jeudi 26 novembre 2015

Pour la beauté du geste (feuilleton électrique) par Jimmy Jimi # 99


99. BIG TIME [TOM WAITS]

   C'était Alphonse qui m'avait initié à la cymbale à archet : « Tu verras, ça demande pas beaucoup de technique, juste un peu de doigté et une jolie dose de finesse. Si tu sais t'y prendre, tu devrais entendre le chant plaintif (mais harmonieux !)et la danse étrange de fantômes, zombies et autres vampires tout droit sortis d'un vieux film fantastique ! »

   Guillaume introduisit La Folie des grandes heures en multipliant les lourds roulements de mailloches sur le tom basse, puis je convoquai les esprits en caressant ma cymbale avant que l'archet de Polina ne me rattrape, puis celui de Christophe (à la manière de l'époustouflant Making time des géniaux Creation). En quelques secondes, un climat délirant fut installé. Quelques spectateurs ne purent s'empêcher de crier et d’applaudir avant l'arrivée du couplet, ce qui est toujours un excellent signe (surtout pour un groupe dont ils ignoraient tout encore quelques minutes auparavant).
   Ce qui me collait le plus de frissons avec ce titre, c'est quand le deuxième couplet s'arrêtait net, que nous laissions le silence s'installer pendant trois grosses secondes, comme si nous étions perdus, et que le refrain s'envolait enfin au milieu du beau luge : « En attendant la folie des grandes heures / donnez-moi / en attendant la folie des grandes heures / donnez-moi la lune ! » Là, on pouvait carrément se brûler le bout des doigts au contact du frisson ! Déjà, en pétition, la chanson me faisait monter des larmes mais, en concert, avec les frémissements de la foule, c'était pire (comme disait mon petit cousin Germain) !
   Pour que l'expérience soit véritablement ultime, Alphonse enfonçait le vieux clou du free, juste avant le final, en jouant son solo le plus débridé devant trois micros reliés à des pédales d'effets différentes (wha wha, flanger et fuzz, pour les spécialistes). Sa trompette faisait tourner les têtes comme un mage chavire les tables !

   Il y a des moments où un groupe doit être sans pitié avec son public ! Notre grosse ruse, c'était que Cyril attaque l'introduction de Gloria alors même que le reste de la troupe sculptait encore des statues de larsen sur les cendres fumantes du dernier refrain...
   Gloria, ce fut le pont magique entre le blues et la féerie des gandins du Swinging London. Van Morrison ne s'y trompa point en la reprenant quelques années lumières plus tard en compagnie de John Lee Hooker. Nous la jouions comme Polina l'avait imaginée : méchamment lente, dangereusement sombre et vicieuse...
   « J'aimerai vous parler de ma chérie, vous savez elle vient par là, environ un mètre soixante de la tête aux pieds. Vous savez elle vient par ici autour de minuit. Elle me fait du bien, Seigneur, elle me fait tant de bien ! » C'est un poème sexuel et diabolique, les Doors comme deux-mille-huit-cent-quatorze groupes se sont construits sur ces paroles et cette partition qui dépasseraient à peine du dos d'un ticket de métro ! A chaque giclée de bottleneck, Christophe hurlait des Gloria avec ses yeux, pendant que Polina violentait son violoncelle comme si Johann Sebastian Bach était le trisaïeul de Bo Diddley !


   « Et son nom est Gloria : G.L.O.R.I.A. ! »


mardi 24 novembre 2015

VARIOUS ARTISTS ~ Le Rock D'ailleurs Volume 2 : Russia [HMC. 2015] Par Keith Michards



