mardi 31 mars 2015

Pour la beauté du geste (feuilleton électrique) par Jimmy Jimi # 81


81. MR. TAMBOURINE MAN [BOB DYLAN]

   Ils ne quittèrent leur délire que pour s'enfoncer laborieusement dans un autre. Polina fut fortement poussée par la bande de trouillards afin de m'exposer le plan sournois.
   « Il est hors de question de continuer le groupe sans toi. Si tu refuses, tant pis, on se lancera dans un fanzine ou je sais pas quoi... On va pas reparler de ta voix... par contre, on trouve tous que t'assures un max au tambourin et aux maracas...
   – Vous voulez que j'abandonne le micro pour devenir Mr. Tambourine Man ? Vous m'excuserez, mais je suis pas certain de trouver ça hyper motivant...
   – C'est pas tout, on adore aussi tes textes, tu le sais... Notre idée, c'est de trouver un bon chanteur qui écrirait pas ses paroles... On voudrait aussi t'offrir un moment particulier à la moitié et à la fin des concerts. Tu pourrais te servir de tes longs poèmes en prose, t'aurais qu'à les lires, les hurler, les murmurer...
   – Tout sauf les chanter, merci, je crois que j'ai bien pigé...»

   Entre nous, les yeux dans les mots, j'étais moins que peu motivé : je fus pris d'une grosse envie de fuir pour retourner pleurer dans le décolleté d'Olympia ! Qui voudrait être le gentil petit camarade tambourinant au fond de la scène (entre les fesses du batteur et la sortie de secours), pendant qu'un inconnu s'éclaterait sur le devant en chantant ses textes (non, pas les siens, les miens !) ? Qui souhaiterait risquer le ridicule en jouant les Antonin Artaud de pacotille hurlant de la prose abstraite en plein concert ?

   J'eus un mal fou à retenir mes larmes. Je voulais qu'ils foutent le camp de ma chambre en emportant bien loin leur projet à la khôn ! Quand un rêve se brise, je crois qu'il n'est pas nécessaire de s'entailler avec les bris de verre. Mes heures de gloire, je les imaginais désormais enroulé dans les draps d'Olympia. J'eus envie de hurler son nom à la lune, mais elle n'avait pas encore paru, et je savais que ces imbéciles seraient capables de tout abandonner si je ne les suivais pas dans leurs extravagances...


   Evidemment que je finis par accepter ! Vous avez déjà entendu parler de l'appel de la musique ? La passion l'emporte toujours même s'il lui faut casser des noix de coco sur le dos de la raison ! Je crois que je me serais contenté d'un rôle de joueur de castagnettes (avec l'élégant costume qui sied bien) pour faire parti de l'aventure!

   Je vais laisser Olympia terminer ce chapitre : « Attention ! t'imagine pas que je vais supporter d'avoir un pauvre boyfriend qui joue les utilités, je vais te faire bosser comme un dingue jusqu'à ce que tu deviennes le nouveau Jerome Green ! Pour les textes, je pense pouvoir me satisfaire de trois très belles chansons d'amour ! »

    

lundi 30 mars 2015

IAN SIEGAL ~ The Picnic Sessions [2015]


