lundi 11 janvier 2016

ARTISTES DIVERS ~ Le Jazz D'Ici (Par Zocalo) [HMC. 2015]


A priori, le jazz, c'est comme les textes qui commencent par la formule "a priori", il n'y a rien de plus chiant. On imagine de vieux croûtons soufflant dans des instruments trop neufs pour eux et échangeant des sourires complices pour une subtilité musicale à laquelle on n'a rien compris. Et puis, c'est toujours la même chose : exposé du thème, solo obligatoire de tous les instruments en terminant systématiquement par le bassiste, passage obligé par des 4/4 convenus avec la batterie, et on finit dans le désordre le plus complet après le rappel du thème. On se souvient des interminables jam-sessions du Festival d'Antibes-Juan les Pins filmées par Jean-Christophe Averty et qui passaient à la télé à une heure du matin. Oui, mais le jazz, c'est aussi la musique la plus ouverte à toutes les influences du globe. Né sur le continent américain de la rencontre de musiques provenant de deux autres continents, il a gardé ce goût pour les métissages les plus improbables. Oui, mais le jazz, c'est la musique qui est allé le plus loin dans la liberté la plus effrénée, se libérant de toutes les contraintes mélodiques, harmoniques et même rythmiques. Cette liberté totale, aucune autre musique au monde ne peut la revendiquer aussi légitimement. Oui, mais le jazz, malgré son formalisme apparent, ce n'est jamais la même chose. Et même les vieux podagres du Festival d'Antibes-Juan les Pins n'ont jamais rejoué deux fois la même chose en reprenant pour la millionième fois ce vieux thème de Stardust après soixante ans de carrière. Ce florilège n'est qu'une pâle illustration de ce que le jazz d'ici possède de multiforme, d'inattendu, de choquant. Vous allez détester quelques morceaux, sinon, c'est que j'ai raté ma sélection. Ah oui, j'oubliais, j'ai pris la liberté de déborder un peu de nos frontières, il aurait été dommage de se priver de l'inventivité et de l'humour de ces deux groupes suisses-allemands, Schneekonig et Badabum. Et, une fois n'est pas coutume, l'intro et l'outro sont dans la parfaite continuité des autres morceaux.
ZOCALO (Merci d'avance pour vos commentaires !)



01 - Intro
02 - Schneekonig - Electric Bubble Dance
03 - Magic Malik - Montreuil Market
04 - N'Diaz - Départementale
05 - Erik Truffaz - King B
06 - Mino Cinelu - Confians
07 - Le Bruit Du (Sign) - Miam Panda
08 - Julien Loureau - Conrod
09 - Renaud García-Fons - Aljamiado
10 - Henri Texier - Mucho Calor
11 - Michel Portal - Sons Mélés
12 - MMM Quartet - Part Two
13 - NoJazz - Higher State
14 - David El-Malek - Antiochus IV
15 - Electro Deluxe - Between the Lines
16 - Mélina Tobiana - L'anniversaire
17 - Ibrahim Maalouf - They Don't Care About Us
18 - Olivier Temime - Purple Dream Snook
19 - Badabum - Yeah, Yeah
20 - Ursus Minor - Qui Avance
21 - Fred Pallem & Friendz - Une De Perdue, Une De Perdue
22 - Ces Messieurs - CLTDCDC
23 - Outro
MP3 (320 kbps) + front cover



21 commentaires:

Arewenotmen? a dit…

La compilation que j'aurais pu (du ?) faire ! Bravo ! Evidemment très partiel tant le jazz hexagonal est riche et créatif (pas à la traine des anglo-saxons, comme souvent le rock d'ici), mais plein de noms que je ne connais pas. Je vais goûter avec curiosité et gourmandise...

Et l'hécatombe continue... en apprenant la mort de Ziggy, je me suis sentir aussi mourir un peu...

Anonyme a dit…

La disparition de David Bowie est cruelle et injuste. 69 ans, c'est beaucoup trop tôt.

Des compiles de jazz, on peut en faire des centaines. J'aimerais bien écouter la tienne, Arewenotmen.

Zocalo

Arewenotmen? a dit…

Beau texte en sus...oui ,le jazz c'est la plus haute exigence ET une folle liberté !
Rien qu'une compilation sur les pianistes français serait richissime...

Everett W. Gilles a dit…

Yo !
Pas ma tasse de thé le jazz mais je suis sûr que ta compile est à la hauteur de ton beau texte.
La liberté est-elle plutôt liée à un genre ou à des individus ?
Y a sûrement des jazzeux convenus, Waits et Bowie se sont-ils souvent restreints ?
Le dernier morceau de jazz que j'ai écouté (et ça faisait longtemps) c'était sur YT le groupe que Bowie, justement, était allé chercher dans un club à NYC pour jouer sur son disque. J'ai pas vraiment aimé.
Je sais pas pourquoi je m'égare. Ca fait chier.