Ah ! Ce Vladimir, quel bel homme ! Vous ne trouvez pas ? Et puis sympa avec ça ! Jamais un mot plus haut que l'autre, toujours souriant. Un gentil monsieur proche de la nature qui trie ses ordures et marche torse nu le long des rivières. Vraiment un chouette petit gars ! Je ne sais pas pourquoi tout 
le monde lui en veut : Hollande et sa grosse Citroën diesel, Obama avec son gaz de schiste, sans oublier les méchantes Pussy Riot qui font rien 
qu'à l'embêter. Et le pauvre Vladimir qui doit supporter tout ça, franchement, il a bien du mérite. 
Heureusement, pour se détendre, il peut faire confiance aux artistes de son beau pays qui savent si bien jouer de la musique… sauf les vilaines 
Pussy Riot qui font rien qu'à gueuler dans le micro !
Keith MICHARDS (Merci d'avance pour vos commentaires !)
P.S. : pour ceux qui connaissent notre compilateur fou, n'ayez d'inquiétudes, il réserve la version metal à son propre blog : on l'a échappé moche !
Jimmy


01 - Кошка Сашка - 4000 (Алекс Абаканский Cover)
02 - Felidae - Бессмысленное чудо
03 - Конец Каникул - Всё, что прожито
04 - Связи - Желание
05 - Браво (ft. Yana Blinder) - Земляничный дождь
06 - Линда - Карандаши и спички
07 - Эндорфин Orchestra - Колыбельная
08 - Ленинград - Красная смородина
09 - Вася Ложкин и какие-то люди - Кукла
10 - Ракоший Нелч - Май
11 - Небослов - Маленький курьер, новых дней
12 - Полумягкие - Мгла
13 - Происшествие - Мой внутренний Чехов
14 - Ольга Арефьева и Ковчег - Мыловар
15 - Ожог - Никаких перспектив
16 - Алёиа - Отдавала меня мать
17 - Vox Mira - Поймёт
18 - Brass-Rock группа Корабли - Я и Ты
19 - Андрей Тропилло и Новый Зоопарк - Пригородный блюз
20 - Альтависта - Обычный человеческий страх


Si vous préférez la transcription en alphabet non cyrillique :

01 - Koshka Sashka - 4000 (Aleks Abakanskiy Cover)
02 - Felidae - Bessmyslennoye chudo
03 - Konets Kanikul - Vso, chto prozhito
04 - Svyazi - Zhelaniye
05 - Bravo (ft. Yana Blinder) - Zemlyanichnyy dozhd'
06 - Linda - Karandashi i spichki
07 - Endorfin Orchestra - Kolybel'naya
08 - Leningrad - Krasnaya smorodina
09 - Vasya Lozhkin i kakiye-to lyudi - Kukla
10 - Rakoshiy Nelch - May
11 - Neboslov - Malen'kiy kur'yer, novykh dney
12 - Polumyagkiye - Mgla
13 - Proisshestviye - Moy vnutrenniy Chekhov
14 - Ol'ga Aref'yeva i Kovcheg - Mylovar
15 - Ozhog - Nikakikh perspektiv
16 - Alona - Otdavala menya mat'
17 - Vox Mira - Poymot
18 - Brass-Rock Gruppa Korabli - Ya i ty
19 - Andrey Tropillo i Novyy Zoopark - Prigorodnyy blyuz
20 - Al'tavista - Obychnyy chelovecheskiy strakh
MP3 (320 kbps) + front cover


lundi 23 novembre 2015

BRETT SMILEY ~ Breathlessly Brett [1974]


Très tôt, j'ai pris l'excellente habitude de collectionner tout ce qui portait le nom d'Andrew Loog Oldham (manager historique des Stones et tenancier du génial label Immediate). C'est lui qui produit cet album du Bowie poids plumes (avec un "s", les plumes, parce qu'elles sont particulièrement nombreuses !). L'ami Brett a une voix beaucoup plus fluette que le beau David et les guitares sont moins présentes, mais forcément merveilleuses puisque tenues par le génial Steve Marriott (Small Faces, Humble Pie). Si vous rêviez d'un album de glam rock riche en chantilly (attention aux avalanches de cordes !), ce disque est pour vous. Pas nécessairement indispensable, cette jolie pièce est tout de même à posséder pour toutes les raisons évoquées ci-dessus. 
Jimmy Jimi (Merci d'avance pour vos commentaires !)      