"Don’t bogart that rhum !" 
Chuck Prophet et Seasick Steve, j’aurais pu, j’aurais du m’en charger mais, voilà, entre ma toujours croissante fainéantise (je sais, pas vous…) et la nécessité absolue (oui absolue, c’est vous dire si je suis paresseux) de vous présenter leur derniers disques respectifs, Jimmy est intervenu et c’est heureux. Mais bon, ma grande gueule n’est pas feignante elle, et je l’ai ramenée comme quoi vous alliez voir ça, tu allais voir ça Jimmy, pour me faire pardonner, hé ben, mon prochain post plus British que ça on trouvera pas. Et, en plus, un truc tout récent, la totale quoi. Ça tombe bien, Marc Almond vient de sortir un disque très… Marc Almond, en collaboration avec le compositeur-producteur de Britney Spears (ça, c’est pour le côté pervers qui vous aurait manqué s’il avait manqué) Et puis, j’ai craqué, le galop, le naturel, tout ça quoi. De toute façon, je ne pouvais plus écouter ça tout seul dans mon coin : Ian Siegal, Alvin Youngblood Heart, Jimbo Mathus, Cody et Luther Dickinson embarqués dans le même bateau. Ce bateau, c’est le Zebra Ranch, la légendaire demeure familiale des frangins, la stèle en pochette de Dixie Fried est au fond du jardin. Ils appellent ça Back-Porch music dans le sud. Des States, du sud des States bien sûr, je vous ai bien dit que j’avais craqué. On s’assoit tous ensemble autour de quelques micros, on branche un magnéto, on attrape tout un tas d’instruments qu’on ne branche pas, eux, et c’est parti. Que ce soit en terme de matos nécessaire comme d’atmosphère propice, on pourra considérer que la Maison Dickinson n’est pas le plus mauvais choix du pays pour ce genre d’initiative. Quelques heures de répète et on enregistre, les chansons comme les vannes qu’on se sort entre deux. Le contenu ? Des originaux écrits pour l’occasion par Siegal, des reprises dont certaines du même Siegal (vous l’aurez remarqué, son nom est écrit plus gros sur la pochette), quelques traditionals et des trucs dont tu sais plus trop à quelle catégorie ils appartiennent, tentez-voir l’énormissime Beulah land ! Pour vous donner une idée disons qu’on tient là une version moderne du fantasme qu’on a tous eu (non ?...) d’écouter J.J. Cale, Tony Joe et Fogerty ferrailler ensemble gentiment comme si on n’était pas là. On peut aussi changer les noms, c’est vous qui voyez. Les intonations waitsiennes de la voix de Siegal (un Waits qui saurait, ou voudrait, chanter) ne gâchent rien à l’affaire. Pas plus que le fait qu’il soit aussi British que Marc Almond.
Everett W. GILLES (Merci d’avance pour vos commentaires !)














01 - Stone Cold Soul
02 - How Come You're Still Here
03 - Heavenly Houseboat Blues
04 - Beulah Land
05 - Keen & Peachy
06 - Wasted Freedom
07 - Gallo Del Cielo
08 - Hard Times (Come Again No More)
09 - Talkin' Overseas Pirate Blues
10 - Only Tryin' To Survive
MP3 (320 kbps) + front cover

samedi 28 mars 2015

ARTISTES DIVERS ~ Le Rock D'Ici - Volume 6 (par Approx) [HMC. 2015]


Le rock français : trop facile, un rapport avec la France, une dose de "nouveauté" et un peu de transgression. Un élixir de jouvence en somme, un moyen de rester éternellement adolescent. Pour nous accompagner dans ce voyage au pays de la bêtise, de l’arrogance et de la poésie, un expert : le meilleur chanteur français du monde : Jean-Luc Le Ténia. Si cette compilation, sous le haut patronage de Monsieur Sardou a une seule utilité, c’est de nous faire nous poser la question : le rock français de qualité est-il nécessairement de droite ? Si cette compilation a une deuxième utilité, c’est de nous rappeler que Sloy fut certainement le meilleur groupe de rock français du monde. Si cette compilation a une troisième utilité, c’est d’être la première (la seule ?) à proposer un titre de Jean-Louis Murat (plus de 10 minutes, j’en connais certains qui vont souffrir). Si cette compilation a une quatrième utilité, c’est de nous rappeler que Cheveu est certainement le meilleur groupe de rock français du monde. Prends ta dose (de rock de droite) et dis Fuck !
APPROX (Merci d'avance pour vos commentaires !)
P.S. : vous pouvez retrouver la suite sur :
http://approxbutfair.wordpress.com



01 - KLUB DES LOOSERS - Au Commencement
02 - JEAN-LUC LE TÉNIA - Tawnee Stone 
03 - JULIEN GASC - Fuck 
04 - ELISA POINT - Beau Vieillard 
05 - JEAN-LUC LE TÉNIA - Les Yeux Marrons 
06 - ANTENA - The Boy From Ipanema 
07 - JEAN-LUC LE TÉNIA - Ténia On Ice 
08 - LIZZY MERCIER DESCLOUX (et Patti Smith) - Morning High 
09 - JAC BERROCAL - Sacré (
10 - JEAN-LUC LE TÉNIA - Fabriquer Du Lapin 
11 - JEAN-LOUIS MURAT - Nu Dans La Crevasse 
12 - LES RITA MITSOUKO - Galoping 
13 - BARRICADE - Ah Qu'Elle Est Triste Cette Soirée 
14 - JEAN-LUC LE TÉNIA - Les Jean-Lucs
15 - CARL ET LES HOMMES - BOÎTES - Noyau
16 - JEAN-LUC LE TÉNIA - Olga 
17 - NON! - La Drogue (
18 - JEAN-LUC LE TÉNIA - Le Fan De Reggae 
19 - SLOY - Many Things [Live] 
20 - JEAN-LUC LE TÉNIA - La Chandelle
21 - MARIE FRANCE - Déréglée 
22 - JEAN-LUC LE TÉNIA - Inutile 
23 - CHEVEU - La Fin Au Debut
24 - BASHUNG - C’est Comment Qu'On Freine [Live] 
25 - JEAN-LUC LE TÉNIA - Deux Ou Trois Jours De Congés 
26 - X RAY POP - La Mort 
MP3 (320 kbps) + front cover
Fier de notre savoir faire avec BM96!

