lundi 7 décembre 2015

THE CHURCH ~ El Momento Descuidado [2002] & El Momento Siguiente [2007]


Les Oubliés du Dictionnaire du rock - Partie 4 

Cela fait plus d’un an que je veux vous parler de ce groupe, sauf que jamais je ne trouve les mots à la hauteur de ce qu’il mérite.  Pourtant, The Church est de loin le groupe que j’ai le plus écouté ces dix dernières années. Et si j’ai créé cette série des « oubliés », c’était uniquement pour eux. Oublié ? Oui, même quand on parle de groupes australiens, leur nom n’y figure jamais (tout comme celui d’Ed Kuepper). Oublié, même quand ils sortent, cette année, un disque (pas leur meilleur, il est vrai). Sans doute parce que beaucoup les assimilent à un simple one hit wonder avec leur merveilleux songe éveillé que fut Under the milky way. Sans doute également parce qu’ils n’ont pas connu leur Martin Hannett ou leur Nigel Godrich pour transcender leur travail… Et certainement aussi parce qu’ils n’ont jamais vraiment réussi le chef- d’œuvre dont on les sentait capables… Mais, surtout, parce que leur musique n’est pas de celle pour laquelle on a envie de se battre… Oui, il y a des groupes qui passent un peu à côté de leur histoire. Et les Church en font partie. Pour tout vous dire, j’ai longtemps partagé cette vision du groupe. Puis, j’ai découvert il y a dix ans qu’ils étaient encore très actifs, y compris à titre solo, là où tous les groupes de leur époque ont déposé le bilan ou produisent un maigre effort tous les cinq ans. En creusant davantage leur œuvre, j’ai alors découvert une vraie ferveur dans le pouvoir de la musique et, surtout, à défaut d’albums parfaits, de magnifiques chansons qui construisent, pierre par pierre, une véritable œuvre qui mérite une toute autre place que celle accordée au groupe. Les Church, c’est d’abord la voix de Steve Kilbey, bassiste et principal compositeur, une voix douce et grave, aux accents tristement souriants (ma définition à moi de la voix du séducteur). Puis une paire de guitaristes merveilleux qui se mettent au service de la créativité et de la musicalité plutôt que de la virtuosité. Et enfin, un vrai talent pour délivrer, sans en avoir l’air, grâce à des mélodies lumineuses et séduisantes, des chansons à l’équilibre souvent complexe. Voici donc deux albums qui constituent une sorte d’introduction idéale à leur monde, où le groupe revisite son répertoire de manière acoustique, avec quelques inédits de haute volée, et où le plaisir de jouer ensemble en devient palpable à chaque instant. Voyez les Church comme d’authentiques princes d’un registre doux amer, aux oscillantes lumières teintées des plus profonds bleu saphir et vert émeraude. Alors, croyants ou non croyants, venez avec moi dans cette Eglise, dans laquelle j’entre quand je ne sais plus quoi écouter et où j’aime délicieusement me lover pour écouter leur ode parfaite et nonchalante à l’imperfection de ce monde, toute blottie dans ce chamarré cocon fait pour rêver.
Audrey SONGEVAL (Merci d'avance pour vos commentaires !)




El Momento Descuidado : 
01 - The Unguarded Moment
02 - 0408
03 - Almost With You
04 - November
05 - Metropolis
06 - Chromium
07 - Sealine
08 - A New Season
09 - All I Know
10 - Till The Cows Come Home
11 - Tristesse
12 - Under The Milky Way
13 - Invisible
14 - Between Mirages
El Momento Siguiente :
01 - Wide Open Road
02 - It's No Reason
03 - Reptile
04 - Tantalized
05 - Electric Lash
06 - After Everything
07 - Song In The
08 - Two Places At Once
09 - Appalatia
10 - Bordello
11 - Pure Chance
12 - Grind
13 - North, South, East And West
14 - Comeuppance
MP3 (320 kbps) + artwork


22 commentaires:

nestor b a dit…

Salut Audrey. Je ne connais pas bien mais ton billet me donne vraiment très envie d'aller me recueillir auprès de ces deux disques. Merci donc et bonne journée !
Ps: rien à voir avec les Saints ?

nestor b a dit…

Et au passage : Très belles pochettes.