01 - Brett's Lullaby
02 - Highty Tighty
03 - Space Ace
04 - April In Paris
05 - Solitaire
06 - Va Va Va Voom
07 - Run For The Sun
08 - I Want To Hold Your Hand
09 - Pre-Columbian Love
10 - Queen Of Hearts
11 - I Can't Help Myself - Over The Rainbow
12 - Young At Heart
MP3 (320 kbps) + artwork
Va va va voom with BM195


vendredi 20 novembre 2015

BAUHAUS ~ Burning From The Inside [1983]


Si, la plupart du temps, nous pouvons en avoir d’excellentes, il arrive, parfois, que nous ayons, chacun, de mauvaises raisons d’aimer ou non une musique. En ce qui concerne Bauhaus, la pire de toutes est de vouloir réduire ce groupe à du gothique. Il suffit de jeter un œil sur leurs textes ou sur leurs pochettes à l’esthétique rare ou, mieux encore, une oreille attentive à leur musique pour s’en convaincre. A 95%, vous ne trouverez rien de gothique dedans et, pourtant, l’étiquette ne cesse de leur être accolée, sous doute la faute à leur dégaine ou à l’aune de l’une de leurs chansons qu’on brandit comme un étendard pour l’affirmer, autant pour ne pas voir combien on a tort pour le reste. Si ce groupe  possède de réelles velléités arty, voire une certaine prétention, c’est également ignorer son sens de l’humour qui n’a pas peur d’aller de l’absurde jusqu’au scabreux. Et, au-delà de toutes les étiquettes, nous avons également là, avec Peter Murphy, l’un des chanteurs les plus impressionnants qui soit de sa génération, capable des embardées les plus animales aux envolées les plus théâtrales et émotionnelles. Et puis, pour l’ado que j’ai été, outre leurs reprises impeccables et forts éclairantes (du Velvet Underground et John Cale, en passant par T.Rex et Bowie ou même Brian Eno), je ne dois pas à mes profs de français successifs ma découverte d’Antonin Artaud mais bien à ce groupe, ce qui constitue ce que le rock a de plus mystérieux pour s’émanciper du moule dans lequel les adultes se plaisent à nous enfermer, ce petit vecteur de culture si cher à nos cœurs capable d’ouvrir nos yeux sur des mondes dont fort peu possèdent encore les clés, sans parler non plus de ce nom, Bauhaus, autre passerelle sublime pour comprendre combien I’m not like everbody else. Cet album est à écouter comme un chant du cygne car il fut le dernier du groupe. Un combo alors en pleine implosion, mais en pleine possession de ses moyens, et qui accouchera peu de temps après, sans son chanteur, de son autre ultime et fort méconnu chef d’œuvre sous l’identité de Tones on Tails. Une musique que j’ai eu honte, à force de mauvaises raisons, d’avoir aimée un jour et que je redécouvre aujourd’hui, avec un plaisir intact.
Audrey SONGEVAL (Merci d'avance pour vos commentaires !)


01 - She's In Parties 
02 - Antonin Artaud 
03 - Wasp 
04 - King Volcano 
05 - Who Killed Mr. Moonlight? 
06 - Slice Of Life
07 - Honeymoon Croon 
08 - Kingdom's Coming
09 - Burning From The Inside
10 - Hope
11 - Lagartija Nick [Single A-Side, 1983) 
12 - Here's The Dub [Single A-Side, 1983)
13 - Departure [Single B-Side,1983] 
14 - The Sanity Assassin [Bonus]
MP3 (320 kbps) + artwork 





jeudi 19 novembre 2015

THE SPECIALS ~ The Specials [Special Edition] [2CD] [1979]