vendredi 27 mars 2015

VARIATIONS ~ Nador [D.R.] [1970]


Rock'n'roll toute ! Si les Dogs avaient trop la classe pour le voisinage, alors que dire des Variations ? Ces gars-là étaient la frime incarnée ! Quelque chose comme le chaînon manquant entre Stones, MC5 et New York Dolls. Ici, le beau vieux blues est violenté avec une exubérance totale, une magie méchante ! A l'opposé des lourdeurs du hard rock, les Variations proposaient des envolés lyriques toujours plus excitantes. En France, on n'avait jamais vu des garçons pouvant ainsi se mesurer sans crainte aux meilleurs ricains comme aux plus fabuleux britons. Jo Leb assurait avec la grâce d'un jeune Jagger arrogant, Marc Tobaly déchirait le ciel sur chaque riff sauvage, Jacky Bitton caressait ses toms tel un Keith Moon en crise et Jacques Grande vous explosait le cœur comme une vilaine fiancée ! Que demander de plus ? Ces garnements savaient également choisir leurs boots et le modèle de leurs guitares : des signes qui ne trompent pas. Pour faire bonne mesure, ils étaient également capables d'offrir des ballades à se damner ou de virer vers l'orient (mais sans le patchouli). Absolument incontournable, vous l'aurez compris.         
Jimmy JIMI (Merci d'avance pour vos commentaires !) 


01 - Come Along [Bonus, Single A-Side, 1968]
02 - Promises [Bonus, Single B-Side, 1968]
03 - What's Happening... [Bonus, Single A-Side, 1969]
04 - Magda [Bonus, Single B-Side, 1969]
05 - What A Mess Again
06 - Waiting For The Pope
07 - Nador
08 - We Gonna Find The Way
09 - Generations
10 - Free Me
11 - Completely Free
12 - Mississippi Woman
13 - But It's Allright
14 - Down The Road [Bonus, Single A-Side, 1971]
15 - Love Me [Bonus, Single B-Side, 1971]
16 - Come Along [Bonus, Alternative Version,1996]
17 - Spicks And Specks [Bonus,Single A-Side, 1967]
18 - Mustang Sally [Bonus, Single B-Side, 1967]
MP3 (320 kbps) + artwork

jeudi 26 mars 2015

ANDREA SCHROEDER ~ Where The Wild Oceans End [2014]


Vous me pardonnerez d'insister... On ne trouve pas grand chose sur la toile, encore moins dans la presse (inutile de préciser (mais je le fais quand même !) que cet album magnifique était absent de tous les suffrages de fin d'année) et même vos commentaires sur Le Club des mangeurs de Disques furent bien tièdes. Une question se pose donc : serais-je l'unique fan (fortement enamouré) de la divine diva germanique ? Pour les visiteurs pressés tentons ce raccourci : Andrea et ses ami(e)s ressemblent à la miraculeuse rencontre entre la petite sœur de Nico et les Bad Seeds. Je pensais que ça émoustillerait davantage de monde... D'un point de vue personnel, il y a dans cet album (presque) tout ce que j'aime entendre dans un disque : la sensualité (Ô cette voix grave qui transperce le cœur comme un poignard !), l'élégance, l'émotion à fleur de peau, la tension, la mélancolie, le mystère... N'en jetez plus ! Pour moi, cette splendeur mérite bien davantage que de figurer parmi les réussites d'une année, je sais qu'il m'émerveillera encore dans cent ans ! Et j'attends la suite plus que fébrilement (ce qui n'est plus guère le cas pour grand monde). J'espère que ce billet trouvera quelques oreilles qui m'aideront à me sentir moins seul.
Jimmy JIMI (Merci d'avance pour vos commentaires !)                