Jimmy Jimi a dit…

The Church a toujours œuvré dans l'élégance et la délicatesse, pas vraiment la came du rocker moyen. C'est bien dommage mais cela peut expliquer pourquoi certains les ont oublié. Je connais surtout les premiers albums. Il leur manque peut-être un petit soupçon d'originalité, mais quel beau déluge de mélodies. Merci pour ces deux disques dont j'ignorais l'existence.

Audrey a dit…

@nestor: n'hésite pas à me dire ce que tu en penses. Pour les Saintsz, à part l'Australie, non, rien à voir...

@Jimmy: Oui, ce ne sont pas des rocker, pourtant, ils sont capable de rocker, mais, du rock adulte plutôt que d'envoyer la sauce dans l'élan de la fougue de la jeunesse. Ils ont été associé au néo-psychedelisme et au Paisley sound americain, qui était un mouvement qui mettait en avant quand même les guitares façon Big Star &co dans des 80's très synthé.
Pour les situer, ils sont plus beatles que stones. Et entre Macca et Lennon, ils auraient clairement choisi Harrisson! Georges Harrisson est à mon sens l'une de leur grande influence avec Television, les Only Ones et Pink Floyd.
Plutôt que du rock binaire, ils ont un rock racé et élégant, je trouve.
Bref, j'ai rarement une raison de les écouter sauf que lorsque je les mets, j'en ai pour la journée. C'est le genre de groupe que je mets pour les grands trajets de voiture.

Keith Michards a dit…

C'est vrai que les pochettes sont superbes.
J'ai goûté et franchement, je n'ai pas accroché plus que ça. Et ne n'arrive pas à percevoir les influences dont tu parles (Beatles, Television, Pink Floyd ?!?!?).
C'est bien joué, c'est bien chanté, mais ça manque terriblement de peps. Mais je ne suis sans doute pas le plus apte à donner mon avis sur ce genre de musique.

Audrey a dit…

Salut Keith,

Il s'agit de version acoustique. Dans les versions studio tu as bien entendu plus d’électricité et de nerfs. Si tu veux, je proposerai un This is... sur ton blog avec leur travail studio. Y a plus de duel de guitares et des morceaux très atmosphériques et opiacés comme Invisible (Steve Kilbey a longtemps été addict à l’héroïne...)

Everett W. Gilles a dit…

Yo Audrey.
J'ai failli me laisser avoir, tu nous attaques pas de front, non, ton billet commence comme d'hab mais à mi-chemin tu bascules dans ... le prêche, ton texte est possédé, tu veux pas nous convaincre tu veux nous hypnotiser, nous embrigader ...
Mais je lutte, je lutte, d'abord moi les pochettes je les trouve pas belles et, et, et ... laissez-moi rentrer chez moi je veux pas y aller moi en Australie, à l'église non plus je veux pas y aller ... à l'aide !!

Audrey a dit…

- Docteur, y a un patient qui ne veut pas prendre ses pilules!!!
- Qui ça?
- Everett, Docteur.
- J'en étais sûre! Collez-lui un coup d'Electric Lash sur les fesses et mettez lui trois cachets de Grind. Et s'il fait le malin, un peu de Metropolis!

Le lendemain matin...
- Alors, ce patient récalcitrant, il devient quoi?
- Docteur, c'est horrible, il casse les oreilles des autres patients en chantant (très faux) Almost with you.
- C'est que le traitement a marché; Vous pouvez le laisser sortir qu'à la seule condition qu'il nous déniche un autre disque comme Dbuk!

Keith Michards a dit…

@ Audrey Songeval
Je viens de découvrir quelques versions électriques du groupe qui effectivement sont assez énergiques. J'ai aussi découvert qu'il avait une discographie "à rallonge".
Si tu es partante pour un This Is, c'est avec plaisir que je le publierai

Audrey a dit…

@ Keith: Cooool! je me sens mois seule dans mon église! Et à dire vrai, je comptais bien te proposer un This is. Oui, le groupe a une discographie qui commence à être lourde. 24 albums selon le calcul du groupe qui inclue ces deux albums de revisitage, les versions alternatives d'album, leurs albums de reprises. On va dire 15 "vrais" albums studio. Et sans doute une vingtaine d'album solo des différents membres.
En prenant les 3 ou 5 plus beaux gemmes de leurs disques, on arrive à une oeuvre très riche. Une vraie belle passion de la musique.