Anonyme a dit…

Egare-toi Everett, on est là pour ça ! L'après 1968 a été propice à un affranchissement de toutes les contraintes, dans tous les domaines et notamment artistique. Dans la musique, le rock, encore trop jeune, n'a pas vraiment saisi l'opportunité, contrairement au jazz et à la musique contemporaine. C'est là qu'on a vu (je vais en oublier !!!) l'Art Ensemble of Chicago, qui a déstructuré la mélodie, mais pas le rythme, Ornette Coleman, bien sûr, il a même été un précurseur, Coltrane dans ces dernières années, et chez nous Michel Portal, les musiciens lyonnais de l'Arfi, Daniel Humair, etc.... Portal est allé très très loin dans cette démarche.

Zocalo

Anonyme a dit…

@Arewenotmen. Super idée que cette compile sur les pianistes français. Martial Solal, Manuel Rocheman, JM Machado... Perso, j'y ajouterais Joachim Khun, qui est allemand mais qui a tant apporté au jazz français, et il faudrait m'attacher pour que je n'y mette pas François Lindemann qui n'a presque jamais joué en France, mais que j'adore. Et mon préféré, Jean-Pierre Mas. J'ai un vinyle, un duo avec Cesarius Alvim, tu te souviens ? Tu te lances ?

Zocalo

Audrey a dit…

Compil' fort bien venu pour moi qui ai envie de sortir du format rock ces derniers temps.

Bowie, je crois que c'est celle qui me touche le plus, avec celle de Bashung...

Pierre BOULEZ est mort également il y a quelque s jours et pas grand monde en a parlé. Je ne connais pas son oeuvre de compositeur, mais j'aimais beaucoup son travail de chef d'orchestre. J'ignore si ça venait de lui parce que je ne connais pas assez le classique pour ça, mais à chaque fois qu'il était à la baguette, je m'y retrouvais.

Mais on est là pour parler de jazz. C'est vrai que l'approche du musicien de jazz me sidère toujours. On est face à de vrais musiciens, à une osmose, et où le compositeur a quasi un rôle secondaire, et c'est ce qui, à mon sens, tranche le plus avec le rock. Et, au départ, ça me dérangeait parce que ma porte d'entrée habituelle est tournée sur le compositeur. Donc tu as tout à fait raison de parler de liberté. C'est cette liberté dans l'interprétation que j'ai appris à apprécier gràce au Jazz.

Arewenotmen? a dit…

Oui Audrey, Pierre Boulez est parti et c'est une perte immense. Je l'avais mentionné dans un commentaire et France Musique lui a rendu un très bel hommage durant deux jours (tu peux aller consulter le dossier et écoutezr des concerts sur le site internet). J'ai pu assister à quelques uns de ses concerts et en garde un souvenir impérissable. Ses enregistrements de Debussy sont merveilleux de fluidité, de transparence. Et son oeuvre propre était emprunte de sensualité, contrairement à ce que disent ceux qui ne l'ont jamais vraiment écouté. Et puisqu'on est là pour parler jazz, Boulez détestait le jazz et a pu déclarer que Bill Evans, c'était de la "musique de cabaret"... personne n'est parfait ! Il a cependant conduit des oeuvres de Frank Zappa. pas du jazz, certes, mais...
Très content de ne pas être seul ici à penser à lui !

Arewenotmen? a dit…

Evidemment, pour BFMTV, Boulez, pas de quoi en faire un "direct live" ...

Audrey a dit…

Moi j'aime beaucoup ce qu'il a fait sur Ravel.

Anonyme a dit…

Je ne peux pas lui donner tort à Pierre Boulez. D'une certaine façon, Bill Evans, c'est de la musique de cabaret. Ou du moins de club. Il existe un Live de Bill Evans au Village Vanguard où l'on entend une spectatrice, sans doute un peu pompette, qui éclate de rire au milieu d'un morceau. A deux pas de Bill Evans, elle ne l'écoutait pas !

Mais en quoi la musique de cabaret démériterait t-elle face à celle de Boulez ? En quoi le jazz, né dans les bordels de la Nouvelle-Orléans, serait-il inférieur à la musique de Pierre Boulez qui a eu le plus grand mal à sortir des laboratoires de l'Ircam ? Existe t-il vraiment des musiques méprisables à l'envie et d'autres élitistes à un point tel qu'elles n'existeraient pas sans les subsides gouvernementaux ? Vaste question, d'autant plus que le jazz lui aussi ne vit parfois que de subventions publiques (ONJ, Vienna Art Orch...).

Pour la compile de Pierre Boulez, je vote pour. Comme Audrey, j'ai pas mal de disques de Boulez comme chef d'orchestre, mais hélas, aucun comme compositeur.