01 - Dead Man's Eyes
02 - Ghosts Of Berlin
03 - Until The End
04 - Helden
05 - Fireland
06 - The Spider
07 - Where The Wild Oceans End
08 - The Rattlesnake
09 - Summer Came To Say Goodbye
10 - Walk Into The Silence
MP3 (320 kbps) + artwork

mercredi 25 mars 2015

SEASICK STEVE ~ Sonic Soul Surfer [2015]


Personne n'ose l'avouer, pourtant, passés un certain âge, nos chers papys rockers affaiblissent souvent leur discographie davantage qu'ils ne l'améliorent. J'en connais un paquet (pas de noms, je suppose que vous les connaissez) dont je ne peux plus écouter les pénibles "nouveautés". Notre homme Steve (qui compte désormais des John Paul Jones, Nick Cave ou Jack White parmi son fan club)  ayant attendu d'avoir la barbe blanche pour s'aventurer en studio, il n'est pas en mesure de se reposer sur ses lauriers ou d'offrir des rogatons de navrants cacochymes, c'est aujourd'hui qu'il doit façonner sa grande oeuvre - et il s'y emploie avec l'allant d'un jeunot. Sur des guitares souvent bricolées de ses mains, il arrache des merveilles au vieux boogie qu'on croyait rouillé, quand il ne compose pas des ballades en forme d'attrape-cœurs. Je l'avoue humblement, je m'étais gentiment moqué de notre ami Everett lorsqu'il nous avait soumis le bonhomme en guise de guitar hero. Je fais pénitence à présent, tant le Seasick (à soixante-dix piges bien sonnées) me fascine par sa faculté à faire renaître une énième fois le blues de ses cendres. Sans nostalgie, il déterre les plans magiques pour leur refiler un sacré coup de frais. Tout ça sans esbroufe car tout coule, ici, telle une somptueuse vérité dans son jeu, dans ses mots ou dans sa voix. L'être que nous rêverions tous d'avoir comme grand-père, même s'il épuiserait plus d'un gringalet ! 
Jimmy JIMI (Merci d'avance pour vos commentaires !)

          
01 - Roy's Gang
02 - Bring It On
03 - Dog Gonna Play
04 - In Peaceful Dreams
05 - Summertime Boy
06 - Swamp Dog
07 - Sonic Soul Boogie
08 - Right On Time
09 - Barracuda '68
10 - We Be Moving
11 - Your Name
12 - Heart Full Of Scars
MP3 (320 kbps) + artwork
Guitar hero with BM93

mardi 24 mars 2015

Pour la beauté du geste (feuilleton électrique) par Jimmy Jimi # 80


80. EMPTY ROOM [THE NITS]

   Il était temps que je rentre chez moi avant que Polina n'inonde entièrement l'immeuble. Toute la bande avait trouvé refuge dans ma chambre et la pauvrette n'en finissait plus de se répandre. Elle me sauta immédiatement dessus en geignant : « Jure moi que tu nous en veux pas. »
   Je planais encore à une altitude beaucoup trop élevée pour mâchouiller des rancœurs.
   « Je peux pas vous en vouloir... Vous avez tous joué magnifiquement et, moi, j'entendais pas ma voix... J'avais beau me donner à fond, c'était comme si je chantais la bouche collée à un mur de briques et les oreilles bouchées au beurre de cacahuètes ! Je pourrais peut-être essayer de la jouer punk, mais ça collerait pas avec vous ni avec ce que j'avais rêvé... Je pense pas que ça se soigne... Si vous dites que je chante faux, je suis obligé de vous croire... Je sais pas trop quoi vous dire d'autre... Ça se saurait si tous les rêves pouvaient se réaliser. Et puis, je suppose que le même individu peut pas tout réclamer pour sa petite tronche, que chacun doit recevoir un morceau de la galette... Olympia vient de me voler mon vilain pucelage !
   – Au moins, répondit Chris, t'as pas perdu ton sens de l'humour !
   – J'ai peur qu'il déraisonne, lança gravement Polina.
 – Quelqu'un aurait la gentillesse de nous dire qui est Olympia, demanda Alphonse?
   – C'était la plus belle fille du lycée, une créature tellement magnifique qu'elle parait presque irréelle. En plus – et je crois que c'est ce qui m'énervait le plus –, elle était tellement adorable que tu pouvais même pas t'amuser à la détester !
   – Mais elle ressemble à qui, à quoi, réclama Guillaume ?
   – Un visage d'ange sur un corps de diablesse, si t'arrives à imaginer un mixe savant entre Jean Shrimpton, Nico, Françoise Hardy et Michelle Phillips à leur meilleur, eh bien, t'as fait un quart du chemin !
   – Elle aurait pas une sœurette, votre Olympia, même en un tout petit peu plus moche ?!
   – Tu penses bien que ce genre de fille est unique. »