Keith Michards a dit…

Si tu te lances, fais-le moi savoir, je te préparerai une petite place dans mon cagibi.
C'est toujours un plaisir de découvrir des artistes dont je n'avais jamais entendu parler. Et un autre plaisir de leur offrir une tribune… aussi modeste soit-elle !

Everett W. Gilles a dit…

@Audrey : mes Pills je les prends régulièrement, ce sont les Dr Johansen et Thunders qui me les prescrivent et une R'n'R Nurse qui me les administre. Ca fait 30 ans que je les prends et je suis toujours pas accro (comme disait je sais plus qui à propos de la coke)
Je quitte de ce pas l'Institut mais ... je reviendrai !

Anonyme a dit…

yop, alors faudra me prévenir (je suis vieux) pour le partage d'un album plus électrique !
je ne connaissais pas et je trouve ça assez sympa, des ballades pas mièvres mais pas surchargées non plus, avec de jolies mélodies (c'est important la mélodie, la preuve beaucoup de mauvaise électro est mauvaise parce qu'elle oublie la mélodie...) c'est agréable !
comme je ne vois pas non plus le rapport à certaines influences je me dis que ça doit être dans leur musique z'électrique.
tu parles bien du groupe et tu sais donner envie ma chère Audrey (ça aide).
Juste un bémol de mon côté, je ne suis pas fan de la voix du chanteur.

Keith Michards a dit…

@ Audrey Songeval
Je viens de me procurer la discographie intégrale du groupe. Donc si tu as besoin d'un coup de main pour le This Is, n'hésite pas à me demander.

Audrey a dit…

Je me rends compte que ces deux albums accoustiques les montrent sous un jour trop sage (même si ce n'est pas un groupe turbulent on est d'accord). Elle présente l'avantage de balayer toute leur discographié, là où les compilations existentes s'arrêtent fin des 80's. Or la deuxième moitié de leur carrière a produit des disques moins riches que la première mais avec chacun quelques merveilles d'intelligence mélodique.

@ Keith: Je connais bien leur disco. J'hésite juste entre deux options: balayer large ou me concentrer sur la seconde période qui, elle, n'est pas balayé d'habitude par les compilations.Je sais que que l''option This is est justement de tout balayer.

@yggdravile: je mettrais ce soir un lien avec 1 ou 2 "vrais" albums. Comme je l'ai dit, je ne pense pas qu'ils aient de vrais chef d'oeuvre intégrale.
Tu parles de mélodies, mais il y a aussi une vraie ingéniosité dans leurs arrangements. Une dualité (ou une complémentarité) des deux guitares qui dépassent très souvent le duel rythmique/mélodie. Dans un même morceau, chacun est appelé parfois à jouer l'un ou l'autre rôle. D'ailleurs, quand on les interview, souvent, ils ne se rappellent plus qui joue quoi en termes de partition.
Tu parles de qualité des mélodies, mais, pour moi, c'est ce qui reste quand on a tout ronger. Elles doivent garder leur éclat quand tu te lasses du reste. Et crois-moi, pour les avoir ces dernières années écouter en boucle, dans chacun de leurs albums, ils trouvent l'étincelle sur quelques titres.

Ils ne sont pas des génies qui mettent l'auditeur à genoux. Ils font partie de ces attistes-artisans qui travaillent avec soin leur ouvrage. Je parlerais pour ma part d'une subtile alchimie. Et, accoustiques ou électriques, le groupe a toujours mis en avant les guitares, mais d'une manière toujours très pop et mélodiques.

Anonyme a dit…

Il y a des coïncidences. Il y a une semaine, je n'avais jamais entendu parler de The Church. Il faut dire que je ne me serais jamais précipité vers un groupe qui porte un nom aussi connoté. Les églises, très peu pour moi. Et puis j'aurais cru à un groupe de Christian Rock, et là non plus, je ne suis pas bon client.

Et puis il y a quelques jours, une amie de l'autre bout du monde m'a envoyé un lien YouTube de the Church. Et maintenant ton post, Audrey. Au début, on se dit qu'on a entendu ça 1000 fois, mais chaque morceau retient un peu plus l'attention. Il y a quelque chose dans l'instrumentation, la voix du chanteur, la production. Je me surprend à apprécier ce folk calme et raffiné comme quelqu'un qui n'aimerait pas les desserts mais qui se laisse quand même tenter par une petite tarte tatin.

Il n'empêche, c'est quoi ce nom, The Church ? Ça me rappelle une amie anglaise qui n'a jamais compris comment un groupe de rock, punk de surcroit, ait pu s'appeler "The Police" !