Cet album paru juste à temps pour me sauver la vie ! C'était juste après mon premier séjour dans le Kent et je déprimais fort, loin des adorables petites rouquines ! Un jour où je traînais mes Clarks chez les disquaires, j'entendis A Message to you, Rudy éclater dans les enceintes. Après un bref coup d’œil sur la pochette, je lâchai ma thune et rentrai chez moi comme un dératé ! Qu'était-ce donc que cette espèce de reggae dégrossi, ultra cool et mega festif (sans jamais être niais ou débile, chose qu'on a souvent eu du mal à réussir par chez nous) ? Le disquaire avait parlé de ska... Il faut se rappeler qu'à cette époque, en France, ceux qui connaissaient le ska originel et savaient que le skinheads n'avaient pas toujours été des brutes nationalistes n'étaient pas légion. Le disque pouvait être truffé de reprises (excellentes au demeurant), on s'en foutait totalement; tout ça semblait incroyablement neuf et excitant (avec une magnifique production d'Elvis Costello). Maintenant, pour ceux qui auraient suivi l'affaire sans véritablement s'en approcher et ne se souviendraient que des petits chapeaux et de tubes plus ou moins sautillants, il faut expliquer que cette merveille est un véritable album qui se tient de bout en bout sans le moindre essoufflement. Il faut également écrire que malgré son évidente influence jamaïcaine, ce trésor respire l'Angleterre (patrie de tous les métissages) à plein nez et qu'on peut aisément l'écouter après un chef-d'oeuvre des Kinks. Jolie cerise sur le chapeau : le e.p. live de Special Aka et un concert enregistré à Paris (c'est trop d'honneur).
Jimmy JIMI (Merci d'avance pour vos commentaires !)              


CD1 :
01 - Gangsters
02 - A Message To You Rudy
03 - Do The Dog
04 - It's Up To You
05 - Nite Klub
06 - Doesn't Make It Alright
07 - Concrete Jungle
08 - Too Hot
09 - Monkey Man
10 - (Dawning Of A) New Era
11 - Blank Expression
12 - Stupid Marriage
13 - Too Much Too Young
14 - Little Bitch
15 - You're Wondering Now
CD2 :
01 - Too Much Too Young [Live]
02 - Guns Of Navarone [Live]
03 - Skinhead Symphony [Live]
04 - (Dawning Of A) New Era [BBC In Concert At The Paris Theatre]
05 - Do The Dog [BBC In Concert At The Paris Theatre]
06 - Rat Race [BBC In Concert At The Paris Theatre]
07 - Blank Expression [BBC In Concert At The Paris Theatre]
08 - Rude Buoys Outa Jail [BBC In Concert At The Paris Theatre]
09 - Concrete Jungle [BBC In Concert At The Paris Theatre]
10 - Too Much Too Young [BBC In Concert At The Paris Theatre]
11 - Guns Of Navarone [BBC In Concert At The Paris Theatre]
12 - Nite Klub [BBC In Concert At The Paris Theatre]
13 - Gangsters [BBC In Concert At The Paris Theatre]
14 - Long Shot Kick De Bucket [BBC In Concert At The Paris Theatre]
MP3 (320 kbps) + front cover


mardi 17 novembre 2015

VARIOUS ARTISTS ~ Le Rock D'ailleurs Volume 1 : Schweiz [HMC. 2015] Par Zocalo


Chose promise, chose due. Je vous avais promis une excursion, que dis-je une expédition, vers des pays insolites, des contrées hostiles, des espaces inexplorés, véritable terra incognita du rock et de la gamme tempérée. Eh bien, nous y voilà. Chaussez vos Meindl, empoignez vos bâtons de pélerins, nous partons. Et nous allons commencer par... la Suisse ! Quoi, que sont ces mines déconfites, ces gueules d'enterrement, ces moues caramelles ? C'est pas bien, la Suisse ? C'est pas assez exotique ? Attendez un peu : quatre langues officielles, des lacs à tous les coins de rue, 400 variétés de fromages, 26 cantons dans la surface de moins de 6000 milliers de terrains de football, c'est pas l'aventure, ça ? Un pays où on lance le drapeau comme d'autres lancent des javelots, où l'on met des colliers de fleurs aux vaches pour la montée à l'alpage, où on joue au foot avec des patins à glace aux pieds, où personne ne connaît le nom du Président de la République parce qu'ils sont trois, ça force pas le respect, tout ça ? Quant à la culture, ça joue ou bien ? La Suisse réussit le tour de force de concilier le cinéma le plus ennuyeux du monde avec l'un des paysages musicaux les plus riches d'Europe. Ecoutez plutôt la p'tite sélection que je vous ai concoctée, à déguster avec un petit fendant du Valais ou un non-filtré de Neuchâtel bien frais. Vous y trouverez des vedettes internationales (Sophie Hunger, Heidi Happy), des métalleux de tout poil (Godiva, PMT), un authentique groupe de stoner (Monkey3), un irréductible grischun qui chante en romanche (Curdin Nicolay) et en dessert, un rasta plus vrai que nature, Jaba, des Moonraisers). C'est-y pas bonnard, de bleu ? Comme d'habitude, le premier et le dernier morceaux n'ont rien à voir avec la fondue du jour. Quoique.
ZOCALO (Merci d'avance pour vos commentaires !)
P.S. : si vous voulez nous offrir le meilleur du rock de chez vous ou d'un pays que vous affectionnez tout particulièrement, ne vous gênez pas, j'attends vos florilèges.
Jimmy