   Sur cette réponse, ma mère passa la tête par l'entrebâillement de la porte : « Eh, Téléphone, Jimmy, une certaine Olympia, très jolie voix... »
   J’attrapai Chris par son col de chemise et l'obligeai à me suivre dans le hall d'entrée. Là, je lui collai de force l'écouteur sur l'oreille : « Coucou, mon amour, tu me manques déjà, je voulais t'offrir un petit baiser avant de me mettre à table et te dire que j'avais vraiment, vraiment adoré... »
   Chris tituba comme un soiffard jusqu'à la chambre. Il resta un long moment dans un état d’hébétude totale avant de parvenir à bégayer : « Je reconnaîtrais sa voix entre toutes... Ce salaud l'a fait... et avec Olympia... »
   Cyril se jeta à mes pieds : « Jimmy, tu es mon dieu ; à partir de cette seconde, tu peux me considérer comme ton esclave ! »


   Ils se mirent tous à délirer follement pendant une grosse demie-heure, à commencer par Polina qui se demandait si je pourrais revenir indemne de cette « aventure extravagante »... Comme si nous étions sur terre pour nous remettre de nos émotions. Non, nous sommes là pour nous ruiner le cœur jusqu'à ce qu'il ressemble à une sorte de minuscule boule de charbon pouvant faire office de point final. Même si j'avais su qu'Olympia me quitterait dès le lendemain, j'aurais choisi le chemin de la perdition. Tel un moine défroqué, c'est avec une certaine jubilation que je me serais enfermé dans un monastère puant le stupre et les relents capiteux des fragrances de la belle ! Je me serais noyé avec délice sous ma propre semence en me masturbant sans fin tout en revoyant les gemmes à l'eau troublante de ses yeux dévorant le reflet de mes étoiles !


lundi 23 mars 2015

THE KINKS ~ The Great Lost Album [C. 1973]


Je ne connais pas grand-chose de cet album, si ce n’est qu’il regroupe des titres enregistrés entre 1966 et 1970, laquelle, vous le savez sans doute, fut l’âge d’or du groupe. Bien que la pochette ne fasse pas très envie et que le disque puisse paraître un peu disparate, l’ensemble possède une véritable unité. Le petit plus qui se cache derrière cette sélection sera à chercher dans l’absence d’ambition de Ray Davies. Pas de concept album, pas d’opéra rock. Juste ce petit besoin d’écrire encore et toujours des chansons, comme si la source ne devait jamais se tarir, et qui se tarira malheureusement. Dans les faits, cela ne l’empêche pas de nous livrer ce que contenait les albums du groupe offraient de meilleur, un peu de hargne d’Arthur par ci, un peu de délicieuse nonchalance de Something else par là, ou même la grâce mélodique du Village vert. A dire vrai, ce pourrait presque être un Percy dans lequel on aurait gardé le meilleur et le musclé de l’autre frangin Davies, décidé lui aussi de se mesurer à son frère sur le terrain de la chanson plutôt qu’avec des gants de boxe. Le résultat est inespéré et plutôt rarissime à trouver. Si, comme pour moi, ce groupe fait partie des plus précieux entre tous et que vous ne connaissiez pas cet album perdu des Kinks, alors voici un rêve de fan, une petite collection de merveilles à qui Ray Davies aurait refusé la postérité.
Audrey SONGEVAL (Merci d'avance pour vos commentaires !)
P.S. : Un grand merci à Dkevin du blog Forgotten Songs : http://dkandroughmix-forgottensongs.blogspot.fr/ sans qui je n’aurais jamais entendu ce disque.






