mardi 29 mars 2016

Pour la beauté du geste (feuilleton électrique) par Jimmy Jimi # 109


109. SEASON OF THE WITCH [DONOVAN]

   Le mois de juillet fut éclatant dès les toutes premières lueurs du jour. Les rayons doux d'un haut soleil me réveillèrent et les révisions, le bac, les cauchemars, tout s'était volatilisé dans les méandres de la nuit. Il y a des matins si délicieux qu'un disque n'est même plus nécessaire pour aider à se mettre tranquillement en marche. Bon, après vingt secondes de réflexion, je me dis, qu'après tout, un Dusty in Memphis ne risquait guère de briser l'harmonie !

   Heureusement que l'on garde toujours une infime part d'innocence, sinon on étoufferait sous les cris d'orfraie de la paranoïa... Bientôt, le calendrier ne saurait plus à quel saint se vouer, et un hiver de glace s’installerait pour les siècles à venir. Les bains à la violette se seraient-ils laissés respirer avec plus de bonheur, si j'avais su que la délicate fleur était en voie d'extinction ? Au mieux, j'aurais essayé de gonfler davantage mes poumons et de forcer ma mémoire, mais quelques larmes suffisant à faire déborder un réceptacle d'amour et à convoquer les averses, cela n'aurait que précipité la fin...

   Quelque part à l'ouest hideux de nulle part, au fond d'une grotte secrète, « le Monstre » touillait lentement une vieille marmite dégueulasse, pendant que le Malin se masturbait dans l'ombre. L'odeur putride et les psaumes inversés auraient du dégouliner jusqu'à nous, seulement, il faisait trop bon en ce début d'été.

   Le mois d'août fut pluvieux dès notre arrivée à Margate, mais ça n'avait aucune importance puisque c'était de la belle et bonne pluie anglaise, de celle qui fit pousser nos idoles et les aida à se conserver au mieux. (Il y aurait un lourd volume à écrire sur les rockers anglais partis se faire cramer le cerveau et dissoudre le talent sous le soleil californien.)
   Notre première sortie nous emmena vers les falaises de Cliftonville. Cette magnifique hauteur plantée au sud du pays nous donnait l'impression d'admirer toute ltendue de notre Angleterre chérie.
   « Si notre chanteur avait daigné nous accompagner, dit Polina, nous aurions pu faire une tournée des pubs de la région.
   – Je crois que Richard a son petit monde à lui, répondit Cyril, et que nous devons le respecter. »

   « Richard et respecter », voilà un sujet et un verbe dont nous n'avions pas fini d'entendre siffler les dissonances. En attendant, dans son là-bas immonde, « le Monstre » ajoutait des yeux d'enfants fous et de l'urine de singe au fond de son peu ragoutant ragoût de sorcière. Les falaises n'étaient pas suffisamment hautes, seul, peut-être, notre spectateur médium du Gibus put le voir dans sa boule de cristal ou dans les cartes de son jeu de Tarot.

   Quand je ferme les yeux en pensant à notre dernier été, je revois Olympia dansant au bord de la falaise. A tout moment, on dirait qu'elle va s'envoler...

   Il vaut mieux ne jamais dire adieu aux gens comme aux paysages, ça laisse toujours un espoir – aussi ténu soit il.




14 commentaires:

Arewenotmen? a dit…

Et voilà que s'exhale à nouveau l'enivrant parfum d'Albion...

Jimmy Jimi a dit…

Pour la "presque" dernière fois...

Arewenotmen? a dit…

... ce parfum tout à la fois doux et capiteux se révélera t'il être un poison ?

Keith Michards a dit…

Je sens qu'il va se passer quelque chose de grave

Audrey a dit…

Une séquence comme hors du temps après la longue ivresse de ce premier concert.
En tout cas, le style est très différent des autres chapitres, plus littéraires et soignés, avec également une vraie note nostalgique, presque amère, comme si le rêve était fini. Un texte où on sent comme un funambule qui ne sait où il va, avec cette émotion indicible et pleine de retenue comme seul fil pour le guider.
Par contre, j'avoue ne pas avoir compris cette métaphore du Monstre... C'est le chanteur? Une allusion à un chapitre passé? Une hyperbole?

Jimmy Jimi a dit…

Hi Arewenotmen?,
Le poison se fait touiller dans la marmite...

Hola keith,
ça se pourrait, mais il reste encore quelques chapitres pour respirer...

Hello Audrey,
C'est presque ça, le rêve n'est pas tout à fait terminé, mais on s'en approche.
Oui, j'ai déjà évoqué "le Monstre", nom qui est en rapport avec ce qu'il va devenir. Je ne me souviens pas d'avoir clairement écris qu'il s'agissait du chanteur, mais tout le monde le sait depuis plusieurs chapitres.

Everett W. Gilles a dit…

Bon moi j'ai rien compris ... à part l'allusion à Rod Stewart parti se cramer le cerveau et les cheveux, c'est bien ça ?

Anonyme a dit…

un peu de soleil, d'embrun... une carte postale en guide d'ellipse... et l'ombre de la mélancolie qui guette.
bref... un peu épisode qui fait craindre.atteindre le pire (après le meilleur.concert)

Jimmy Jimi a dit…

Hello Everett,
Je comprends que tu n'aies gardé que le meilleur, hélas, la liste est longue...

Jimmy Jimi a dit…

Hi Yggdralivre,
Tu y es presque, mais pas tout à fait...

DevantF a dit…

J'ai l'impression de lire un mélange de Macbeth et de "à nous les petites anglaises". J'ai trop de respect pour le "malin" pour l'imaginer se masturber... Je le verrai bien s'occuper de ton "monstre" ça oui...
Voilà bien un mélange de genre où le gagnant, le dominant reste ce "mal" qui observe le bonheur des "enfants" Car après tout, les revoilà enfants...
Attention, le "monstre", ne déçoit pas le lecteur assoiffée d'horreur... ha ha ha ...

nestor b a dit…

Je n'ai pas tout compris non plus des images du monstre et du malin mais je me suis gentiment laissé porter par cet épisode onirique et presque vivaldesque, alors chapeau JJ, et merci. Et puis je n'ai pas pu m'empêcher de fredonner (grâce à ton titre) cette chanson : Dis-nous Dylan (5 gentlemen) !

nestor b a dit…

Je n'ai pas tout compris non plus des images du monstre et du malin mais je me suis gentiment laissé porter par cet épisode onirique et presque vivaldesque, alors chapeau JJ, et merci. Et puis je n'ai pas pu m'empêcher de fredonner (grâce à ton titre) cette chanson : Dis-nous Dylan (5 gentlemen) !

Jimmy Jimi a dit…

Hello Devant,
Tu ne te trompes pas beaucoup pour "A nous les petites anglaises", tourné à Ramsgate, soit la ville voisine.
Pour le reste, le "malin" se masturbe de plaisir de voir ses projets si bien préparés.

Hi Nestor,
Il y a plusieurs chapitres où j'évoque ce "Monstre" qui prépare lentement son crime. J'espère que tu comprendras mieux en lisant la suite.