mardi 22 mars 2016

Pour la beauté du geste (feuilleton électrique) par Jimmy Jimi # 108


108. IN A BROKEN DREAM [PYTHON LEE JACKSON]

   Je n'avais encore jamais vu les bedonnants compères aussi sans gêne et bavards. Le premier s'affala au pied de mon lit (manquant d'y écraser mon cher vieux Paddington en peluche), pendant que le second s'asseyait en tailleur, sans avoir pris soin de retirer ses chaussures, dans la magnifique Ball Chair que mes parents m'avaient offert pour mon dernier anniversaire.
   « Mon collègue, ici présent, trouve votre style particulièrement lyrique et élégant ; personnellement, j'aurais tendance à le juger un peu trop maniéré, ce qui, si je peux permettre au vu de votre sujet, ne fait pas trop « rock'n'roll attitude » ! [Rire gras]
   – Moi, ce qui me dérange, reprit l'autre, ce sont tous ces passages que je trouve assez peu crédibles : cet ami qui vous fait cadeau d'un carton rempli de disques (rien que des chefs-d’œuvre, bien évidemment !) trouvés dans les tiroirs d'une commode Louis XV ; votre atterrissage dans le décolleté d'une fille sublime qui vous entraîne, aussitôt, et comme par magie, dans son lit ; ce spectateur qui possède des dons de voyance et prévoit le pire avec votre chanteur (celui-ci, vous devriez vous en méfier, c'est vrai, je le vois bien s'enfuir avec votre Olympia) ; j'en passe et de plus loufoques. » [Rire alcoolisé]

   Et venir troubler mes rêves, la veille du bachot, pour critiquer un livre que je ne commencerais à écrire que plusieurs décennies plus tard (oubliant, au passage, de me réclamer leur fichue liste pour leur satané île déserte) était-ce tellement plus crédible ?! Ce que je préfère, en littérature, c'est quand l'auteur construit des labyrinthes avec des miroirs déformants, et qu'il s'arrange si bien pour égarer le lecteur, que celui-ci n'en est plus à se demander ce qui est crédible de ce qui l'est peut-être beaucoup moins. En même temps (et je n'écris pas cela pour justifier quelque transposition), la vie m'a maintes fois prouvé qu'elle savait faire les efforts nécessaires pour s'habiller d'incroyable afin d'être à la hauteur des esprits les plus délirants. (Enfermons-nous un bref instant entre les bras chaleureux de cette parenthèse. J'ai pensé à un exemple (parmi des millions) qui pourrait vous plaire : tous les biographes semblent d'accord sur ce point : notre vieil ami Thomas Edison, génial inventeur du phonographe (entre mille autres bricoles) était plus sourd que Beethoven ! Posez un bibelot à moitié aussi dingo au milieu d'un roman et vous allez voir ce que vous allez entendre (j'adore cette surprenante expression) : « Ouais, cette bonne blague, et pourquoi pas un opéra (rock !) sur un champion de flipper aveugle, sourd et muet, pendant qu'on y est ! »)

   A mon réveil, et donc à trois heures de l'examen (j'ignore (et je me moque un peu de savoir) si le lecteur pourra trouver la chose crédible ou non), ma première préoccupation fut de chercher ma pile de listes dans mon secrétaire au cas où la Brigade de l'Ile Déserte reviendrait à la charge !

   J'ai toujours possédé une mémoire très sélective, je pourrais encore vous décrire la superbe chemise que portait Jean-Robert Jouvenet (vous vous souvenez sans doute du groupe Extraballe ou de son passage éclair chez les Dogs), le jour où nous fîmes sa première partie, mais mes souvenirs du bac se résument au moment où nous nous retrouvâmes devant le fameux panneau des résultats et où j'appris qu'on m'avait accordé la mention « assez bien »...
   Les effusions furent de courtes durées. Sept années défilèrent en accéléré au fond de nos pupilles troublées. A la prochaine rentrée, chacun devrait regagner sa faculté respective sans le soutien des autres. Le cuir de nos blousons se pris un sacré coup de patine.




15 commentaires:

Arewenotmen? a dit…

@ Doir Nésir (abd whoever it may concern)
si tu m'entends... j'ai oublié deux références de Masabumi Kikuchi. Repasse d'ici fin de semaine sur le billet correspondant, tu y trouveras des liens.
Pour le reste... je prends le temps de lire et je reviens.

Keith Michards a dit…

Quand tu écris : « l'auteur construit des labyrinthes avec des miroirs déformants… », tu ne serais pas en train de nous préparer psychologiquement à une suite chaotique de cette impétueuse série ?!?!?

Arewenotmen? a dit…

Ben j'suis paumé là...

Jimmy Jimi a dit…

Hello Keith,
Ce sera certainement chaotique, mais pas forcément dans le sens où tu l'entends...

Hi Arewenotmen?,
As-tu besoin que je te remette dans le sens de la marche?