01 - Til Death Do Us Part
02 - There Is No Life Without Love
03 - Lavender Hill
04 - Groovy Movies
05 - Rosemary Rose
06 - Misty Water
07 - Mister Songbird
08 - When I Turn Out The Living Room Light
09 - The Way Love Used To Be
10 - I'm Not Like Evrybody Else
11 - Plastic Man
12 - This Man He Weeps Tonight
13 - Pictures In The Sand
14 - Where Did The Spring Go
MP3 (225 kbps) + artwork
Mister songbird with BM92

samedi 21 mars 2015

ARTISTES DIVERS ~ Le Rock D'Ici - Volume 5 (par John Warsen) [HMC. 2015]


Salvador Dali disait : "En peinture, il y a deux écoles : ceux qui dépassent la ligne, et ceux qui ne dépassent pas. Moi, je fais partie de ceux qui ne dépassent pas." Ben voyons. Sur cette figure imposée du rock d’ici, le gérant a dit : "Pas plus de vingt titres." C’est vrai. J’ai bien peur d’avoir un peu dépassé la ligne. Mais faut que je vous avoue un truc : j’ai du mal à compter jusqu’à vingt. Une fois parti, Il y a une certaine force d’inertie, et puis je compte sur mes doigts, et comme j’ai trois orteils surnuméraires… bref, j’ai transgressé la règle, histoire de voir si c’était une façon innovante de voir la frontière, une fois qu’on l’a dépassée. Par contre, en balayant quatre décennies de rock français, je suis resté très scolaire et appliqué dans mes choix : à priori, je suis allé chercher du côté du curieux et de l’introuvable, à tel point que j’ai eu du mal à remettre la main sur certaines compiles d’origine, qui calaient l’armoire normande du salon depuis 17 ans. Des bizarreries, donc, en veux-tu en voilà… Il y a même un titre qui a été enregistré chez moi il y a deux ans, c’est vous dire si je surfe dangereusement sur internet et sur le fil du rasoir de l’auto-promotion masquée. A part ça, j’ai sincèrement cherché des morceaux qui m’ont bercé depuis quarante ans, bercé trop près du mur pour certains de mes détracteurs, trop loin de la fenêtre pour d’autres. Bref. Cette playlist révèle deux grandes tendances : 1) le rock rigolo, à tendance parodique, trop souvent méprisé, honni et vilipendé, alors qu’il arrive qu’il sonne mieux que l’original dont il se prétend le blasphématoire démystifiant. 2) le rock dépressif et/ou flippant. Même pas peur, même pas mal. Elle appelle aussi une remarque globale : 3) le manque de gonzesses (heureusement que je me suis rappelé de Sapho, j’allais pas rebalancer un Brigitte Fontaine, elle a le droit au repos). Emerge aussi une intention générale : 4) l’espoir d’instruire en distrayant. Merci à Jimmy Jimi de m’avoir prêté son micro, qui porte plus loin que le mien.
John WARSEN (Merci d'avance pour vos commentaires !)
P.S. : John est un grand malade (voir pochette !), pas étonnant qu'il est besoin de dépasser la dose prescrite ! Vous pouvez le retrouver sur son merveilleux blog, Je Suis Une Tombe :
http://jesuisunetombe.blogspot.fr/


01 - STILETTOS - Le Dernier Rock Avant La Crise
02 - ARTHUR H - L'Abondance
03 - DEDE ET MIREILLE - Pour Coiffeur
04 - SAPHO - Mécanique
05 - MANSET - Manteau Rouge
06 - HUBERT-FELIX THIEFAINE - Narcisse 81
07 - RAOUL PETITE - Georges Cloné
08 - BERNARD LAVILLIERS - Lettre Ouverte
09 - EMMANUEL BOOZ - Les Morts
10 - HELDON - Ouais, Marchais, Mieux Qu'En 68 (Le Voyageur)
11 - SAX PUSTULS - Emmène-Moi
12 - HONEYMOON KILLERS - Fonce A Mort
13 - LUTIN BLEU - Martine
14 - BABX - Mourir Au Japon
15 - LES FATALS PICARDS - Seul Et Célibataire
16 - LES SATELLITES - Les Américains
17 - NINO FERRER - Ma Vie Pour Rien
18 - RODOLPHE BURGER - L'Homme Usé
19 - AU BONHEUR DES DAMES - Ça M'Enerve
20 - FRENCH COWBOYS - Happy As Can Be
21 - ARLT - Tu M'As Encore Crevé Un Cheval
22 - BULLDOZER - Il Etait Une Tranche De Foie Dans L'Ouest
23 - JOHNNY HALLYDAY - Jesus-Christ

MP3 (320 kbps) + front cover
Fier de notre savoir faire avec BM91!

vendredi 20 mars 2015

DOGS ~ Too Much Class For The Neighbourhood [D.R.] [1982]