01 - Intro
02 - Lucky Joy - Bellegarde (Genève)
03 - Sophie Hunger - Shape (Zürich)
04 - Aloan - Swinger (Genève)
05 - Death By Chocolate - Go Go Go (Bern)
06 - Dress - Misunderstanding (Genève)
07 - Favez - Naked And Gasolined (Lausanne)
08 - Aggressive Sound Painters - Swap Market (Zürich)
09 - Pilomotor - Liar (Luzern)
10 - Godiva - Pedal To The Metal (Bern)
11 - Valeska - As Cool As Berlin (Zürich)
12 - The Crags - Womanhandle (Genève)
13 - Tim and Puma Mimi - Perspective (Zürich-Tokyo)
14 - Curdin Nicolay - Kindl (en Rumantsch) (Bever, GR)
15 - Heidi Happy - Ding Ding (Luzern)
16 - Monpetitponey - Mister P (Porrentruy, JU)
17 - Kyasma - Radioactivity (Fully, VS)
18 - Monkey3 - Watchin' You (Feat. John Garcia) (Lausanne)
19 - PMT - Kinky Kamikaze (Lausanne)
20 - VICTORI4 - The Fireworks Corporation (Genève)
21 - Sharf - Attraction (Zürich)
22 - Moonraisers - Hotel California (Neuchâtel)
23 - Outro
MP3 (various bitrate) + front cover
Le rock d'ailleurs # 1 avec BM192 


lundi 16 novembre 2015

PETER CASE ~ HWY 62 [2015]


Il faut écouter ces vieux grigous qui n'ont guère connu que le succès d'estime. Ils ont souvent davantage à raconter qu'un Neil Young ou un Leonard Cohen (que j'ai longtemps adorés) qui ne cessent d'amocher leur discographie en multipliant les albums auto complaisants.  Ce disque est magnifiquement vivant et vibrant. Les fans de Peter Case n'auront pas besoin de faire semblant de l'aimer pour ne pas froisser leurs souvenirs de jeunesse. Il tient haut la comparaison avec ses œuvres d'hier et devrait foutre la honte aux papys flemmards. Plutôt que de radoter, notre homme utilise son expérience pour pousser toujours le bouchon un peu plus loin avec autant de grâce, que d'énergie et d'humour. Parfois, c'est doux et, parfois, ça racle, comme l'existence, mais toujours ça passe avec l'élégance d'un maître artisan. Cela faisait déjà un petit moment qu'un disque récent ne m'avait pas autant touché par son authenticité et la finesse de ses arrangements. Essayez de ne pas le manquer !
Jimmy JIMI (Merci d'avance pour vos commentaires !)        