Audrey a dit…

On a l'impression d'un petit retour aux sources de ce qu'était ton roman. On retrouve les deux lascars de la BID (ce qui est marrant, c'est que tu n'as même pas à les nommer, à peine tu commences ta phrase, rien dans le choix de tes mots et le ton que tu emploies on les identifies).
Tu y mélanges le rêve et la réalité, les fantasmes et également une sorte du mise en abime de ton propre récit puisque la BID se met à critiquer ce qui t'arrive, comme s'il s'agissait d'un livre, comme si la "réalité" devenait imaginaire.
De plus, la forme que tu emploies, avec les digressions et les nombreuses parenthèses renforcent la confusion de ce qu'on lit. Quand je dis "confusion", ce n'est pas négatif, mais j'y vois une sorte de jeu de ta part. D'ailleurs, je note aussi que la BID te ressert des remarques que je t'avais faites, c'est pas gentil de m'obliger à me retrouver dans la peau des gros bides de la BID! ^-^
Il y a là une forme de fantaisie et d'absurde qui m'ont rappelé Frédérique DARC (heu.. San Antonio si vous préférez) car lui-même était assez porté sur les points d'exclamation, les hyperboles à la Céline, l'humour plus débridé en plus.

Par contre, jamais entendu parlé de Python Lee Jackson... Mais Broken Dreams va très bien sur ce texte.

Jimmy Jimi a dit…

Hello Audrey,
Plutôt que de m'étendre sur le passage du bac, j'ai trouvé plus amusant de faire intervenir la B.I.D. et de répondre à quelques commentaires que tu m'avais adressés. J'y ai mis un maximum d'informations sur toutes les variantes qui peuvent composées mon récit. Mais il y en aura bientôt de nouvelles.

Arewenotmen? a dit…

Ben, je suis peut-être fatigué, mais je trouve qu'il y a beaucoup et peut-être un peu trop de choses dans cet épisode...

DevantF a dit…

Ha ha ha ha... je crois avoir vu/lu la fin du prisonnier. Dans ton cas ce n'est pas fini mais si tu évoques miroir et labyrinthe, moi j'y ai trouvé dans une moindre mesure l'usage des renvois dont on ne sait plus revenir (Danielewski et sa "maison aux feuilles). Ça passe dans le style feuilletonesque et le temps entre deux lectures, j'ai un doute sur une lecture tendue, sans l'interaction des commentaires des épisodes précédents.
Et je radote, mais la BID était une promesse non tenue, et leurs apparitions ne changent rien à ma frustration. Un moment j'ai cru à un scénario pour Tim Burton (qui s’essouffle) mais j'évoque les tout début... c'est loin maintenant.

Jimmy Jimi a dit…

Hola Arewenotmen?,
J'ai chargé, ici, parce que je veux bientôt vous envoyer ailleurs...

Hello Devant,
Je n'ai pas encore écris mon dernier mot au sujet de la B.I.D. J'espère que ça te plaira le moment venu.

nestor b a dit…

bien bien bien super extra méga bath ! Ou comment rentrer à l'intérieur d'un oeuf de moineau sans abimer la coquille quand on est un bébé mouette qui tombe d'un avion sans aile avec un parachute troué ? C'est simple ! La solution est de lire ce chapitre en écoutant Tommy, allongé sur un passage piéton sans gilet fluo aux heures de pointe. Ce que j'écris a l'air d'être une critique malveillante, c'est tout le contraire. Bravo ! L'imagination au pouvoir ! Il est interdit d'interdire ! ouh là je m'égare ... mais quand même, si c'est ça la chienlit, j'en redemande, surtout si Louis XV, Edison, Beethoven et Extraballe nous font le plaisir de jouer au poker tous ensemble, tous ensemble, ouais, ouais ..

Jimmy Jimi a dit…

Hi Nestor,
Merci pour ce long cri enthousiaste!

Anonyme a dit…

j'aime bien, les jeux sur les parenthèses (d'ailleurs c'est toujours intéressant d'essayer de faire des phrases à échos, des périphrases à sa propre pensée pour embrouiller l'éclaircissement).

pouce vert ^^

Everett W. Gilles a dit…

Oui mais bon, avec tout ça on sait toujours pas qui a inventé l'eau tiède hein ...
Le plus taré dans tout ça c'est que si tu t'arrêtais là je trouve que ça ferait une bonne fin.
Mais si t'as prévu autre chose surtout n'hésite pas !!

Jimmy Jimi a dit…

Hello Yggdralivre,
J'adore me perdre dans les phrases de Proust où il use de tout le magnifique arsenal de la ponctuation, avec une préférence pour la parenthèse dans la parenthèse avec tiret en soutien!

Hi Everett,
C'est pas mal essayé, mais tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement!

Anonyme a dit…

moi du mo/ment que tu ne tombes pas dans derida pour nous des-rider... tu peux y aller !