Zocalo

musicyoucan a dit…

Le talent ce chef d'orchestre de Boulez ne l’empêche pas d'être méprisant envers d'autres artistes, comme avec le grandissime Bill Evans.
Après Frank Sinatra qui détestait le Rock and Roll, on voit que même en musique le manque d'ouverture et le mépris touche aussi les artistes. Les compositions de Boulez sont à mon humble avis très arides et beaucoup plus confidentielles que les interprétations pianistiques de Bill Evans. Je reconnais à Pierre Boulez sa connaissance encyclopédique de la musique et ses qualités pédagogiques à faire aimer la musique, y compris la partie théorique, et c'était un très grand chef d'orchestre. Paix à son âme ainsi qu'à celle de David Bowie et de tous les trop nombreux artistes décédés récemment.

Arewenotmen? a dit…

Vous pourrez trouver l'intégrale des oeuvres de Pierre Boulez ici :
http://musicisthekey2.blogspot.fr/2016/01/pierre-boulez-1925-2016-complete-works.html
et là :
http://radiomelasudas-beaumarchais.blogspot.fr/2016/01/pierre-boulez-complete-works-13-cds.html

Lt. Fontaine a dit…

Une compilation qui m'intéresse au plus haut point, d'autant qu'en jazz mes lacunes sont immenses et que plusieurs noms me sont tout simplement inconnu parmi les choix composant l'ensemble.
Merci !

Jimmy Jimi a dit…

Merci, Zocalo, pour ce très joli programme qui m'aide à endurer le départ du beau David.
Un florilège de toutes les couleurs qui ne ferait pas plaisir à Marine et sa clique!

Keith Michards a dit…

Moi aussi, je suis triste après l'évasion du Major Jack Celliers !

Anonyme a dit…

une superbe compilation (y'a du renaud garcia-fons ! y'en a pleins d'autres mais j'adore ce que fais ce monsieur :) ) !
variée et jeune, avec des morceaux assez courts...
bref, on en demanderait plus encore :)
comme je pars en voyage à durée indéterminé (je change d'opérateur ^^) je profite de ce florilège pour vous dire à très bientôt (ou à un peu moins bientôt).
et merci de ces choix !

Anonyme a dit…

Opération à haut risque, en effet Yggdralivre. En attendant, tu as gardé ton modem 56k ?

Zocalo

nestor b a dit…

Merci Zocalo, je découvre plein de belles jozzes !

Pascal GEORGES a dit…

hello,

entre les commentaires partant sur boulez et bowie et le contenu de ce parfait résumé sur le jazz tant "vu par" que "vécu par" ou encore "ressenti par" - y'a de quoi dire.
le jazz hexagonal est une scène effectivement très riche et très vivace.
il peut à la fois être dans les clous des premiers archétypes cités (mais qui ne restent qu'archétypes car effectivement les codes de jeu n'empêcheront jamais la liberté d'expression), se frotter à la world, l'électro mais aussi la totale liberté sans pour autant être dans le seul chemin du free, l'écrit savant (solal BB), la déviance funky (chute libre, cortex) fusion (fusion, justement avec vander, lockwood, top et wideman) jazz rock (spheroe), l'axe compositionnel pur (maimone)... et puis, et puis, etc, etc...

j'ai les deux volumes real books : le livre du jazz en France et real book du jazz français).
ce sont des mines d'or tant au niveau d'un répertoire véritablement édité et supervisé par les compositeurs eux mêmes que de par l'approche de l'écriture de cette musique qui est, en comparaison à l'écrit et les progressions harmoniques et conceptuelles américaines totalement identitaire. ça m'est aussi un super outil pédagogique.
par tradition ouvrir un real book commun américain et puiser dans les poncifs usuels est presque aisé et avec les pentas dans les doigts et quelques doriens plus une culture et de l'oreille on en sort de la matière...
là c'est "autre chose", le jazz "français" use de référents qu'il faut chercher aussi dans l'axe classique et donc écrit contemporain. c'est bien captivant que tout cela et n'ôte pas justement pour autant que l'on puisse y accrocher avec autant d'aisance ou de difficulté (selon les projets) "qu’ailleurs", reste comme c'est si bien présenté ici à prendre vraiment en compte notre scène hexagonale jazz comme merveilleusement créative.

une seule compil a dû être un casse tête...
il y a tant et tant à présenter en hexagone.
(triphase, maimone, codjia, ornicar, lelann, anachronic jazz band, pilc, de bethmann...pff, la liste est trop longue...).
en tout cas, bravo d'avoir su le faire et parler aussi bien d'un de nos axes culturels hexagonaux majeurs.
boulez, on verra plus tard...
ou ici http://lifesensationsinmusicii.blogspot.fr/2016/02/pierre-boulez-26-mars-1925-montbrison.html
et bowie y'a eu un droit légitime également.

à bientôt.

Pascal GEORGES a dit…

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