01 - Pelican Bay
02 - Waiting On A Plane
03 - New Mexico
04 - Water From A Stone
05 - All Dressed Up (For Trial)
06 - If I Go Crazy
07 - The Long Good Time
08 - Evicted
09 - Lone Time Gone
10 - Bluebells
11 - HWY 62
MP3 (320 kbps) + front cover 



vendredi 13 novembre 2015

SUPERTRAMP ~ Supertramp [Debut Album] [1970]


Il y a des albums comme ça, même si on voulait les oublier on ne le pourrait pas, ils ne se rappellent pas à nous, on ne s'en souvient pas, tellement ils font partie intégrante de ce que nous sommes (ou essayons d'être). Je n'aime pas tellement Supertramp, ça se chantonne très bien sur la route des vacances et c'est ma foi intéressant pour découvrir la notion d'arrangement (par exemple), mais leurs expérimentations sonores, leurs constructions en "couche" ressemblent plus à un cours de géologie un peu pesant qu'à une véritable aventure chtonienne. Trop amphigourique, car essayant de jongler entre les impératifs de la musique pop pour radio et des prétentions complexes de musiques classiques ou prog rock, sans jamais parvenir à satisfaire les mélomanes. Toutefois, avant d'être Supertramp, il y a  la rencontre de Rick Davies (alors aidé par un mécène), de Roger Hodgson, de Richard Palmer et de Robert Millar. Un groupe qui ne s'entend pas vraiment et qui tâtonne dans un rock ballade folk presque niaiseux (je sais attirer le chaland, y'a pas à dire !). Leur deuxième album proposera un ensemble plus cohérent, une poitrine de femme nue et tatouée en guise de pochette (et une belle ballade avec de l'accordéon), mais c'est leur premier album - un flop total à l'époque - qui nous intéresse aujourd'hui. Des compositions plus simples, plus organiques, à l'ambition et à la construction plus directe... et un son de guitare (le solo de Try again notamment) plus croustillant que tout ce qu'ils feront par la suite (le mot "croustillant" étant à peu près à l'opposé total du son proposé ici). Les compositions sont agréables mais manquent de pureté ou d'un lyrisme touchant, l'aspect rock reste assez scolaire et aurait mérité davantage de grotesque ou d'agressivité pour remuer les tripes, le tout est donc un premier album prometteur d'un groupe qui finalement ne verra jamais le jour... et qui fut pour moi un des premiers moments purement "musical" de ma vie, l'un de ces albums qui font que l'on s'aperçoit que l'on écoute, que l'on est attiré par "un je ne sais quoi". Heureusement, il y en a eu des tas d'autres depuis, mais cet album revient régulièrement sur la platine, alors pourquoi pas le proposer ? Un disque qui permet de découvrir un autre Supertramp et d'imaginer ce qu'il aurait pu devenir.
YGGDRALIVRE (Merci d'avance pour vos commentaires !)



01 - Surely
02 - It's A Long Road
03 - Aubade And I Am Not Like Other Birds Of Prey
04 - Words Unspoken
05 - Maybe I'm A Beggar
06 - Home Again
07 - Nothing To Show
08 - Shadow Song
09 - Try Again
10 - Surely
MP3 (320 kbps) + artwork
Try again with BM190


mercredi 11 novembre 2015

LINK WRAY ~ Link Wray [1971]


Tout ça ne serait pas arrivé sans DBUK… Dernière pépite découverte ici et qui m’accompagne en ce moment. Leur titre : I Hid & seeked the funnel et son final "hippie indien" m’a donné envie de réécouter Link Wray. Un disque sorti en 1971 (mais quelle année !) en même temps que Sticky fingers, Hunky dory, What’s goin’ on, Every picture tells a story, Histoire de Melody Nelson, Teenage head, Imagine et tant d’autres merveilles… Il fut accueilli comme : "un album des Rolling Stones joué avec The Band" ! Pas mal, non ? Et c’est vrai qu’il y a du blues, du rock, du folk, du gospel mais, surtout, beaucoup de soul. Une voix éraillée par son asthme, des guitares qui pourraient sembler désaccordées, tant il triture les cordes pour en faire sortir ses mélodies hypnotiques... Et quel son ! Un rugissement de sorcier qu'il inventa en déchirant littéralement ses amplis pour obtenir ce grésillement électrique et sauvage. Ce son devenu caractéristique sera sa marque de fabrique (écoutez aussi son hit : Ramble). Et puis cette pochette! On dirait un indien [Link était d'origine Shawnees (n.d.J.J.)] dansant autour d’un feu en appelant les esprits (Juke Box mama) ou en fumant le calumet (Fallin’ rain). Encore un disque véritablement habité qui nous fait penser que Link Wray a probablement fait la même rencontre que Robert Johnson.
PidGi (Merci d'avance pour vos commentaires !)