Too much class for the Neighbourhood : tout est dit dans le titre, osé mais au combien réaliste, de cet album magnifique. Nos chiens étaient de ceux qui avaient la rage en même temps que le pedigree. La France leur préféra des Telephone ou des Trust, ça peut éventuellement prêter à sourire... Déjà, la pochette en dit long : l'élégance de la pause de Dominique, sa façon de tenir sa cigarette, comme la Rickenbacker à qui on a octroyé un fauteuil, alors que le reste du groupe est entassé devant la fenêtre... Elegance, le maître mot est lâché, c'est celui qui revient toujours quand on évoque cette meute flamboyante qui savait tout ravager sur son passage sans jamais se départir de sa classe naturelle. De grossiers personnages qui se croyaient malins s'amusaient à se gausser de l'accent du délicat chanteur, il est pourtant aussi délicieux que celui des jolies anglaises s'essayant à notre langue. Aujourd'hui encore, le monde entier nous envie ce combo parfait que nous n'avons su honorer comme il le méritait.  
Jimmy JIMI (Merci d'avance pour vos commentaires !)           


01 - Shakin' With Linda
02 - Wanderin' Robin
03 - The Most Forgotten French Boy
04 - Gone Gone Gone
05 - Sandy Sandy
06 - Death Lane
07 - M.A.D.
08 - Too Much Class For The Neighbourhood
09 - Home Is Where I Want To Be
10 - The Train Kept A Rollin'
11 - Hesitation
12 - Lonesome Angie
13 - Poisoned Town
14 - When I Came Home
15 - Dog Walk [Bonus Track]
MP3 (320 kbps) + artwork

mercredi 18 mars 2015

LINDA PERHACS ~ Parallelograms [D.R.] [1970]


Souvent ange passe puis trépasse en ensanglantant ses ailes d'argent contre les bris de verre du miroir aux alouettes... Après quatre décennies d'errance, la sublime Linda est revenue l'an dernier nous offrir la suite de son chef-d'oeuvre de 70... De jolies jeunes filles donnant dans l'univers céleste, on en connait un beau paquet, on en vénère certaines, mais Miss Perhacs vole simplement plus haut (non, encore un peu plus haut que ça !). Son merveilleux Parallelograms déborde de songes troublants et de secrets qu'elle livre d'une voix fragile et rêveuse sur fond de folk, de jazz et de réminiscences appalachiennes. Si tout, ici, relève de la délicatesse, cet album est loin d'être gentillet ! Les tensions et les menaces ne cessent de vouloir empoisonner le sillon magique : les fantômes ne sont jamais très loin au pays des fées ! Si vous supportez difficilement la nudité du genre folklorique, sachez que cet indispensable objet regorge d'arrangements passionnants sur lesquels courent flûtes, percussions, cuivres et même un soupçon étrange d'électronique plutôt rare pour l'époque. Ne vous en privez pas !
Jimmy JIMI (Merci d'avance pour vos commentaires !)                 


01 - Chimacum Rain
02 - Paper Mountain Man
03 - Dolphin
04 - Call Of The River
05 - Sandy Toes
06 - Parallelograms
07 - Hey, Who Really Cares
08 - Moons And Cattails
09 - Morning Colors
10 - Porcelain Baked-Over Cast-Iron Wedding
11 - Delicious
12 - If You Were My Man [Demo] [Bonus Track]
13 - If You Were My Man [Alternate Take] [Bonus Track]
14 - Hey, Who Really Cares [With Intro] [Bonus Track]
15 - Chimacum Rain [Demo] [Bonus Track]
16 - Spoken Intro To Leonard Roseman [Bonus Track]
17 - Chimacum Rain [Demo] [Bonus Track]
18 - BBC Interview [Bonus Track]
19 - I Would Rather Love [Previously Unreleased] [Bonus Track]

mardi 17 mars 2015

THE AHMAD JAMAL TRIO ~ The Awakening [1970]


Impulse! j’abandonnerais bien le monde durant une petite année pour me perdre dans les méandres du mirifique catalogue... Jamal / Nasser / Gant : plus qu'un trio, presque le tiercé gagnant ! La rythmique écrase suavement les champignons magiques, pendant qu'Ahmad Le Grand s'occupe des embardés... Même quand ils freinent un peu, on dirait une course au ralenti. Malgré les frasques, jamais nos turbulents ne s'autorisent une sortie de route. Après mille péripéties, l'album semblent vouloir se terminer au Brésil, pourtant, l'auditeur aura l'impression d'avoir voyagé beaucoup plus loin, quelque part à l'ombre du cosmos !
Jimmy JIMI (Merci d'avance pour vos commentaires !)       


