pas réussi à mettre un nom sur la chanteuse.
Sinon? Pendant très peu de temps j'ai regretté de me passer cette musique un matin, je penchais pour un soir à la cool, un peu fatigué par une dure journée de citadin privilégié. Mais rapidement la sérénité de l'ensemble m'a gagné. Au moment où j'écris le mot sérénité, je me refais un survol, tellement cette sensation me semble inadapté avec ce que le bonhomme raconte d'après ta chronique, car le texte m'échappe. (au passage on a la sensation qu'il repasse sur sa voix?) "Song Of The Songs"; "Cereal Song" tu sais quoi, m'a fait penser, non pas au titre, mais à ce qu'il dégage: dans "Il était une fois dans l'ouest" les scènes consacrés aux personnages Cheyenne qui a le droit à une mort ... de bien vécu, quasi cool.
Voilà. Et cette voix fragile et parfois cassé... Pourquoi je pense encore à cette façon de "mal" chanter de "David Thomas"
Et ce "Looking To The West" pas beau l'arrangement?
Bon alors, la dame c'est qui?

Everett W. Gilles a dit…

Yo Dev, l'ambigüité ça fait partie des trucs qui nous bottent, soir-matin, sérénité-dureté, ce mec nous donne à écouter et à réfléchir, ça fait beaucoup ...
La Miss c'est Carla Bozulich et Carla Bozulich elle a le nom et la voix les plus cool du business !!
Un grand merci pour ton retour (très) inspiré !

Anonyme a dit…

quand cet album est sorti, je me suis dit "encore un vieux qui fait dans le pathos, c'est chiant c'est mode "Cash""... et puis je me suis repris, j'avais dû allumer ma tv une fois de trop et voir notre djoni faire pareil et tout confondre... alors au milieu des nouveautés pailletées que l'on retrouve partout ou presque, j'ai pris l'album et surtout le temps de l'écouter (en partant plus tôt au boulot pour avoir le temps de faire un détour et de profiter d'une voix chaude et rocailleuse dans les frimas hivernaux, tout un programme)... bien m'en a pris...
c'est exactement ça : un album de folk blues par un mec qui se souvient de ne pas oublier qu'être jeune c'est comme la sagesse : c'est une posture.
un album bien foutu, produit, musicalisé, écrit et chanté... simple, sobre, puissant...
je suis donc heureux de le retrouver ici :)

Everett W. Gilles a dit…

@Yggdra : oui, il y avait plein de raisons de passer à côté voire d'ignorer ce disque et ce bonhomme ...
Ceux qui ont tenté le coup malgré tout ne l'ont pas regretté semble-t'il !
Merci de ton passage.