Zocalo

Keith Michards a dit…

@ Audrey Songeval
Tu connais mieux que moi ce groupe, donc tu es la patronne dans cette affaire !!!!! Peut-être que quelques titres de la première période pourraient montrer l'évolution musicale, et après une plus grosse partie sur la seconde période. Mais je me tais, je ne voudrais pas t'influencer.

DevantF a dit…

J'ai eu ma période avec surtout "The Blurred.." Cette période des années 80 où je me plongeais dans ces groupes au touché mélancolique sans être sombre. Un Mid-Tempo qui berçait gentiment.
J'avais dans ma musette des Aztec camera, des Lloyd Cole ... Ce fut ma façon douce de tourner le dos aux dépressifs destructeurs tel les Joy Division. Ensuite j'ai commencé à moins acheter de disques.
J'ai accroché bien plus tard au disque phare qu'est "Starfish" Et voici que tu nous parles de titres acoustiques. Peut-être davantage appréciable si tu connais les versions arrangées? On a beau faire, mais une fois qu'un titre nous est agréablement familier, sa version acoustique séduit, mais sans les arrangements les efforts sont plus importants, une impression de monotonie. Je vais prendre tes acoustiques et attendre le moment idéal d'écoute. En attendant, un THIS IS... JE vote pour

Audrey a dit…

@zocalo: Tu as exactement décrit l'effet que m'a fait les Church quand j'ai voulu les redécouvrir avec ton image des desserts. Moi non plus je ne sais pas pourquoi je fais une fixation dessus. Sauf que maintenant je sais que j'adore quand l’alchimie qu'ils proposent fonctionne, ils créent alors qui devient rare et précieux.
Pour le nom, tu as complètement raison. Encore un argument qui explique pourquoi il y a tant de malentendus autour d'eux (et qui perdurent).

@Devant: Pourtant il y a quelques versions très supérieurs aux originaux. Et je l'ai choisi aussi parce que leurs meilleurs albums ont souvent une production qui a vieilli.
Starfish a été aussi une éclaircie dans leur histoire. J'ai à ce sujet une petite théorie personnelle qui explique pourquoi ils n'ont pas vraiment percé dans la foulée: Kilbey a écrit son premier album solo en même que le successeur. Et paradoxalement, il l'a très peu produit, un peu à la manière de démos. Bref, sans mettre autant en valeur ses chansons qu'avec son groupe. Sauf qu'il contient 4 chansons qui font défaut dans Afternoon Goldfish qui a suivi à Starfish (qui n'a rien déquivalent à Under the Milky Way, alors qu'avec ses 4 magnifiques chansons, produits avec le soin qu'apporte le groupe à son travail, ils auraeient pu capitaliser). Et aucune de l'album des Church ne les valaient... Bref, comme s'il avait volontairement sabordé sa carrière solo avec le son de son LP solo et la carrière de son groupe en le privant de ses meilleures chansons...

Steve Kilbey est très prolifique. Il sort 1 à 2 disques par an soit en solo (dans l'indifférence totale, moi-même j'en connais très peu, pourtant il y a régulièrement de belles choses dessus) soit avec les Church... Je suis sûr que sin on réunissait les meilleurs des deux carrières sur un seul disque à chaque intervalle des disques des Church on aurait d'authentiques chefs d'oeuvre et une discographie encore plus magnifique, y compris sur les disques d'aujourd'hui.

DevantF a dit…

Maintenant que je suis à la maison, je note que j'avais déjà pris à la médiathèque le "El Momento Descuidado"
La chouette critique de Magic y était pour beaucoup
"http://www.magicrpm.com/el-momento-descuidado/"
mais c'est ta chronique qui me l'aura fait écouté avec ... tendresse. Car c'est ce que cet album inspire. "Under The Milky Way" Un peu comme quand Murat murmure ses chansons... Belle soirée, merci

Anonyme a dit…

Devant,
Je confirme pour ta comparaison avec Jean-Louis Murat.
Audrey, la semaine dernière, j'écoutais "Slaving Plantinum to Gold... The Gold Afternoon Fix demis"...
Jean-Paul

Audrey a dit…

@Jean Paul: je ne connais pas cette version. J'ai vu que c'était les démos. Pour ma part, la version de Grind que tu trouveras ici surpasse allègrement la version studio.