01 - La De Da
02 - Take Me Home Jesus
03 - Juke Box Mama
04 - Rise And Fall Of Jimmy Stokes
05 - Fallin' Rain
06 - Fire And Brimstone
07 - Ice People
08 - God Out West
09 - Crowbar
10 - Black River Swamp
11 - Tail Dragger
MP3 (320 kbps) + artwork

mardi 10 novembre 2015

Pour la beauté du geste (feuilleton électrique) par Jimmy Jimi # 98


98. GHOST ON THE HIGHWAY [THE GUN CLUB]

   Au deuxième titre, le monde a déjà bien changé. Ce serait mentir d'écrire qu'on a l'impression d'être né sur les planches, mais on prend vite de l'assurance. On a de l'eau jusqu'au cou et comme on s'est aperçu que l'océan ne mordait pas, tout va considérablement mieux; la vilaine frousse s'en est allée se ravaler la frimousse en attendant patiemment le prochain concert...

   Nous continuâmes avec ce qu'Olympia et Isidore appelait notre tube...
   Dans un entretien demeuré célèbre, Jim Morrison, qui ne dédaignait pas les déclarations tapageuses, avait lancé à la face d'un journaliste interloqué : « Nous ne sommes pas des musiciens, nous sommes des politiciens érotiques. » La formule n'avait pas atterrie dans l’œil d'un sourd ! Il me semblait qu'elle méritait de se transformer en chanson. (Je ne résiste pas à l'envie d'ouvrir une parenthèse pour vous offrir une citation ressemblante et livrée par Christian Vander de Magma : « Je ne veux plus qu'on m'appelle musicien, je suis un combattant de la zeuhl. » !)

   J'introduisis le titre au bodhràn (tambour sur cadre joué avec un stick et fréquemment utilisé dans la musique irlandaise) avant d'être rejoint par la trompette d'Alphonse. Le reste de la troupe entra vaillamment sur le premier couplet : « Les singes se signent / Moi dans un jardin cruel / Elle dans un parc torturé / Et nous voilà piégés / Comme des oiseaux de malheur / Sous le regard des lunes ! » Jusque là (à l'exception d'un petit pas de danse frôlant dangereusement la bassine bouillante du ridicule), Richard fut parfait, mais il se retourna en gesticulant comme un affreux pantin désarticulé et grimaçant avant l'arrivée du deuxième couplet. D'abord, je crus qu'il nous offrait la suite de son étrange chorégraphie, puis je compris qu'il avait mangé le texte. Polina le fusilla du regard mais le manqua (de peu). Je saisi mon micro et braillai comme je pus : « Nous remplacerons l'ambition par des rêves / Nous remplacerons la honte par l'innocence. » L'honneur était sauf et notre ahuri se ressaisit sur le refrain. Hélas, le mal était fait. Les vielles douleurs ne rêvent que de se réveiller. Ma bouche collée à la grille du micro le temps de deux phrases naïves et les démons dansaient à nouveau sur le plafond. Je fus à deux doigts d'éventrer la peau de mon instrument, comme on déchire les photographies et les lettres d'amour d'une fiancée envolée. On s’accoutume trop vite, même brouillés par les ondes d'une oreille déficiente, entendre sa propre voix, ses propres mots résonner dans un micro peut s'avérer aussi dangereux que de respirer les fragrances empoisonnées d'un narcisse. Il était hors de question que je sorte de l'autoroute électrique en me laissant aspirer le jus de cervelle par la sérénade malsaine de quelque fantôme.


   Pendant une nouvelle salve d'applaudissements, Isidore m'aida à installer ma cymbale à archet pour le titre suivant...