01 - The Awakening
02 - I Love Music
03 - Patterns
04 - Dolphin Dance
05 - You're My Everything
06 - Stolen Moments
07 - Wave
MP3 (320 kbps) + artwork

lundi 16 mars 2015

Pour la beauté du geste (feuilleton électrique) par Jimmy Jimi # 79


79. PALE BLUE EYES [THE VELVET UNDERGROUND]

   Sur les trottoirs détrempés, l'espèce mâle me dévisageait méchamment, comme si j'étais l'usurpateur public numéro un. Je m'en contrebalançais royalement, je crois même que j'en jouissais un tout petit peu ! J'aurais aimé qu'Olympia habita de l'autre côté de la ville pour sentir plus longtemps l'exquise douceur de ses doigts de fée et goûter le claquement harmonieux de ses hauts talons sur le pavé mouillé. Las, elle vivait rue de Vaugirard, à quelques mètres seulement de notre temple : L'Evasion.
   J'ai encore dans les narines la merveilleuse odeur de cire du vieil escalier sacré...

   En arrivant dans sa chambre, Olympia posa délicatement le troisième album du Velvet Underground sur la platine. Benoîtement, je pensai que le plus beau jour de ma vie se résumerait à écouter Pale blue eyes en me noyant dans le regard océanique de la belle. Je n'en aurais pas demandé davantage. Cela me semblait déjà plus que déraisonnable.
   La première face s'acheva, le bras mécanique retourna se reposer sur son support... Il y eut un silence absolument pas gênant – tel un délicieux soupir d'éternité... Olympia portait un fin gilet rose qui devait comporter quelque chose comme un millier de minuscules boutons de nacre. Elle aurait pu passer le gilet par-dessus son adorable tête, mais elle décida de le déboutonner lentement jusqu'au dernier, pendant que je sentais mon âme s'échapper loin de mon corps !

   Ses seins sublimes dansaient dans le balconnet de dentelle pourpre. Quand la divine dégrafa son soutien gorge, j'oubliai totalement que mes meilleurs potes venaient à peine de me virer de notre groupe... J'admirais ces magnifiques rondeurs à m'en faire exploser la vue, quand j'entendis murmurer : « Viens doucement lécher nos yeux, ils te diront toutes les beautés du monde... » L'odeur sucré du corps d'Olympia manqua de me faire défaillir de plaisir... Je pris son aréole gauche à pleine bouche et me mis à l'aspirer, la sucer, la lécher comme si ma vie en dépendait. Ce fut si merveilleux que j'aurais fait fondre ces magnificences, si elle ne m'avait poussé à explorer son mignon nombril. Le goût était plus âcre, l'expérience moins passionnante, mais loin d'être inintéressante ! L'enchanteresse pris une nouvelle fois mon crâne entre ses griffes pour m’inciter à glisser plus bas. Les parfums se multiplièrent quand je me brûlai la langue contre ses lèvres humides. J'espère, un jour, posséder suffisamment de talent pour décrire cette émotion qui surpasse tous les bouleversements... La tête me tournait et me tournait encore. Olympia serra les cuisses comme si elle souhaitait m'étouffer dans le corridor du Paradis. Dans une fraction de secondes, mon cœur arracha ma chemise, fila à travers l'espace intersidéral pour aller remercier les dieux et les diables avant de retourner à son combat d'amour.
   Ensuite, je ne me souviens plus très bien... Je me revois faire de ridicules vas et viens sur ce corps parfait et j'entends sa voix de sirène hurler mon prénom, comme si j'étais son chanteur préféré brûlant les planches magiques de je ne sais quelle scène mythique... La grande affaire ne dura certainement qu'une poignée de précieuses minutes, mais j'eus le temps de me cogner plusieurs fois la tête au plafond du septième ciel. Je sentais des gouttes de sang me dégouliner des yeux, pendant que les siens devenaient toujours plus bleus. Finalement, je lâchai mes modestes confettis au milieu des nuages roses, tandis que ma partenaire fermait ses lourdes paupières.

   Olympia déposa un baiser au fer rouge dans la paume de ma main.


   « Sometimes I feel so happy, sometimes I feel so sad », disait la chanson...